Fragment Preuves de Jésus-Christ n° 2 / 24  – Papier original : RO 61-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Preuves de J.-C. n° 335 p. 157 / C2 : p. 187

Éditions de Port-Royal : Chap. XIV - Jésus-Christ : 1669 et janvier 1670 p. 112  / 1678 n° 9 p. 112

Éditions savantes : Faugère II, 330, XXXIX / Havet XVII.9 / Michaut 160 / Brunschvicg 742 / Tourneur p. 276-2 / Le Guern 281 / Lafuma 299 / Sellier 330

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Bibliographie

 

 

BARTMANN Bernard, Précis de théologie dogmatique, II, Mulhouse-Tournai, Casterman-Salvator, 1941, 2 vol.

BAUSTERT Raymond, La querelle janséniste extra muros, ou la polémique autour de la procession des jésuites du Luxembourg, 20 mai 1685, Tübingen, Gunter Narr Verlag, 2005.

BLUCHE François (dir.), Dictionnaire du grand siècle, art. Marie, Paris, Fayard, 1990, p. 971 sq.

CHATELLIER Louis, “Les jésuites et la naissance d’un type : le dévot”, in DEMERSON G. et G., DOMPNIER B., et REGOND A. (dir .), Les Jésuites parmi les hommes aux XVIe et XVIIe siècles, Clermont-Ferrand, Faculté des Lettres, 1987, p. 257-264.

CLAUDEL Paul, Mémoires improvisés, Paris, Gallimard, 1954.

CLAUDEL Paul, Journal, I, Pléiade, Paris, Gallimard, 1968.

Encyclopédie saint Augustin, Paris, Cerf, 2005.

JOUSLIN Olivier, Pascal et le dialogue polémique, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2007.

WENDROCK, Ludovici Montaltii Litterae Provinciales de morali et politica jesuitarum disciplina, Coloniae, N. Schouten, 1658, Nota prima, Vota in Dei param pietas a spuria et falsa sejungitur, p. 216 sq. ; éd. de 1679, p. 250 sq., ou WENDROCK, Provinciales, Note première sur la neuvième lettre, où l’on distingue la vraie dévotion à la sainte Vierge de la dévotion fausse et mal réglée, éd. 1700, t. 2, p. 26 sq.

 

 

Éclaircissements

 

L’Évangile ne parle de la virginité de la Vierge que jusques à la naissance de Jésus-Christ.

 

Sur la dévotion mariale à l’époque classique, voir Bluche François (dir.), Dictionnaire du grand siècle, p. 971 sq., art. “Marie”.

Encyclopédie saint Augustin, Paris, Cerf, 2005, p. 932 sq.

Voir dans Bartmann Bernard, Précis de théologie dogmatique, II, Appendice, La mère du rédempteur, p. 456-485, qui propose une vue d’ensemble du problème marial.

On reproche souvent à Pascal, mais aussi à Port-Royal en général d’évacuer ou d’ignorer le culte qui est dû à la Vierge Marie.

Claudel Paul, Mémoires improvisés, Paris, Gallimard, 1954, p. 42. « Pascal ne m’a jamais beaucoup impressionné parce que j’avais déjà une idée assez précise du catholicisme, et je ne trouvais pas dans Pascal ce que je cherchais. Pascal était pour les gens qui n’ont aucune espèce de notion de la religion, qui ne croient même pas en Dieu, Pascal pouvait avoir de l’influence sur eux. Mais ce n’était pas mon cas. Je croyais en Dieu, en l’Église, et je n’y trouvais pas de réponses à des questions beaucoup plus précises, plus théologiques, si je peux dire. Dans Pascal, par exemple, je ne trouve aucun développement sur des points spécialement catholiques, qui sont la Sainte Vierge et l’Eucharistie. On ne voit rien dans Pascal à ce sujet-là. C’est même assez curieux qu’il puisse faire une apologie de la religion chrétienne sans toucher à des points aussi importants. De sorte que j’ai abandonné Pascal assez tôt. Je préférais de beaucoup Bossuet, où je sentais plus de théologie. »

Le reproche remonte au XVIIe siècle, où il est proféré avec d’autant plus d’insistance par les ennemis de Port-Royal que c’est un des aspects par lesquels il était possible d’assimiler les jansénistes aux protestants. Par contraste, les jésuites ont fait du culte de Marie un des axes majeurs de leur apostolat.

Chatellier Louis, “Les jésuites et la naissance d’un type : le dévot”, p. 257-264. L’œuvre de la dévotion mariale de la compagnie de Jésus s’appuie sur l’affirmation du patronage de la Vierge chez les jésuites : p. 258.

Baustert Raymond, La querelle janséniste extra muros, p. 72 sq. La Vierge des jésuites est la Regina cœlorum : on en parle comme d’une reine, et non plus comme d’une servante. Par cette mentalité triomphaliste, la Compagnie cherche à renouer avec la dévotion populaire du Moyen Âge, toute de sensibilité et d’imagination.

Cela répond du reste à une impulsion venue du pouvoir politique ; voir Mousnier Roland, L’homme rouge, ou la vie du cardinal de Richelieu (1585-1642), coll. Bouquins, Paris, Robert Laffont, 1992, p. 607. Richelieu, la dévotion mariale et la Déclaration pour la protection de la Vierge de 1637.

Busson Henri, La religion des classiques, p. 6 sq. La dévotion mariale est la « pierre de scandale » des jansénistes ; les Hérésies imaginaires, IIIe lettre, les accusent d’abolir le culte de la Vierge. On leur impute de vouloir fonder une Église sans vénération de Marie, de « ruiner tous les lieux où l’on invoque Dieu par l’intermédiaire de la Vierge », selon Desmarets de Saint-Sorlin, cité ibid., lettre XIII, t. 3, p. 82, 93 ; et de « mutiler les plus belles prières », comme l’Ave Maria. Ces griefs permettent de les assimiler aux calvinistes. L’accusation est dangereuse alors que les jésuites, l’Oratoire, tendent à échauffer la dévotion au chapelet et à la Vierge.

Baustert Raymond, op. cit., p. 44 sq. C’est un thème des polémistes antijansénistes, que le sanctuaire de la vallée de Chevreuse est dépouillé d’hommages à la Vierge ; voir Brisacier, Le jansénisme confondu dans l'avocat du sr. Callaghan, 1651, p. 15.

Rapin René, Mémoires du P. René Rapin, de la Compagnie de Jésus, II, p. 395 sq., proteste contre le mépris que Pascal est censé affecter dans les Provinciales à l’égard de la Vierge. Pascal a aussi subi des reproches de la part du jésuite Georges Pirot Georges, Apologie pour les casuistes, p. 231 sq., qui compare les jansénistes aux hérétiques qui refusent d’accorder à Marie ses prérogatives, et présente la IXe Provinciale comme un libelle diffamatoire contre la mère de Dieu : p. 234.

Marie est en réalité présente à Port-Royal : comme l’indique Jouslin Olivier, Pascal et le dialogue polémique, p. 482 sq., Port-Royal ne méprise pas le culte marial. Saint-Cyran est l’auteur d’une Vie de la sainte Vierge : p. 486. Port-Royal voit en la Vierge « la plus magnifique effusion de Dieu », l’avocate, l’Élue par excellence : p. 486.

Voir Baustert Raymond, op. cit., p. 44 sq., sur la présence de Marie à Port-Royal : p. 44 sq. L’hypothèse de l’indévotion mariale à Port-Royal ne tient pas devant l’examen des faits. Voir Clémencet, Histoire générale..., Amsterdam, 1755-1767, t. II, p. 39 : sœur Marie de Sainte-Claire écrit : « Toutes mes invocations s’adressent à Marie, n’osant du tout entreprendre de parler à Dieu. Je la crois être la seule voie par laquelle je puisse obtenir miséricorde de Dieu. Je suis la plupart du temps occupée d’elle, ne vivant que sous son ombre ». Les religieuses sont affiliées depuis 1660 à la confrérie du Rosaire perpétuel, dont elles observent les prescriptions avec rigueur : « il y a toutes les nuits deux religieuses qui, depuis minuit jusqu’à une heure, disent le Rosaire devant le Saint-Sacrement », p. 47. D’après une lettre de la Mère Angélique de Saint-Jean de 1679, l’image de Marie est présente dans « toutes les cellules et dans tous les passages ». Durant la persécution, c’est à la Vierge que les religieuses se remettent : p. 49. Mais cette Vierge n’est pas celle du P. Barry : la Vierge des jansénistes est Ancilla Domini : p. 51 sq. La grandeur « terrible » de Marie est compensée par son humilité. Selon Nicole, Instructions théologiques et morales sur l’oraison dominicale, « rien n’est plus admirable que cette humilité profonde avec laquelle elle se soumet aux ordres de Dieu lorsqu’on lui annonce la nouvelle de l’Incarnation : rien n’est plus humble que le parfait abaissement de son âme sainte, qui ne lui permet dans ce haut point de grandeur d’envisager que deux objets, sa propre bassesse et l’obéissance qu’elle doit à Dieu ». La Mère Agnès a composé une Méditation sur l’anéantissement de Marie : p. 52-53 : « les vraies servantes de Dieu doivent dire comme la Sainte Vierge : Qu’il me soit fait selon votre parole, et non pas selon ma volonté et mon utilité ».

Nicole-Wendrock consacre à la question du culte marial une note à la neuvième Provinciale : Wendrock, Ludovici Montaltii Litterae Provinciales de morali et politica jesuitarum disciplina, Coloniae, N. Schouten, 1658, Nota prima, Vota in Deiparam pietas a spuria et falsa sejungitur, p. 216 sq. ; éd. de 1679, p. 250 sq., ou Wendrock, Provinciales, Note première sur la neuvième lettre, où l’on distingue la vraie dévotion à la sainte Vierge de la dévotion fausse et mal réglée, éd. 1700, t. 2, p. 26 sq. « On sait les abus qui se sont introduits dans la dévotion à la sainte Vierge. Il est arrivé à cet égard ce que nous voyons arriver tous les jours à l’égard des autres vertus. Le démon substitue en leur place de certains vices qui y ont rapport. Il les couvre des apparences de la vertu. Il attire les hommes par ces dehors spécieux, et les trompe par la fausse sécurité, où cette vaine image du bien les entretient. Il a de même substitué au lieu de la vraie dévotion envers la sainte Vierge, le fantôme d’une dévotion hypocrite, par laquelle il séduit une infinité de gens qui prennent l’ombre pour la vérité même. C’est avec raison que les catholiques regardent la Vierge comme un modèle parfait de toutes les vertus. C’est avec raison qu’ils honorent en elle la plénitude des grâces dont Dieu l’a parfois comblée, qu’ils ont recours à elle dans leurs besoins, et qu’ils plaignent la folie des hérétiques, qui se privent eux-mêmes, et qui veulent priver l’Église d’un si puissant secours. L’intercession de Marie est utile aux innocents et salutaire aux pénitents. »

Mais, poursuit Nicole, le premier caractère de la vraie dévotion est de ne point confondre le culte qui est dû à la sainte Vierge avec celui qui est dû à Dieu, auquel seul doit s’adresser « l’adoration suprême », p. 20. Ce qui choquait les jansénistes dans le fond, c’était que dans ce développement du culte de Marie se produisait souvent un déséquilibre au détriment du Christ. Le culte de la Vierge ne doit pas se « terminer à elle », mais « tendre à Dieu », « au contraire, la fausse dévotion feint d’honorer et d’aimer tellement Marie qu’elle ne veut rien aimer que Marie, qu’elle l’honore et se dévoue à elle seule », ce qui confine à l’idolâtrie, p. 21. Enfin « la dévotion véritable et solide ne met sa confiance dans toutes ces pratiques extérieures par lesquelles on honore la S. Vierge, qu’autant qu’elles sont accompagnées de mouvements intérieurs d’une piété sincère qui en doit être le principe », p. 21-22. Nicole assimile les formes de culte marial limitées aux cérémonies proposées par le P. Barry à des « traditions pharisaïques », p. 24 : « l’esprit de l’homme est naturellement porté au pharisaïsme, et à mettre la confiance de son salut dans quelques cérémonies extérieures. Il y trouve une facilité qui accommode sa paresse », et « la cupidité ne s’y oppose point », p. 25.

Baustert Raymond, La querelle janséniste extra muros, p. 55. La Vierge de Port-Royal, dont la vie est un tissu d’humiliations, d’effacements, de privations dans la plus parfaite obéissance, est glorieuse, mais à travers ses dépouillements. Les honneurs qu’on lui rend ne doivent l’être qu’à travers son Fils, pour lui et par lui : p. 55.

 

Pour approfondir…

 

Port-Royal prend donc parti contre certains excès de la dévotion mariale, qui frisent la superstition. Certaines formes de ce culte atteignaient en effet des sommets dans le ridicule : on cite le cas d’une japonaise qui, après sa conversion, prononçait 140 000 fois par jour le nom de Marie.

Au début de la IXe Provinciale, Pascal s’attaque d’abord à la niaiserie et à la puérilité des petites dévotions à Marie par lesquelles le P. Barry promet le paradis aux fidèles :

« 1. Je ne vous ferai pas plus de compliment que le bon Père m’en fit la dernière fois que je le vis. Aussitôt qu’il m’aperçut, il vint à moi, et me dit en regardant dans un livre qu’il tenait à la main : Qui vous ouvrirait le Paradis, ne vous obligerait-il pas parfaitement ? Ne donneriez-vous pas les millions d’or pour en avoir une clef, et entrer dedans quand bon vous semblerait ? Il ne faut point entrer en de si grands frais, en voici une, voire cent, à meilleur compte. Je ne savais si le bon Père lisait, ou s’il parlait de lui-même. Mais il m’ôta de peine en disant : Ce sont les premières paroles d’un beau livre du P. Barry de notre Société ; car je ne dis jamais rien de moi-même. Quel livre, lui dis-je, mon Père ? En voici le titre, dit-il : Le Paradis ouvert à Philagie, par cent dévotions à la Mère de Dieu, aisées à pratiquer. Et quoi, mon Père, chacune de ces dévotions aisées suffit pour ouvrir le ciel ? Oui, dit-il ; voyez-le encore dans la suite des paroles que vous avez ouïes : Tout autant de dévotions à la Mère de Dieu, que vous trouverez en ce livre, sont autant de clefs du ciel qui vous ouvriront le Paradis tout entier, pourvu que vous les pratiquiez : et c’est pourquoi il dit dans la conclusion qu’il est content si on en pratique une seule.

2. Apprenez-m’en donc quelqu’une des plus faciles, mon Père. Elles le sont toutes, répondit-il ; par exemple ; saluer la sainte Vierge au rencontre de ses images ; dire le petit chapelet des dix plaisirs de la Vierge ; prononcer souvent le nom de Marie ; donner commission aux Anges de lui faire la révérence de notre part ; souhaiter de lui bâtir plus d’Églises, que n’ont fait tous les Monarques ensemble ; lui donner tous les matins le bonjour, et sur le tard le bonsoir ; dire tous les jours l’Ave Maria, en l’honneur du cœur de Marie. Et il dit que cette dévotion-là, assure de plus d’obtenir le cœur de la Vierge. Mais mon Père, lui dis-je, c’est pourvu qu’on lui donne aussi le sien ? Cela n’est pas nécessaire, dit-il, quand on est trop attaché au monde ; écoutez-le : Cœur pour cœur, ce serait bien ce qu’il faut : mais le vôtre est un peu trop attaché, et tient un peu trop aux créatures. Ce qui fait que je n’ose vous inviter à offrir aujourd’hui ce petit esclave que vous appelez votre cœur. Et ainsi il se contente de l’Ave Maria, qu’il avait demandé. Ce sont les dévotions des pages 33. 59. 145. 156. 172. 258. et 420 de la première édition. Cela est tout à fait commode, lui dis-je, et je crois qu’il n’y aura personne de damné après cela. Hélas, dit le Père, je vois bien que vous ne savez pas jusqu’où va la dureté de cœur de certaines gens ! Il y en a qui ne s’attacheraient jamais à dire tous les jours ces deux paroles, bonjour, bonsoir, parce que cela ne se peut faire sans quelque application de mémoire. Et ainsi il a fallu que le P. Barry leur ait fourni des pratiques encore plus faciles, comme d’avoir jour et nuit un chapelet au bras en forme de bracelet, ou de porter sur soi un rosaire, ou bien une image de la Vierge. Ce sont là les dévotions des pages 14, 326 et 447. Et puis dites que je ne vous fournis pas des dévotions faciles pour acquérir les bonnes grâces de Marie, comme dit le Père Barry, page 106. Voilà, mon Père, lui dis-je, l’extrême facilité. Aussi, dit-il, c’est tout ce qu’on a pu faire. Et je crois que cela suffira. Car il faudrait être bien misérable, pour ne vouloir pas prendre un moment en toute sa vie, pour mettre un chapelet à son bras, ou un rosaire dans sa poche, et assurer par là son salut avec tant de certitude, que ceux qui en font l’épreuve, n’y ont jamais été trompés, de quelque manière qu’ils aient vécu, quoique nous conseillions de ne laisser pas de bien vivre. Je ne vous en rapporterai que l’exemple de la p. 34. d’une femme qui pratiquant tous les jours la dévotion de saluer les images de la Vierge, vécut toute sa vie en péché mortel, et mourut enfin dans cet état, et qui ne laissa pas d’être sauvée par le mérite de cette dévotion. Et comment cela, m’écriai-je ? C’est, dit-il, que Notre Seigneur la fit ressusciter exprès. Tant il est sûr qu’on ne peut périr quand on pratique quelqu’une de ces dévotions.

3. En vérité, mon Père, je sais que les dévotions à la Vierge sont un puissant moyen pour le salut ; et que les moindres sont d’un grand mérite quand elles partent d’un mouvement de foi et de charité, comme dans les Saints qui les ont pratiquées ; mais de faire accroire à ceux qui en usent sans changer leur mauvaise vie, qu’ils se convertiront à la mort, ou que Dieu les ressuscitera, c’est ce que je trouve bien plus propre à entretenir les pécheurs dans leurs désordres par la fausse paix que cette confiance téméraire apporte, qu’à les en retirer par une véritable conversion que la grâce seule peut produire. Qu’importe, dit le Père, par où nous entrions dans le Paradis, moyennant que nous y entrions, comme dit sur un semblable sujet notre célèbre P. Binet, qui a été notre Provincial, en son excellent livre de la marque de Prédestination, n. 31. p. 130. de la 15e édition. Soit de bond ou de volée, que nous en chaut-il, pourvu que nous prenions la ville de gloire, comme dit encore ce Père au même lieu ? J’avoue, lui dis-je, que cela n’importe, mais la question est de savoir si on y entrera. La Vierge, dit-il, en répond. Voyez-le dans les dernières lignes du livre du P. Barry. S’il arrivait qu’à la mort l’ennemi eût quelque prétention sur vous, et qu’il y eût du trouble dans la petite république de vos pensées, vous n’avez qu’à dire que Marie répond pour vous, et que c’est à elle qu’il faut s’adresser. »

 

Le fragment Preuves de Jésus-Christ 2 peut être considéré comme un écho de ces discussions sur la Vierge Marie, mais Pascal considère ici moins le culte qui lui est dû que la place qu’elle occupe dans les Écritures. Marie peut d’une certaine manière être considérée comme un élément dans l’ordre du cœur, puisque sa vie et sa personne sont présentées dans les Évangiles comme une de ces choses qui montrent la vraie fin, qui est Jésus-Christ (voir Preuves de Jésus-Christ 1 - Laf. 298, Sel. 329).

Le caractère miraculeux de la virginité de Marie n’est aucunement en cause ici. Il est abordé dans deux fragments des Pensées, mais dans une perspective très différente, à propos des objections des « athées ».

Fondement 4 (Laf. 227, Sel. 259). Qu’ontils à dire contre la résurrection, et contre l’enfantement d’une vierge ? Qu’estil plus difficile de produire un homme ou un animal, que de le reproduire ? Et s’ils n’avaient jamais vu une espèce d’animaux pourraientils deviner s’ils se produisent sans la compagnie les uns des autres ?

Miracles III (Laf. 882, Sel. 444). Pourquoi une vierge ne peutelle enfanter ? une poule ne faitelle pas des œufs sans coq ? Quoi les distingue par dehors d’avec les autres ? Et qui nous a dit que la poule n’y peut former ce germe aussi bien que le coq ?

 

Tout par rapport à Jésus-Christ.

 

Cette formule résume l’essentiel du fragment : voir le fragment Dossier de travail (Laf. 388, Sel. 7). J.-C. que les deux Testaments regardent, l’ancien comme son attente, le nouveau comme son modèle, tous deux comme leur centre. Tout est centré sur le Christ. La Vierge est un élément du christocentrisme pascalien.