Fragment Loi figurative n° 26 / 31  – Papier original : RO 29-4

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Loi figurative n° 312 p. 135 v° / C2 : p. 164

Éditions de Port-Royal : Chap. XIII - Que la Loy estoit figurative : 1669 et janvier 1670 p. 99  / 1678 n° 8 p. 99-100

Éditions savantes : Faugère II, 315, VII / Havet XVI.8 / Michaut 75 / Brunschvicg 545 / Tourneur p. 265-1 / Le Guern 254 / Lafuma 271 / Sellier 302

 

 

 

Jésus-Christ n’a fait autre chose qu’apprendre aux hommes qu’ils s’aimaient eux‑mêmes, qu’ils étaient esclaves, aveugles, malades, malheureux et pécheurs ; qu’il fallait qu’il les délivrât, éclairât, béatifiât et guérît, que cela se ferait en se haïssant soi‑même et en le suivant par la misère et la mort de la croix.

 

 

 

Ce fragment s’inscrit naturellement dans la liasse Loi figurative : ce que les prophètes ont annoncé par figures « de ceinture, de barbe et cheveux brûlés » (Loi figurative 4 - Laf. 248, Sel. 280), le Christ est venu le dire en termes clairs : la nature de l’homme est blessée par le péché, il est esclave de la concupiscence, son amour propre l’aveugle sur lui-même et lui cache sa corruption propre ; mais par l’Évangile, l’homme est susceptible de connaître la vérité, et par la grâce il est susceptible de se convertir, de renoncer à se prendre pour unique objet d’amour, et de trouver le salut par l’imitation de Jésus-Christ.

 

Analyse détaillée...

Fragments connexes

 

Contrariétés 1 (Laf. 119, Sel. 151). Contrariétés.

Après avoir montré la bassesse et la grandeur de l’homme. Que l’homme maintenant s’estime son prix. Qu’il s’aime, car il y a en lui une nature capable de bien ; mais qu’il n’aime pas pour cela les bassesses qui y sont. Qu’il se méprise, parce que cette capacité est vide ; mais qu’il ne méprise pas pour cela cette capacité naturelle. Qu’il se haïsse, qu’il s’aime : il a en lui la capacité de connaître la vérité et d’être heureux ; mais il n’a point de vérité, ou constante, ou satisfaisante.

Fausseté 18 (Laf. 220, Sel. 253). Nulle autre religion n’a proposé de se haïr, nulle autre religion ne peut donc plaire à ceux qui se haïssent et qui cherchent un être véritablement aimable. Et ceux-là s’ils n’avaient jamais ouï parler de la religion d’un Dieu humilié l’embrasseraient incontinent.

Morale chrétienne 18 (Laf. 368, Sel. 401). Membres. Commencer par là. Pour régler l’amour qu’on se doit à soi-même il faut s’imaginer un corps plein de membres pensants, car nous sommes membres du tout, et voir comment chaque membre devrait s’aimer, etc.

Morale chrétienne 22 (Laf. 373, Sel. 405). Il faut n’aimer que Dieu et ne haïr que soi.

Conclusion 4 (Laf. 380, Sel. 412). Ne vous étonnez pas de voir des personnes simples croire sans raisonnement. Dieu leur donne l’amour de soi et la haine d’eux-mêmes.

 

Mots-clés : Amour propreAveugleBéatitude – Croix – Délivrer – Éclairer – Esclave – HaineHommeJésus-ChristMaladeMisèreMort (voir Mourir)Péché.