Fragment Preuves de Jésus-Christ n° 22 / 24  – Papier original : RO 49-6

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Preuves de J.-C. n° 349 p. 163 v° / C2 : p. 194

Éditions savantes : Faugère II, 384, LII / Brunschvicg 178 / Tourneur p. 281-4 / Le Guern 301 / Lafuma 320 / Sellier 351

______________________________________________________________________________________

 

 

Bibliographie

 

 

FERREYROLLES Gérard, "Les païens dans la stratégie argumentative de Pascal", in Pascal. Religion, Philosophie, PsychanalyseRevue philosophique de la France et de l'étranger, n° 1, janv.-mars 2002, p. 21-40.

MACROBE, Saturnales, in MACROBE, VARRON et POMPONIUS MELA, [Œuvres complètes], éd. D. Nisard (dir.), Paris, Didot, 1863.

 

 

Éclaircissements

 

Macrobe. Des innocents tués par Hérode.

 

Matthieu, II, 16-18. « Hérode voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une grande colère ; et il envoya tuer dans Bethléem, et dans tout le pays d’alentour, tous les enfants âgés de deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s’était enquis exactement des mages. 17. On vit alors s’accomplir ce qui avait été dit par le prophète Jérémie : 18. Un grand bruit a été entendu dans Rama ; on y a entendu des plaintes et des cris lamentables : Rachel pleurant ses enfants, et ne voulant point recevoir de consolation, parce qu’ils ne sont plus. »

Macrobe : Flavius Macrobius Ambrosius Theodosius, auteur latin né en Numidie (c. 370- ?) auteur des Saturnales. Voir Saturnales, II, 4, éd. D. Nisard, p. 228. « Cum audisset, inter pueros, quos in Syria Herodes rex Judaeorum intra binatum jussit interfici, filium quoque ejus occisum, ait : Melius est Herodis porcum esse, quam filium. » « Ayant appris que, parmi les enfants de deux ans et au-dessous qu’Hérode, roi des Juifs, avait fait massacrer en Syrie, était compris le propre fils de ce roi, il (Auguste) dit : Il vaut mieux être le porc d’Hérode que son fils ». Texte cité par Jean Boucher, Les Triomphes de la religion chrétienne, IV, XXXV, p. 456.

Fontaine Nicolas, L’histoire du Vieux et du Nouveau Testament, Figure XII, Fuite en Égypte, éd. De Bruxelles, 1747, p. 392. « Jésus se trouvant en sûreté réfugié en Égypte, « Dieu laissa ensuite agir Hérode dans toute l’étendue de sa fureur. Et ce prince par une cruauté dont les peuples les plus barbares auraient eu horreur, fit mourir tous les petits enfants de Bethléem et des lieux voisins, qui étaient au-dessous de deux ans, afin d’envelopper dans cette ruine commune celui qui sans qu’il le connut lui donnait déjà tant de frayeur. C’est à quoi se réduisit la malheureuse politique de ce prince, qui passait alors pour le plus grand esprit de son temps. Un enfant pauvre le fit trembler, et il employa inutilement pour le perdre toute son adresse et toute sa violence. L’entreprise qu’il fit contre cet enfant le rendit vraiment déicide, et il devint l’image de ceux qui veulent étouffer Jésus-Christ dans les âmes pour se conserver une vaine gloire parmi les hommes. Mais c’est dans ces grandes passions que Dieu d’ordinaire exerce ses grands jugements, et qu’il punit divinement ceux qui le combattent, et qui se déclarent ouvertement contre lui. C’est ainsi qu’il se rit en cette rencontre de la cruauté d’Hérode. Il s’en sert pour rendre éternellement heureux ceux que ce tyran voulait perdre : et parmi ce meurtre de tant d’enfants celui qu’on cherchait seul dans ce grand carnage se sauve tout seul. On ne vit jamais mieux que les méchants ne font du mal aux bons qu’autant qu’il plaît à Dieu de leur en donner le pouvoir. Et les chrétiens doivent apprendre de ces exemples à ne regarder que Dieu dans les hommes, et à considérer leur haine ou leur amour comme des moyens dont il se sert pour l’exécution de ses ordres. Tout le monde ensemble ne peut rien contre ce qu’il a résolu de faire. Quand on est assez heureux pour connaître sa volonté, on n’a qu’à la suivre sans rien craindre ; et s’il permet qu’il en arrive du mal, ce mal deviendra notre plus grand bien, comme la cruauté d’Hérode est devenue si avantageuse pour ces petits innocents, quoiqu’en tuant leurs corps il a sanctifié leurs âmes, et a consacré leur mémoire dans la suite de tous les âges. »

En quoi cet épisode du massacre des innocents par Hérode peut-il tenir lieu de preuve de Jésus-Christ ? Le texte de Matthieu explique l’intérêt de Pascal pour cet épisode, comme preuve de Jésus-Christ : le massacre des saints innocents réalisait une ancienne prophétie de Jérémie. En tuant les innocents, Hérode travaille au triomphe du Messie, sans le savoir.

Il est beau de voir cette histoire, dans la mesure où elle manifeste clairement la manière dont Dieu prépare et met en lumière sa Révélation par le moyen même de ses ennemis.

Preuves de Jésus-Christ 19 (Laf. 317, Sel. 348). Qu’il est beau de voir par les yeux de la foi, Darius et Cyrus, Alexandre, les Romains, Pompée et Hérode, agir sans le savoir pour la gloire de l’Évangile.

Prophéties VIII (Laf. 500, Sel. 737). Beau de voir des yeux de la foi l’histoire d’Hérode, de César.