Fragment Preuves de Jésus-Christ n° 8 / 24  – Papier original : RO 59-3

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Preuves de J.-C. n° 338 p. 157 v° / C2 : p. 188

Éditions de Port-Royal : Chap. XVI - Diverses preuves de Jésus-Christ : 1669 et janvier 1670 p. 131  / 1678 n° 6 et 7 p. 130-131

Éditions savantes : Faugère II, 320, XVII / Havet XIX.4 ter / Brunschvicg 638 / Tourneur p. 277-3 / Le Guern 287 / Lafuma 305 / Sellier 336

 

 

 

Preuves de Jésus-Christ.

 

Ce n’est pas avoir été captif que de l’avoir été avec assurance d’être délivré, dans soixante-dix ans, mais maintenant ils le sont sans aucun espoir.

Dieu leur a promis qu’encore qu’il les dispersât aux bouts du monde, néanmoins s’ils étaient fidèles à sa loi il les rassemblerait. Ils y sont très fidèles et demeurent opprimés.

 

 

Ce texte semble proche d’un passage de Hugo Grotius, De veritate religionis christianae, V, XVI (XVII), p. 82, qui développe l’idée que lorsque Dieu conclut alliance avec les Juifs par Moïse, il leur promit qu’ils posséderaient la Terre promise avec tranquillité, tant qu’ils mèneraient une vie conforme à ses préceptes, mais en ajoutant des menaces de bannissement, s’ils venaient à violer ses lois, et qu’ils ne les laisserait revenir chez eux que s’ils venaient à se repentir de leurs crimes. Or « autrefois, le peuple s’étant plongé dans les plus grands vices [...], toute la peine que Dieu leur infligea, fut un exil de 70 ans, pendant lequel, encore, il ne cessa de s’adresser à eux par les prophètes, et de les consoler par l’espérance du retour, dont il leur marqua même le temps. Mais à présent, depuis qu’ils sont privés de leur patrie, ils sont l’objet du mépris de tout le monde. Aucun prophète ne s’élève parmi eux. De quelque côté qu’ils se tournent, ils n’aperçoivent aucune marque qui leur fasse espérer d’être rétablis dans leur pays » (« Cum olim populus gravissimis sceleribus se contaminasset..., passus est exsilium, sed non diutius annis septuaginta, atque interea non omisit Deus per Prophetas illos alloqui et solari spe reditus, indicato etiam ejus tempore. At nunc, ex quo semel ejecti patria sunt, manent extorres, contempti ; nullus ad eos venit Propheta ; nulla futuri reditus significatio »). Dieu a laissé son peuple subir l’exil à Babylone, mais comme l’écrit encore Grotius, ce premier exil n’est rien à côté de celui qui l’afflige depuis 1 500 ans.

 

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Fragments connexes

 

Preuves de Jésus-Christ 14 (Laf. 311, Sel. 342). C’est une chose étonnante et digne d’une étrange attention de voir ce peuple juif subsister depuis tant d’années et de le voir toujours misérable, étant nécessaire pour la preuve de J. C. et qu’il subsiste pour le prouver et qu’il soit misérable, puisqu’ils l’ont crucifié. Et quoiqu’il soit contraire d’être misérable et de subsister, il subsiste néanmoins toujours malgré sa misère.

Preuves de Jésus-Christ 16 (Laf. 314, Sel. 345). Quand Nabuchodonosor emmena le peuple de peur qu’on ne crût que le sceptre fût ôté de Juda il leur fut dit auparavant qu’ils y seraient peu, et qu’ils y seraient, et qu’ils seraient rétablis.

Ils furent toujours consolés par les prophètes ; leurs rois continuèrent.

Mais la seconde destruction est sans promesse de rétablissement, sans prophètes, sans roi, sans consolation, sans espérance parce que le sceptre est ôté pour jamais.

Prophéties 15 (Laf. 335, Sel. 368). La plus grande des preuves de J.-C. sont les prophéties. C’est aussi à quoi Dieu a le plus pourvu, car l’événement qui les a remplies est un miracle subsistant depuis la naissance de l’Église jusques à la fin. Aussi Dieu a suscité des prophètes durant 1.600 ans et pendant 400 ans après il a dispersé toutes ces prophéties avec tous les juifs qui les portaient dans tous les lieux du monde. Voilà quelle a été la préparation à la naissance de J.-C. dont l’Évangile devant être cru de tout le monde, il a fallu non seulement qu’il y ait eu des prophéties pour le faire croire mais que ces prophéties fussent par tout le monde pour le faire embrasser par tout le monde.

Prophéties 21 (Laf. 342, Sel. 374). Prophéties.

Le sceptre ne fut point interrompu par la captivité de Babylone à cause que leur retour était prompt et prédit.

Dossier de travail (Laf. 385, Sel. 4). Mais ce n’était pas assez que les prophéties fussent, il fallait qu’elles fussent distribuées par tous les lieux et conservées dans tous les temps. Et afin qu’on ne prenne point l’avènement pour un effet du hasard il fallait que cela fût prédit. Il est bien plus glorieux au Messie qu’ils soient les spectateurs et même les instruments de sa gloire, outre que Dieu les ait réservés.

 

Mots-clés : Assurance – Captivité – Dieu – Dispersion – Espoir – Fidélité – Loi – Oppression.