Dossier de travail - Fragment n° 14 / 35  – Papier original : RO 244-3 (copie)

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 12 p. 193 v° / C2 : p. 5

Éditions de Port-Royal : Chap. XXVIII - Pensées chrestiennes : 1669 et janvier 1670 p. 268-269  / 1678

n° 65 p. 261-262

Éditions savantes : Faugère I, 198, LIX / Havet XXIV.39 ter / Brunschvicg 471 / Le Guern 375 / Lafuma 396 / Sellier 15

 

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal

 

Chap. XXVIII - Pensées chrestiennes : 1669 et janvier 1670 p. 268-269  / 1678 n° 65 p. 261-262

       

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. janvier 1670 1

Transcription du manuscrit de Domat (copie)

 

 Il est injuste qu’on s’attache à nous, quoiqu’on le fasse avec plaisir et volontairement. Nous tromperons ceux à qui nous en ferons naître le désir 2 ; car nous ne sommes la fin de personne, et nous n’avons pas de quoi les satisfaire. Ne sommes-nous pas prêts à mourir ? et ainsi l’objet de leur attachement mourrait. Comme nous serions coupables de faire croire une fausseté, quoique nous la persuadassions doucement, et qu’on la crût avec plaisir, et qu’en cela on nous fît plaisir ; de même nous sommes coupables, si nous nous faisons aimer 3, et si nous attirons les gens à s’attacher à nous. Nous devons avertir ceux qui seraient prêts à consentir au mensonge, qu’ils ne le doivent pas croire, quelque avantage qui nous en revînt. De même nous les devons avertir, qu’ils ne doivent pas s’attacher à nous : car il faut qu’ils passent leur vie à plaire à Dieu, ou à le chercher.

 

 

Il est injuste qu’on s’attache à moi, quoiqu’on le fasse avec plaisir et volontairement. Je tromperay ceux à qui j’en feray naître le désir, car je ne suis la fin de personne et n’ai pas de quoi les satisfaire. Ne suis‑je pas prêt à mourir ? et ainsi l’objet de leur attachement mourra. Donc, comme je serais coupable de faire croire une fausseté, quoique je la persuadasse doucement et qu’on la crût avec plaisir et qu’en cela on me fît plaisir, de même je suis coupable de me faire aimer et si j’attire les gens à s’attacher à moi. Je dois avertir ceux qui seraient prêts à consentir au mensonge qu’ils ne le doivent pas croire, quelque avantage qui men revînt, et de même qu’ils ne doivent pas s’attacher à moi, car il faut qu’ils passent leur vie et leurs soins à plaire à Dieu ou à le chercher.

 

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

2 Les Copies transcrivent aussi Je tromperai ceux à qui j’en ferai naître le désir. L’édition de Port-Royal a conservé le futur.

3 Les Copies transcrivent si je me fais aimer.

 

Commentaire

 

Voir dans le commentaire les réactions des éditeurs et des critiques sur la substitution du pronom nous à je et à moi.

Port-Royal sépare les deux avertissements, du devoir de résister au mensonge d’une part, de chercher Dieu d’autre part, plus nettement que ne l’a fait Pascal. Mais le sens est le même.