Glossaire

 

Girouette.

Pièce de fer-blanc ou d’autre métal fort mince, et taillée en forme de banderole, mise sur un pivot en un lieu élevé, en sorte qu’elle tourne au moindre vent, et par le mouvement de laquelle on connaît le vent (Dictionnaire de l’Académie).

Voir Vanité 34 (Laf. 48, Sel. 81).

 

Gloire.

Ce qui fait qu’un homme peut prétendre à un certain honneur. Il existe une vraie gloire, notamment chez les héros (par exemple en tragédie), mais aussi une fausse gloire, qui naît d’un orgueil déréglé. La recherche de la gloire est selon Pascal l’un des caractères les plus constants de la nature de l’homme. Paul Bénichou a publié dans Morales du grand siècle, Paris, Gallimard, 1948, une belle étude des différentes conceptions de la gloire au XVIIe siècle.

Au sens religieux, la gloire désigne l’état des élus au paradis.

Voir Misère 12 (Laf. 63, Sel. 97), Pensées diverses (Laf. 685, Sel. 564), Vanité 24 (Laf. 37, Sel. 71), Misère 20 (Laf. 71, Sel. 105), Raisons des effets 7 (Laf. 88, Sel. 122), etc.

 

Gournay.

Marie Le Jars, Mademoiselle de Gournay (1556-1645), est censée être la « fille d’alliance » de Montaigne. Elle a procuré la première édition posthume des Essais. Pascal ne prenait pas au sérieux la préface qu’elle leur avait associée. Tallemant des Réaux lui consacre un article.

Voir Pensées diverses (Laf. 680, Sel. 559).

 

Gouverner, Gouvernement.

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES, 1993, p. 204 et 292. Double sens du mot gouverner, qui souligne ironiquement la différence des qualités exigées pour assurer la direction d’un État et celle d’un navire. Comme quoi Pascal sait jouer sur les ambiguïtés quand il en a besoin, quoi qu’il dise dans L’esprit géométrique.

Voir Vanité 18 (Laf. 30, Sel. 64), Morale chrétienne 23 (Laf. 374, Sel. 406) et Prophéties II (Laf. 484, Sel. 719).

 

Grâce.

Aide que Dieu accorde gratuitement à l’homme pour lui permettre d’agir conformément à sa volonté. Les idées de Pascal sur la grâce sont exprimées dans les Provinciales I à IV, et XVII et XVIII, mais de manière plus accessible dans les Écrits sur la grâce, notamment dans le Traité de la prédestination et de la grâce (Troisième écrit dans l’édition de Jean Mesnard, t. III).

Voir Pensées diverses (Laf. 703, Sel. 581), Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel. 164), A P. R. 2 (Laf. 149, Sel. 182), Soumission 6 (Laf. 172, Sel. 203), Fausseté 6 (Laf. 208, Sel. 240), etc.

 

Gradation.

En logique, les gradations sont une espèce des sorites, c’est-à-dire des syllogismes comportant plus de trois propositions, avec les dilemmes et les épichérèmes.

Pascal use visiblement du mot en un sens différent, et peut-être avec une distance ironique, pour marquer une hiérarchie.

Mesnard Jean, “Logique et sémiotique dans le modèle de la Raison des effets”, Courrier du Centre International Blaise Pascal, n° 20, 1998, p. 16-30. Dans la gradation, chacune des opinions successives correspond à un point de vue, et chaque point de vue embrasse plus que le précédent, ce qui correspond à un degré supérieur de « lumière ».

Voir Peuple, demi-habiles, habiles, dévots, chrétiens parfaits.

Référence : Raisons des effets 9 (Laf. 90, Sel. 124).

 

Grand Seigneur.

Le Grand Seigneur remplace le Grand Turc. C’est le terme officiel. Voir Bluche François (dir.), Dictionnaire du grand siècle, Paris, Fayard, 1990, article Grand Turc, p. 678. On désigne par les mots de Grand Turc, depuis le XVe siècle, le souverain de l’empire ottoman. Voir Vanité 31 (Laf. 44, Sel. 78).

 

Grandeur.

Voir la liasse Grandeur.

La connaissance de la grandeur de l’homme, telle qu’elle se trouve dans les stoïciens par exemple, ou chez Descartes, conduit à conclure la misère.

Il y a dans le monde deux sortes de grandeurs, des grandeurs d’établissement et des grandeurs naturelles. Les premières dépendent de la volonté des hommes, qui ont cru avec raison devoir honorer certains états et y attacher certains respects. Les dignités et la noblesse sont de ce genre. En un pays on honore les nobles, en l’autre les roturiers ; en celui-ci les aînés, en cet autre les cadets. Pourquoi cela ? Parce qu’il a plu aux hommes. La chose était indifférente avant l’établissement : après l’établissement elle devient juste, parce qu’il est injuste de la troubler.

Les grandeurs naturelles sont celles qui sont indépendantes de la fantaisie des hommes, parce qu’elles consistent dans des qualités réelles et effectives de l’âme ou du corps, qui rendent l’une ou l’autre plus estimable, comme les sciences, la lumière de l’esprit, la vertu, la santé, la force.

Voir Contrariétés 5 (Laf. 122, Sel. 155), Dossier de travail (Laf. 411, Sel. 30), Pensées diverses (Laf. 613, Sel. 506), Preuves par les Juifs VI (Laf. 472, Sel. 709), Vanité 4 (Laf. 16, Sel. 50), etc.

 

Grandeur Misère.

La preuve de la misère de l’homme se tire de l’affirmation de sa grandeur. On a vu en effet que les prétentions de l’homme en matière de vérité et de justice sont ridiculement disproportionnées à ses capacités réelles.

La preuve de la grandeur de l’homme se tire de l’affirmation de sa misère. On voit dans les liasses Raisons des effets et Grandeur qu’à la racine des tentatives malheureuses de l’homme pour établir la justice ou découvrir le vrai, on découvre une volonté de vérité et de justice qui ne pourrait pas exister si l'homme n'avait été misérable et qu'il n'avait été que misérable. La grandeur de l’homme est visible dans sa misère même, considérée comme misèr[e] de grand seigneur (Grandeur 12 - Laf. 116, Sel. 148). On peut donc passer indéfiniment d’une thèse à l’autre sans discontinuer, et sans possibilité d’échapper à ce renversement continuel.

Voir Misère Grandeur.

Référence : Grandeur 13 (Laf. 117, Sel. 149).

 

Grands.

Comme substantif, Grands désigne les seigneurs du premier rang, de la première qualité (Furetière).

Pascal est auteur de Trois discours sur la condition des Grands, pour l’instruction de Charles-Honoré de Chevreuse, fils du duc de Luynes.

Voir Raisons des effets 1 (Laf. 80, Sel. 115), Raisons des effets 9 (Laf. 90, Sel. 124) et Raisons des effets 11 (Laf. 92, Sel. 126).

 

Grimace.

Disposition ou mouvement du visage fait en sorte qu’il paraisse laid et hideux ; contorsion du nez, de la bouche ou des yeux, faite souvent par affectation ou par habitude, pour exprimer quelque sentiment de l’âme et pour faire rire. Figurément, signifie air, façon, feinte ou hypocrisie (Furetière). Les Tartuffe font des grimaces. On dit aussi que la vie sociale est faite de grimaces.

Voir Pensées diverses (Laf. 797, Sel. 650).

 

Guérir.

Voir la Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies. La guérison ne désigne pas seulement l’obtention de la santé physique, mais aussi celle de la concupiscence et de la corruption de l’âme.

Voir Divertissement 2 (Laf. 133, Sel. 166), Fondement 12 (Laf. 235, Sel. 267), Preuves par discours II (Laf. 431, Sel. 683) et Preuves par les Juifs VI (Laf. 460, Sel. 699).

 

Guerre, Guerrier.

Pascal ne met pas en cause la légitimité de la guerre, mais la manière dont une guerre ou les morts qu’elle entraîne est décidée.

Voir Vanité 17 (Laf. 29, Sel. 63), Misère 8 (Laf. 59, Sel. 93), Raisons des effets 13 (Laf. 94, Sel. 128), Contrariétés 14 (Laf. 131, Sel. 164), Divertissement 4 (Laf. 136, Sel. 168), etc.