Fragment Preuves de Jésus-Christ n° 24 / 24  – Papier original : RO 489-5

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Preuves de J.-C. n° 351 p. 163 v° / C2 : p. 194

Éditions de Port-Royal : Chap. XVI - Diverses preuves de Jésus-Christ : 1669 et janvier 1670 p. 127-128  / 1678 n° 1 et 2 p. 127-128

Éditions savantes : Faugère II, 322, XIX / Havet XIX.1 / Brunschvicg 802 / Tourneur p. 282-1 / Le Guern 303 / Lafuma 322 / Sellier 353

 

 

 

Les apôtres ont été trompés ou trompeurs. L’un et l’autre est difficile. Car il n’est pas possible de prendre un homme pour être ressuscité.

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Tandis que Jésus-Christ était avec eux, il les pouvait soutenir, mais après cela, s’il ne leur est apparu, qui les a fait agir ?

 

 

Comme le dit saint Paul, I Cor., XV, 17, « si Jésus-Christ n’est point ressuscité, votre foi est donc vaine ». « Si la résurrection du Christ est une fable, une pieuse légende, tout le christianisme en est une aussi » (P. Ernst). Ce fragment évoque un dilemme que Pascal doit détruire pour confirmer les preuves de Jésus-Christ : se plaçant provisoirement du point de vue de l’adversaire, il admet que le Christ ne soit pas ressuscité : si c’est le cas, les incrédules doivent supposer soit que les Apôtres ont été dupés par de fausses apparences, soit qu’ils ont eux-mêmes voulu tromper les autres en dérobant le cadavre du Christ et en inventant une fausse résurrection.

Les deux hypothèses conduisent à des conséquences irrecevables. Ce fragment exclut que les apôtres aient pu être trompés : en premier lieu, il n’est pas possible de croire qu’un homme à la mort et à l’inhumation duquel on a pu assister est ressuscité, et les récits évangéliques témoignent que les apôtres ont été très longs à se rendre à la vérité. D’autre part, la conduite ultérieure des Apôtres montre qu’ils ont été animés d’une foi, d’une audace et d’une sûreté qui ne saurait s’expliquer par des causes purement naturelles.

La seconde branche de l’alternative, qui exclut que les apôtres aient été trompeurs, est traitée dans le fragment Preuves de Jésus-Christ 13 (Laf. 310, Sel. 341).

 

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Fragments connexes

 

Fondement 4 (Laf. 227, Sel. 259). Qu’ont-ils à dire contre la résurrection, et contre l’enfantement d’une Vierge. Qu’est-il plus difficile de produire un homme ou un animal, que de le reproduire. Et s’ils n’avaient jamais vu une espèce d’animaux pourraient-ils deviner s’ils se produisent sans la compagnie les uns des autres ?

Preuves de Jésus-Christ 13 (Laf. 310, Sel. 341). Preuves de Jésus-Christ.

L’hypothèse des apôtres fourbes est bien absurde. Qu’on la suive tout au long, qu’on s’imagine ces douze hommes assemblés après la mort de Jésus-Christ, faisant le complot de dire qu’il est ressuscité. Ils attaquent par là toutes les puissances. Le cœur des hommes est étrangement penchant à la légèreté, au changement, aux promesses, aux biens, si peu que l’un de ceux-là se fût démenti par tous ces attraits, et qui plus est par les prisons, par les tortures et par la mort, ils étaient perdus. Qu’on suive cela.

Preuves par discours II (Laf. 433, Sel. 685). Alors Jésus-Christ vient dire aux hommes qu’ils n’ont point d’autres ennemis qu’eux-mêmes, que ce sont leurs passions qui les séparent de Dieu, qu’il vient pour les détruire, et pour leur donner sa grâce, afin de faire d’eux tous une Église sainte, qu’il vient ramener dans cette Église les païens et les Juifs, qu’il vient détruire les idoles des uns et la superstition des autres. A cela s’opposent tous les hommes, non seulement par l’opposition naturelle de la concupiscence ; mais par-dessus tout, les rois de la terre s’unissent pour abolir cette religion naissante, comme cela avait été prédit [...].

Tout ce qu’il y a de grand sur la terre s’unit, les savants, les sages, les rois. Les uns écrivent, les autres condamnent, les autres tuent. Et nonobstant toutes ces oppositions, ces gens simples et sans force résistent à toutes ces puissances et se soumettent même ces rois, ces savants, ces sages, et ôtent l’idolâtrie de toute la terre. Et tout cela se fait par la force qui l’avait prédit.

Miracles III (Laf. 882, Sel. 444). Athées.

Quelle raison ont-ils de dire qu’on ne peut ressusciter ? Quel est plus difficile de naître ou de ressusciter, que ce qui n’a jamais été soit, ou que ce qui a été soit encore ? Est-il plus difficile de venir en être que d’ y revenir. La coutume nous rend l’un facile, le manque de coutume rend l’autre impossible. Populaire façon de juger.

 

Mots-clés : ApôtresJésus-ChristTromper.