Fragment Excellence n° 3 / 5  – Papier original : RO 265-8

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Excellence n° 240 p. 85 v° / C2 : p. 113

Éditions savantes : Faugère II, 115, II / Havet X.5 / Michaut 544 / Brunschvicg 543 / Tourneur p. 233-2 / Le Guern 179 / Lafuma 190 / Sellier 223

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Bibliographie

 

Voir les bibliographies de Excellence 1 et Excellence 2.

 

Éclaircissements

 

C’est ce que produit la connaissance de Dieu qui se tire sans Jésus-Christ, qui est de communiquer sans médiateur avec le Dieu qu’on a connu sans médiateur.

 

Qu’est-ce que produit la connaissance de Dieu sans médiateur ? Il faut renvoyer à la citation de saint Augustin qui clôt Excellence 2 (Laf. 190, Sel. 222) : Quod curiositate cognoverunt, superbia amiserunt. La curiosité, c’est-à-dire, en style théologique, la libido sciendi, conduit à rechercher Dieu sans passer la médiation de Jésus-Christ. Mais se croire en mesure de communiquer directement avec Dieu, toujours sans recourir au Christ, ne peut être que l’effet de la superbia, c’est-à-dire de l’orgueil. Comme cet orgueil est directement opposé à l’humilité qui convient à l’homme face à Dieu, il est naturel que ceux-là même qu’il inspire perdent bientôt Dieu, soit qu’ils se fassent une idole du dieu qu’ils ont trouvé, soit qu’ils tombent dans le déisme, dont Pascal pense qu’il est aussi incompatible avec la religion chrétienne que l’athéisme.

 

Au lieu que ceux qui ont connu Dieu par médiateur connaissent leur misère.

 

La connaissance de Dieu par l’intermédiaire du Christ suppose que l’on sache que celui-ci est venu pour racheter l’homme du péché originel, qui est la source primitive de toutes ses misères. Il n’est donc pas possible de connaître le Christ sans avoir clairement conscience des misères de la nature humaine. Les thèmes anthropologiques principaux de la liasse Misère trouvent ici un retentissement et un fondement d’ordre religieux.

Dans le fragment Preuves par discours III (Laf. 449, Sel. 690), Pascal a en revanche signalé le danger qu’il peut y avoir pour l’homme de connaître sa misère sans savoir que le Christ est venu pour y remédier : la religion enseigne ensemble aux hommes ces deux vérités : et qu’il y a un Dieu, dont les hommes sont capables, et qu’il y a une corruption dans la nature, qui les en rend indignes. Il importe également aux hommes de connaître l’un et l’autre de ces points ; et il est également dangereux à l’homme de connaître Dieu sans connaître sa misère, et de connaître sa misère sans connaître le Rédempteur qui l’en peut guérir.