Fragment Loi figurative n° 31 / 31  – Papier original : RO 31-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Loi figurative n° 317 p. 139 v° / C2 : p. 168

Éditions de Port-Royal : Chap. XVII - Contre Mahomet : 1669 et janvier 1670 p. 133-134  / 1678 n° 3 p. 132-133

Éditions savantes : Faugère II, 334, XLIII et II, 247, VI / Havet XIX.8 et XXV.152 / Brunschvicg 691 / Tourneur p. 268-1 / Le Guern 259 / Lafuma 276 / Sellier 307

 

 

 

De deux personnes qui disent de sots contes, l’un qui voit double sens entendu dans la cabale, l’autre qui n’a que ce sens. Si quelqu’un n’étant pas du secret entend discourir les deux en cette sorte il en fera même jugement. Mais si ensuite dans le reste du discours l’un dit des choses angéliques et l’autre toujours des choses plates et communes, il jugera que l’un parlait avec mystère et non pas l’autre, l’un ayant assez montré qu’il est incapable de telles sottises et capable d’être mystérieux, l’autre qu’il est incapable de mystère et capable de sottise.

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Le vieux testament est un chiffre.

 

 

Pascal assimile l’interprétation des figures du Vieux Testament à l’opération de décryptage d’un chiffre. Il pose dans ce fragment le problème du discernement entre vrais et faux textes chiffrés : comment peut-on savoir, lorsqu’on rencontre un texte incompréhensible ou farci de contradictions, s’il recèle de vrais secrets, ou s’il n’est que l’invention d’un sot incapable dont les discours cabalistiques n’enferment aucune signification réelle ?

 

Analyse détaillée...

Fragments connexes

 

Fausseté 15 (Laf. 217, Sel. 250). Il y a des figures claires et démonstratives, mais il y en a d’autres qui semblent un peu tirées par les cheveux, et qui ne prouvent qu’à ceux qui sont persuadés d’ailleurs. Celles‑là sont semblables aux apocalyptiques.

Mais la différence qu’il y a c’est qu’ils n’en ont point d’indubitables tellement qu’il n’y a rien de si injuste que quand ils montrent que les leurs sont aussi bien fondées que quelques‑unes des nôtres. Car ils n’en ont pas de démonstratives comme quelques-unes des nôtres.

La partie n’est donc pas égale. Il ne faut pas égaler et confondre ces choses parce qu’elles semblent être semblables par un bout, étant si différentes par l’autre. Ce sont les clartés qui méritent, quand elles sont divines, qu’on révère les obscurités.

Fausseté 16 (Laf. 218, Sel. 251). Ce n’est pas par ce qu’il y a d’obscur dans Mahomet et qu’on peut faire passer pour un sens mystérieux que je veux qu’on en juge, mais par ce qu’il y a de clair, par son paradis et par le reste. C’est en cela qu’il est ridicule. Et c’est pourquoi il n’est pas juste de prendre ses obscurités pour des mystères, vu que ses clartés sont ridicules. Il n’en est pas de même de l’Écriture. Je veux bien qu’il y ait des obscurités qui soient aussi bizarres que celles de Mahomet, mais il y a des clartés admirables et des prophéties manifestes et accomplies. La partie n’est donc pas égale. Il ne faut pas confondre et égaler les choses qui ne se ressemblent que par l’obscurité et non pas par la clarté qui mérite qu’on révère les obscurités.

Loi figurative 5 (Laf. 249, Sel. 281). Figuratives. Clé du chiffre.

Loi figurative 7 (Laf. 251, Sel. 283). Qui veut donner le sens de l’Écriture et ne le prend point de l’Écriture est ennemi de l’Écriture.

Loi figurative 13 (Laf. 257, Sel. 289). Tout auteur a un sens auquel tous les passages contraires s’accordent ou il n’a point de sens du tout. On ne peut pas dire cela de l’Écriture et des prophètes : ils avaient assurément trop de bon sens. Il faut donc en chercher un qui accorde toutes les contrariétés.

Loi figurative 20 (Laf. 265, Sel. 296). Figure porte absence et présence, plaisir et déplaisir. Chiffre à double sens. Un clair et où il est dit que le sens est caché.

Loi figurative 23 (Laf. 268, Sel. 299). Figures.

Voilà le chiffre que saint Paul nous donne. La lettre tue. Tout arrivait en figures. Il fallait que le Christ souffrît. Un Dieu humilié.

Loi figurative 27 (Laf. 272, Sel. 303). Nous disons que le sens littéral n’est pas le vrai parce que les prophètes l’ont dit eux-mêmes.

Preuves de Jésus-Christ 12 (Laf. 309, Sel. 340). Preuves de J.-C.

J.-C. a dit les choses grandes si simplement qu’il semble qu’il ne les a pas pensées, et si nettement néanmoins qu’on voit bien ce qu’il en pensait. Cette clarté jointe à cette naïveté est admirable.

Pensées diverses (Laf. 557, Sel. 465). Les langues sont des chiffres où, non les lettres sont changées en lettres, mais les mots en mots. De sorte qu’une langue inconnue est déchiffrable.

 

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