Copie d’un fragment joint à C2 –  C2 p. 467 v° (main de Pierre Guerrier)

Copies du XVIIIe s. : copie Périer (Sainte-Beuve) p. 167 [bis] v°-168, copie Montempuys p. 7, copie Théméricourt p. 68, copie de Troyes p. 46-47

Éditions modernes : Faugère I, 284, LIII / Havet Prov. G p. 292 / Brunschvicg 919 / Lafuma 973 / Le Guern 425 bis / Sellier 698

 

 

 

Ce sont les effets des péchés des peuples et des Jésuites : les grands ont souhaité d’être flattés ; les Jésuites ont souhaité d’être aimés des grands.

Ils ont tous été dignes d’être abandonnés à l’esprit du mensonge, les uns pour tromper, les autres pour être trompés. Ils ont été avares, ambitieux, voluptueux, Coacervabunt sibi magistros.

Dignes disciples de tels maîtres. Digni sunt.

Ils ont cherché des flatteurs et en ont trouvé.

 

 

Fragment qui fait écho à un reproche adressé à la Compagnie de Jésus, de rechercher la fréquentation des Grands pour étendre son influence politique, sociale et culturelle. Mais la pointe du texte est ailleurs : Pascal ajoute l’idée que le peuple n’est pas innocent pour autant : il s’arrange bien des casuistes corrompus et de leurs décisions laxistes : c’est une collusion que Pascal remarque entre gens qui s’entendent pour flatter leurs ambitions respectives.

Coacervabunt sibi magistros : saint Paul, II Timothée, IV, 3 : « Erit enim tempus cum sanam doctrinam non sustinebunt, sed ad sua desideria coacervabunt sibi magistros prurientes auribus » ; « Tr. : « Il viendra un temps où les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine ; au contraire, ayant une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à une foule de docteurs propres à satisfaire leurs désirs ».

 

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Fragments connexes

 

Fragment hors Copies RO 279 r° / v°(Laf. 954, Sel. 789). [...] Le monde veut naturellement une religion, mais douce [...].

On ne vit pas longtemps dans l'impiété ouverte, ni naturellement dans les grandes austérités.

Une religion accommodée est propre à durer.

On les cherche par libertinage.

Fragment hors Copies RO 411-1 r° / v° (Laf. 967, Sel. 800). De sorte que s’il est vrai d’une part que quelques religieux relâchés et quelques casuistes corrompus, qui ne sont point membres de la hiérarchie, ont trempé dans ces corruptions, il est constant de l’autre que les véritables pasteurs de l’Église qui sont les véritables dépositaires de la parole divine, l’ont conservée immuable contre les efforts de ceux qui ont entrepris de la ruiner. Et ainsi les fidèles n’ont aucun prétexte de suivre ces relâchements qui ne leur sont offerts que par les mains étrangères de ces casuistes, au lieu de la saine doctrine qui leur est présentée par les mains paternelles de leurs propres pasteurs. Et les impies et les hérétiques n’ont aucun sujet de donner ces abus pour des marques du défaut de la providence de Dieu sur son Église, puisque l’Église étant proprement dans le corps de la hiérarchie, tant s’en faut qu’on puisse conclure de l’état présent des choses, que Dieu l’ait abandonnée à la corruption, qu’il n’a jamais mieux paru qu’aujourd’hui, que Dieu la défend visiblement de la corruption.