Fragment Fondement n° 7 / 21  – Papier original : RO 47-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Fondement n° 283 p. 117 v° / C2 : p. 144

Éditions savantes : Michaut 116 / Brunschvicg 430 bis / Tourneur p. 251-3 / Le Guern 215 / Lafuma 230 / Sellier 262

______________________________________________________________________________________

 

 

Bibliographie

 

 

Voir les références proposées dans A P. R. 2. (Laf. 149, Sel. 182).

 

Éclaircissements

 

Tout ce qui est incompréhensible ne laisse pas d’être.

 

Pascal revient ici sur un principe qu’il a déjà proposé dans A P. R. 2, exemples mathématiques à l’appui. Mais au point où se situe la liasse Fondement, les références aux mathématiques seraient inopportunes : un simple écho du principe proposé dans A P. R. suffit, sans qu’il soit nécessaire de recommencer à appuyer la règle tout ce qui est incompréhensible ne laisse pas d’être sur des preuves mathématiques. Pascal traite à présent des fondements de la religion chrétienne : il estime utile de rappeler brièvement ce principe, mais il ne s’agit que d’un renvoi.

Cette technique est courante dans les Pensées, où la même idée revient souvent à plusieurs reprises, mais placée à chaque fois dans un éclairage différent. Dans A P. R. 2, il s’agissait de montrer que même les connaissances naturelles et scientifiques montraient que, au cœur de la science, l’incompréhensible était présent. Ici, Pascal veut montrer qu’il en va de même dans les fondements de la religion, sans qu’il soit possible d’en récuser ce qu’on n’en comprend pas. À présent, l’attention du lecteur doit désormais être attirée sur des vérités d’un tout ordre infiniment plus élevé, puisqu’on touche au religieux. Cette technique répond aux règles de l’ordre du cœur, tel que Pascal le définit dans Preuves de Jésus-Christ 1 (Laf. 298, Sel. 329).

Elle n’en est pas moins conforme aussi à la méthode géométrique, dans laquelle le rappel d’une proposition démontrée antérieurement, sans répétition de sa démonstration, est une technique très fréquente.

Quels sont les idées incompréhensibles qui ne laissent pas d’être dans la liasse Fondement ?

Pascal en a évoqué un dans le fragment Fondement 4 (Laf. 227, Sel. 259). Qu’ont-ils à dire contre la résurrection, et contre l’enfantement d’une Vierge ? Mais il n’est pas essentiel. Le plus important est proposé dans le fragment Fondement 9 (Laf. 232, Sel. 264). On n’entend rien aux ouvrages de Dieu si on ne prend pour principe qu’il a voulu aveugler les uns et éclaircir les autres. En découlent les paradoxes énumérés dans le fragment Fondement 18 (Laf. 241, Sel. 273) : Source des contrariétés. Un Dieu humilié et jusqu’à la mort de la croix. Deux natures en J.-C. Deux avènements. Deux états de la nature de l’homme. Un Messie triomphant de la mort par sa mort.

La conclusion particulière qui s’en dégage est celle que propose le fragment Fondement 5 (Laf. 228, Sel. 260). Que disent les prophètes de J.-C. ? Qu’il sera évidemment Dieu ? non mais qu’il est un Dieu véritablement caché, qu’il sera méconnu, qu’on ne pensera point que ce soit lui, qu’il sera une pierre d’achoppement, à laquelle plusieurs heurteront, etc. Qu’on ne nous reproche donc plus le manque de clarté puisque nous en faisons profession. Mais, dit-on, il y a des obscurités et sans cela on ne serait pas aheurté à J.-C. Et c’est un des desseins formels des prophètes : excaeca.