Fragment Conclusion n° 2 / 6  – Papier original : RO 483-1

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Conclusion n° 369 p. 185 / C2 : p. 217

Éditions de Port-Royal : Chap. VI - Foi sans raisonnement : 1669 et janvier 1670 p. 50  / 1678 n° 1 p. 52

Éditions savantes : Faugère II, 232, XXV / Havet XIII.9 / Brunschvicg 470 / Tourneur p. 296-2 / Le Guern 358 / Lafuma 378 / Sellier 410

 

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal

 

Chap. VI - Foi sans raisonnement : 1669 et janvier 1670 p. 50  / 1678 n° 1 p. 52

       

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. janvier 1670 1

Transcription du manuscrit

 

 Si j’avais vu un miracle, disent quelques gens, je me convertirais. Ils ne parleraient pas ainsi s’ils savaient ce que c’est que conversion. Ils s’imaginent qu’il ne faut pour cela que reconnaître qu’il y a un Dieu, et que l’adoration consiste à lui tenir de certains discours tels à peu près que les païens en faisaient à leurs idoles. La conversion véritable consiste à s’anéantir devant cet Être souverain qu’on a irrité tant de fois, et qui peut nous perdre légitimement à toute heure ; à reconnaître qu’on ne peut rien sans lui, et qu’on n’a rien mérité de lui que sa disgrâce. Elle consiste à connaître qu’il y a une opposition invincible entre Dieu et nous, et que sans un médiateur il ne peut y avoir de commerce.

 

 

Si j’avais vu un miracle, disent‑ils, je me convertirais. Comment assurent‑ils qu’ils feraient ce qu’ils ignorent ? Ils s’imaginent que cette conversion consiste en une adoration qui se fait de Dieu comme un commerce et une conversation telle qu’ils se la figurent. La conversion véritable consiste à s’anéantir devant cet être universel qu’on a irrité tant de fois et qui peut vous perdre légitimement à toute heure, à reconnaître qu’on ne peut rien sans lui et qu’on n’a rien mérité de lui que sa disgrâce. Elle consiste à connaître qu’il y a une opposition invincible entre Dieu et nous et que sans un médiateur il ne peut y avoir de commerce.

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

 

Commentaire

 

Les éditeurs ajoutent au texte original une comparaison  des « gens » (dont ils ne précisent pas l’identité, pas plus que Pascal, mais qui sont les incrédules et les libertins) avec les païens idolâtres.

Souverain remplace universel, qui est moins clair. Souverain être est une expression ordinaire pour désigner Dieu. Universel est moins courant et prête à confusion (la formule pourrait tendre au panthéisme).