La liasse PREUVES DE JÉSUS-CHRIST (suite)
Preuves de Jésus-Christ et l’édition de Port-Royal
Port-Royal a construit deux chapitres à partir des fragments de la liasse Preuves de Jésus-Christ :
le chapitre XIV intitulé Jésus-Christ a été constitué à partir de Preuves de Jésus-Christ 11, Preuves de Jésus-Christ 3, Prophéties VII (Laf. 499, Sel. 736), Preuves de Jésus-Christ 12, Preuves de Jésus-Christ 18, Preuves de Jésus-Christ 2, un fragment du Dossier de travail (Laf. 388, Sel. 7) et du dossier Preuves par les Juifs VI (Laf. 462, Sel. 701), Religion aimable 1 (Laf. 221, Sel. 254), et un fragment des Pensées diverses (Laf. 793, Sel. 646) ; les fragments Preuves de Jésus-Christ 10, Fausseté des autres religions 10 (Laf. 212, Sel. 245) et un texte de Preuves par discours III (Laf. 447, Sel. 690) ont été ajoutés dans ce chapitre dans l’édition de 1678 entre Preuves de Jésus-Christ 18 et Preuves de Jésus-Christ 2 ;
le chapitre XVI intitulé Diverses preuves de Jésus-Christ est composé de : Preuves de Jésus-Christ 24, Preuves de Jésus-Christ 13, un fragment des Pensées diverses (Laf. 812, Sel. 658), Soumission 14 (Laf. 180, Sel. 211), Preuves de Jésus-Christ 14, Prophéties 21 (Laf. 342, Sel. 374), Preuves de Jésus-Christ 16, Preuves de Jésus-Christ 8, deux fragments des Pensées diverses (Laf. 592, Sel. 492 et Laf. 593, Sel. 493) et Preuves de Jésus-Christ 19.
Preuves de Jésus-Christ 4 est venu compléter le chapitre XV, Preuves de Jésus-Christ par les prophéties.
Preuves de Jésus-Christ 23 a été utilisé dans le chapitre XVII, Contre Mahomet.
Preuves de Jésus-Christ 1 a été retenu dans le chapitre XXXI, Pensées diverses.
Les fragments Preuves de Jésus-Christ 5, Preuves de Jésus-Christ 6, Preuves de Jésus-Christ 7, Preuves de Jésus-Christ 9, Preuves de Jésus-Christ 15, Preuves de Jésus-Christ 17, Preuves de Jésus-Christ 20, Preuves de Jésus-Christ 21, et Preuves de Jésus-Christ 22 n’ont pas été retenus par le Comité. Étienne Périer cite cependant le fragment Preuves de Jésus-Christ 6 dans la Préface de l’édition p. [24-25]. Seuls les fragments 9 et 17 ont ensuite été recopiés par Louis Périer dont une copie a été conservée. Il faut attendre l’édition Faugère (1844) pour qu’ils soient publiés.
Aspects stratigraphiques des fragments de Preuves de Jésus-Christ
Le papier RO 55-2 (Preuves de Jésus-Christ 3) porte une partie d’un filigrane de type Marque royale. Le papier est issu d’une feuille de type Marque royale & PF / B ♦ R. Pol Ernst a reconstitué une partie du feuillet originel dans l’Album p. 191.
Le papier RO 59-3 (Preuves de Jésus-Christ 8) est marqué d’un fragment de filigrane Armes de France et Navarre / I ♥ C.
Le papier RO 55-1 (Preuves de Jésus-Christ 13) est aussi marqué d’un fragment de filigrane Armes de France et Navarre / I ♥ C. Pol Ernst a reconstitué en grande partie le feuillet originel dans l’Album p. 170.
Le papier RO 59-6 (Preuves de Jésus-Christ 15) porte une partie d’un filigrane de type Armes des Médicis.
Le papier RO 49-8 (Preuves de Jésus-Christ 18) est marqué d’un fragment de filigrane Armes de France et Navarre / P ♥ H. Le papier est issu d’une feuille de type Cadran d’horloge & Armes de France et Navarre / P ♥ H. Pol Ernst a reconstitué entièrement le feuillet originel dans l’Album p. 153.
Le papier RO 59-8 (Preuves de Jésus-Christ 21) est marqué d’une moitié de filigrane Cadran. Le papier est issu d’une feuille de type Cadran d’horloge & Armes de France et Navarre / P ♥ H. Ce papier semble être associé au papier RO 49-7 de Fondement 18.
Les autres papiers ne portent pas de filigrane.
Selon Pol Ernst, Les Pensées de Pascal, Géologie et stratigraphie, p. 310-312,
les papiers RO 59-7 (Preuves de Jésus-Christ 1) et RO 53-3 (Preuves de Jésus-Christ 16) pourraient être issus d’un feuillet de type Armes de France et Navarre / I ♥ C utilisé sur deux colonnes ;
le papier RO 49-5 (Preuves de Jésus-Christ 14), qui porte l’écriture du secrétaire de Pascal, pourrait aussi être issu d’un feuillet de type Armes de France et Navarre / I ♥ C ;
les papiers RO 61-3 (Preuves de Jésus-Christ 2), RO 61-4 (Preuves de Jésus-Christ 7) et RO 57-2 (Preuves de Jésus-Christ 23) pourraient provenir de feuillets de type Cadran d’horloge & Armes de France et Navarre / P ♥ H ; deux de ces papiers portent l’écriture du secrétaire de Pascal ;
le papier RO 485-3 (Preuves de Jésus-Christ 19) provient d’un feuillet de type Cadran d’horloge & Armes de France et Navarre / P ♥ H ; Pol Ernst l’associe à un papier qui porte le filigrane dans l’Album p. 161 ;
le papier RO 59-1 (Preuves de Jésus-Christ 4), qui porte l’écriture d’un copiste à l’écriture élégante, provient probablement d’un feuillet de type Cor couronné / P ♦ H ; Pol Ernst l’associe à un autre fragment écrit par le même copiste dans l’Album p. 37 ;
les papiers RO 61-6 (Preuves de Jésus-Christ 9) et RO 51-2 (Preuves de Jésus-Christ 17) pourraient être issus de feuillets de type Écusson fleurette RC/DV ;
le papier RO 59-2 (Preuves de Jésus-Christ 12) pourrait être issu d’un feuillet de type Marque royale & PF / B ♦ R ;
le papier RO 489-5 (Preuves de Jésus-Christ 24) pourrait provenir d’un feuillet de type Cadran & B ♥ C ; Pol Ernst reconstitue une partie du feuillet dans l’Album p. 138 ;
les papiers RO 61-5 (Preuves de Jésus-Christ 6), RO 61-1 (Preuves de Jésus-Christ 10), RO 53-1 (Preuves de Jésus-Christ 11), RO 61-2 (Preuves de Jésus-Christ 20), RO 49-6 (Preuves de Jésus-Christ 22), ne sont pas identifiés.
Le papier RO 41-3 (Preuves de Jésus-Christ 5), qui porte l’écriture d’un copiste à l’écriture élégante, devrait selon nous provenir d’un feuillet de type Cor couronné / P ♦ H ; Mais Pol Ernst le propose dans une reconstitution d’un feuillet de type Armes de France et Navarre / I ♥ C qui demande à être vérifiée.
♦ Structure et place de la liasse Preuves de Jésus-Christ dans le projet d’apologie de Pascal
La liasse Preuves de Jésus-Christ occupe une situation charnière dans l’ensemble des liasses classées, qui est résumée dans deux fragments du Dossier de travail (Série I de Lafuma, Liasse-table de Sellier), marquent sa place dans le projet de Pascal.
D’une part, la personne de Jésus-Christ fait le lien entre la partie anthropologique des Pensées, consacrée à la connaissance de nous-mêmes, à la partie proprement théologique (qui touche la connaissance que l’homme peut avoir de Dieu).
Dossier de travail (Laf. 417, Sel. 36). Non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par J.-C. ; nous ne connaissons la vie, la mort que par Jésus-Christ. Hors de J.-C. nous ne savons ce que c’est ni que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous-mêmes. Ainsi sans l’Écriture qui n’a que J.-C. pour objet nous ne connaissons rien et ne voyons qu’obscurité et confusion dans la nature de Dieu et dans la propre nature.
Philippe Sellier a insisté sur cette idée que la christologie est la « voie étroite » vers la théologie dans son étude “Jésus-Christ chez Pascal”, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., p. 486 sq.
D’autre part, Pascal place la personne de Jésus-Christ au centre de l’histoire, à la charnière de l’annonce prophétique et de l’ère chrétienne. Voir le fragment Dossier de travail (Laf. 388, Sel. 7) : J.-C. que les deux Testaments regardent, l’ancien comme son attente le nouveau comme son modèle, tous deux comme leur centre. Sur l’idée que le Christ est le centre de tout, voir Sellier Philippe, Pascal et saint Augustin, p. 293 sq.
Les commentateurs qui ont proposé plusieurs présentations de la structure d’ensemble de la liasse Preuves de Jésus-Christ aboutissent à des conclusions assez voisines, à quelques différences mineures près.
Alberto Peratoner, Blaise Pascal, Ragione, Rivelazione e fondazione dell’Etica. Il percorso dell’Apologie, p. 700, distingue, dans cette liasse qui regarde principalement l’accomplissement des prophéties, deux groupes de fragments principaux, les uns relatifs à l’accomplissement des prophéties dans le Christ et les événements qui ont suivi l’Incarnation, et les autres qui touchent l’évaluation historique de la vie du Christ telle qu’elle est relatée dans les Évangiles. Voir p. 701-702 sur les textes relatifs aux prophéties, et p. 702-717 sur les preuves tirées de la vie du Christ.
De manière un peu différente, M. et M.-R. Le Guern, Les Pensées de Pascal, de l’anthropologie à la théologie, p. 195, discernent plusieurs fils argumentatifs qui tendent à remplir ce programme :
1. une vision de l’histoire, qui montre que les prophéties tendent effectivement à annoncer Jésus-Christ : de ce fil dépendent les fragments qui se rapportent à l’Ancien Testament ;
2. une lecture du Nouveau Testament, qui tend à montrer que la parole des évangélistes et des apôtres ne saurait être une affabulation, et que leur manière même d’écrire témoigne en faveur de leur véracité ;
3. enfin la vision des trois ordres, qui établit pour ainsi dire une connexion entre ces deux fils : ce que l’Ancien Testament annonçait en des termes qui appartiennent au langage charnel de la politique, le Christ est venu le réaliser dans l’ordre spirituel de la charité, les grandeurs corporelles n’étant en l’occurrence que des figures de celles du royaume de Dieu.
Enfin, Pol Ernst, Approches pascaliennes, p. 454 sq. distingue trois thèmes majeurs dans la liasse : la réalisation des prophéties, la personne de Jésus-Christ à la fois homme et Dieu, et la vraie grandeur d’un « Dieu humilié ».
Ces trois reconstitutions ne sont pas incompatibles.
La liasse Preuves de Jésus-Christ n’a pas pour objet la preuve de l’existence historique du Christ. Pascal ne reprend pas le point « Ostenditur Jesum vixisse » traité par Grotius dans le De veritate religionis christianae. Même la question de l’exactitude du rapport des évangélistes sur les événements de sa vie n’est pas ici l’essentiel. Sur ce sujet, Pascal a composé son Abrégé de la vie de Jésus-Christ, OC III, éd. J. Mesnard, p. 178 sq., qui fait preuve d’un remarquable esprit historique et critique.
L’objet de Pascal est de montrer que Jésus-Christ répond aux prophéties de l’Ancien Testament qui remontent à Moïse, autrement dit qu’il est bien le Messie attendu pour le salut des hommes. Pol Ernst remarque à juste titre que « l’orientation essentielle de cette liasse est bien de « prouver » la divinité de Jésus-Christ » et la « sainteté du Réparateur ».
Le fil argumentatif qui s’appuie sur les prophéties est en fait un écho des Écritures mêmes : sur le fait que Jésus-Christ lui-même invoque constamment leur réalisation en sa personne, voir Mesnard Jean, “Au cœur de l’apologétique de Pascal : Dieu par Jésus-Christ”, p. 417 sq. Ce qui fait la valeur de cet argument, c’est que l’émission et la réalisation des prophéties s’insèrent dans deux séries indépendantes, d’un côté le peuple juif, et l’Ancien Testament, de l’autre le peuple chrétien, et le Nouveau Testament. Pascal étend l’argument à l’idée de la perpétuité, et à l’ensemble de l’histoire du monde qui montre comment les royaumes païens ont contribué à leur manière involontaire, à la diffusion de la Révélation. La liasse Preuves de Jésus-Christ noue ces deux aspects par la personne du Christ.
La liasse Loi figurative trouve un écho dans Preuves de Jésus-Christ, notamment dans le fragment sur les trois ordres. L’histoire, qu’elle soit sainte ou universelle, demande à être interprétée parce qu’elle est porteuse de signes.
La nécessité de lire l’Ancien Testament dans une perspective figurative, en remontant du sens littéral au sens figuré, a été montrée dans Loi figurative, et justifiée par la nécessité de confier au peuple juif une révélation que son cœur charnel ne le disposait pas à recevoir. Mais la nécessité des figures n’a pas été encore expliquée du côté de la personne qui fait l’objet des prophéties, savoir le Christ. C’est en dernière analyse l’objet de la liasse.
Un groupe de fragments tend à montrer que de nombreux signes pointent vers le Christ comme Messie. L’argument des prophéties est exploité dans cette liasse pour montrer que les prophètes avaient en effet le Christ en vue, et que toute l’histoire du peuple juif, à la fois subsistant et misérable, était nécessaire « pour la preuve de Jésus-Christ ».
Les fragments relatifs aux circonstances de l’avènement du Christ et au rapport qu’en font les évangélistes tendent aussi à montrer que des signes visibles et frappants révélaient le Messie en Jésus-Christ.
Mais les fragments sur les trois ordres répondent à une exigence complémentaire, qui est d’expliquer pourquoi ces signes n’ont pas été comprises de tout le monde : c’est pourquoi Pascal consacre un grand fragment à l’idée que la grandeur divine du Christ s’est manifestée d’une manière qui répond à l’ordre de la charité, mais qui n’était pas compréhensible par tous, car la plupart des hommes ne pensent que dans les termes de l’ordre de la chair ou de l’ordre des esprits.
Cependant il fallait que le Christ fût annoncé comme Dieu au monde par la Révélation, mais il fallait aussi qu’il fût présenté comme « Dieu caché par excellence ». En effet, pour qu’il remplisse véritablement sa fonction de médiateur, il fallait qu’il entre dans la condition d’homme, condition qui dissimule aux yeux des hommes charnels sa nature divine. Aussi les arguments qui tendent à présenter Jésus-Christ comme point de convergence des prophéties, doivent être contrebalancés par d’autres qui le donnent comme un Dieu caché, de sa naissance jusqu’au moment de son sacrifice de la Croix.
Voir la lettre de Pascal à Melle de Roannez n° 4, 29 octobre 1656, OC III, éd. J. Mesnard, p. 1005. Texte p. 1035 sq.
« [...] Il y a si peu de personnes à qui Dieu se fasse paraître par ces coups extraordinaires, qu’on doit bien profiter de ces occasions, puisqu’il ne sort du secret de la nature qui le couvre que pour exciter notre foi à le servir avec d’autant plus d’ardeur que nous le connaissons avec plus de certitude.
Si Dieu se découvrait continuellement aux hommes, il n’y aurait point de mérite à le croire ; et s’il ne se découvrait jamais, il y aurait peu de foi. Mais il se cache ordinairement, et se découvre rarement à ceux qu’il veut engager dans son service. Cet étrange secret, dans lequel Dieu s’est retiré, impénétrable à la vue des hommes, est une grande leçon pour nous porter à la solitude loin de la vue des hommes. Il est demeuré caché, sous le voile de la nature qui nous le couvre, jusque l’Incarnation ; et quand il a fallu qu’il ait paru, il est encore plus caché en se couvrant de l’humanité. Il était bien plus reconnaissable quand il était invisible, que non pas quand il s’est rendu visible. Et enfin, quand il a voulu accomplir la promesse qu’il fit à ses apôtres de demeurer avec les hommes jusqu’à son dernier avènement, il a choisi d’y demeurer dans le plus étrange et le plus obscur secret de tous, qui sont les espèces de l’Eucharistie. C’est ce sacrement que saint Jean appelle dans l’Apocalypse une manne cachée ; et je crois qu’Isaïe le voyait en cet état, lorsqu’il dit en esprit de prophétie : « Véritablement tu es un Dieu caché. » C’est là le dernier secret où il peut être. Le voile de la nature qui couvre Dieu a été pénétré par plusieurs infidèles, qui, comme dit saint Paul, ont reconnu un Dieu invisible par la nature visible. Les chrétiens hérétiques l’ont connu à travers son humanité, et adorent Jésus-Christ Dieu et homme. Mais de le reconnaître sous des espèces de pain, c’est le propre des seuls catholiques : il n’y a que nous que Dieu éclaire jusque-là. On peut ajouter à ces considérations le secret de l’esprit de Dieu caché encore dans l’Écriture. Car il y a deux sens parfaits, le littéral et le mystique ; et les Juifs s’arrêtant à l’un ne pensent pas seulement qu’il y en ait un autre et ne songent pas à le chercher ; de même que les impies, voyant les effets naturels, les attribuent à la nature, sans penser qu’il y en ait un autre auteur ; et comme les Juifs, voyant un homme parfait en Jésus-Christ, n’ont pas pensé à y chercher une autre nature : « Nous n’avons pas pensé que ce fût lui », dit encore Isaïe ; et de même enfin que les hérétiques, voyant les apparences parfaites du pain dans l’Eucharistie, ne pensent pas à y chercher une autre substance. Toutes choses couvrent quelque mystère ; toutes choses sont des voiles qui couvrent Dieu. Les chrétiens doivent le reconnaître en tout. Les afflictions temporelles couvrent les maux éternels qu’elles causent. Prions Dieu de nous le faire reconnaître et servir en tout ; et rendons-lui des grâces infinies de ce que, s’étant caché en toutes choses pour les autres, il s’est découvert en toutes choses et en tant de manières pour nous. »
C’est l’office du fragment sur les trois ordres, Preuves de Jésus-Christ 11 (Laf. 308, Sel. 339) de réaliser la synthèse de ces deux nécessités, montrant que la grandeur du Christ est invisible aux yeux de chair, mais que l’humilité même de la condition du Christ, et jusque dans sa résurrection, est le signe de sa grandeur et de sa divinité.
Accessoirement, Pascal répond par là dans la liasse Preuves de Jésus-Christ, à un argument traditionnel contre la religion chrétienne, celui de l’incompatibilité de la nature divine avec l’abaissement que suppose l’incarnation de Jésus-Christ et de sa mort infamante sur la croix. Comme le dit Grotius Hugo, De veritate..., V, § XIX : « Offendit multos humilis Jesus fortuna, inique vero. »
La nature figurative des trois ordres montre que, contrairement aux apparences, l’humilité du Christ est le signe de sa divinité. C’est, en ce sens, une preuve de Jésus-Christ.
Bibliographie ✍
Généralités
Voir le dossier thématique sur Jésus-Christ.
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