Fragment Divertissement n° 3 / 7 – Papier original : RO 125-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Divertissement n° 185 p. 53 / C2 : p. 75-76

Éditions savantes : Faugère II, 176, III / Havet I.11 / Brunschvicg 469 / Tourneur p. 205-2 / Le Guern 125 / Lafuma 135 / Sellier 167

 

 

 

Je sens que je puis n’avoir point été, car le moi consiste dans ma pensée. Donc moi qui pense n’aurais point été, si ma mère eût été tuée avant que j’eusse été animé. Donc je ne suis pas un être nécessaire. Je ne suis pas aussi éternel ni infini. Mais je vois bien qu’il y a dans la nature un être nécessaire, éternel et infini.

 

 

 

Ce fragment est étrange à plusieurs titres.

En premier lieu à cause de sa situation : à première vue, rien ne semble l’associer aux autres textes de la liasse Divertissement, où il n’est nulle part question de l’origine métaphysique de l’homme, ni de l’existence d’un être éternel.

En second lieu, du fait qu’il semble que le raisonnement appartienne au genre des preuves métaphysiques, à l’égard desquelles Pascal dit ailleurs sa méfiance, en raison de leur inefficacité. La raison d’être d’une telle preuve dans Divertissement en est d’autant moins évidente.

En troisième lieu, le raisonnement lui-même présente des caractères surprenants, ne serait-ce que par  la coexistence d’un appareil logique quasi ostentatoire et d’une conclusion apparemment arbitraire.

Cet embarras n’est pas nouveau : c’est sans doute parce qu’ils ne savaient pas trop quoi en faire que les éditeurs de Port-Royal l’ont exclu de l’édition de 1670.

Les commentaires ultérieurs de ce fragment sont très divergents, et trahissent souvent une certaine perplexité de la part des critiques.

 

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Fragments connexes

 

Excellence 2 (Laf. 190, Sel. 222). Préface. Les preuves de Dieu métaphysiques sont si éloignées du raisonnement des hommes et si impliquées, qu’elles frappent peu et quand cela servirait à quelques‑uns, cela ne servirait que pendant l’instant qu’ils voient cette démonstration, mais une heure après ils craignent de s’être trompés.

Preuves par discours II (Laf. 427, Sel. 681). Tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir ; mais ce que j'ignore le plus est cette mort même que je ne saurais éviter.

Pensées diverses (Laf. 688, Sel. 567). Qu’est‑ce que le moi ?

 

Mots-clés : ÉternitéÊtreInfiniMèreMoiNatureNécessairePensée.