Fragment Misère n° 21 / 24 – Papier original :  RO 75-4

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Misère n° 100 p. 21 / C2 : p. 40

Éditions savantes : Faugère I, 226, CLIX / Havet XXV.60 / Brunschvicg 66 / Tourneur p. 187-2 / Le Guern 68 / Maeda III p. 143 / Lafuma 72 / Sellier 106

 

 

 

Il faut se connaître soi‑même. Quand cela ne servirait pas à trouver le vrai, cela au moins sert à régler sa vie. Et il n’y a rien de plus juste.

 

 

 

Pascal prend ici ironiquement la défense de l’une des plus anciennes maximes de la pensée grecque, mais il en donne une justification qui la prive de sa portée scientifique : se connaître soi-même n’apporte pas de véritable lumière sur l’homme, mais permet au mieux de régler sa vie.

 

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Fragments connexes

 

Misère 9 (Laf. 60, Sel. 94). Sur quoi fondera-t-il l’économie du monde qu’il veut gouverner ? Sera‑ce sur le caprice de chaque particulier ? Quelle confusion ! Certainement s’il la connaissait il n’aurait pas établi cette maxime, la plus générale de toutes celles qui sont parmi les hommes, que chacun suive les mœurs de son pays. 

Pensées diverses (Laf. 687, Sel. 566). J’avais passé longtemps dans l’étude des sciences abstraites et le peu de communication qu’on en peut avoir m’en avait dégoûté. Quand j’ai commencé l’étude de l’homme, j’ai vu que ces sciences abstraites ne sont pas propres à l’homme, et que je m’égarais plus de ma condition en y pénétrant que les autres en l’ignorant. J’ai pardonné aux autres d’y peu savoir, mais j’ai cru trouver au moins bien des compagnons en l’étude de l’homme et que c’est le vrai étude qui lui est propre. J’ai été trompé. Il y en a encore moins qui l’étudient que la géométrie. Ce n’est que manque de savoir étudier cela qu’on cherche le reste. Mais n’est-ce pas que ce n’est pas encore là la science que l’homme doit avoir, et qu’il lui est meilleur de s’ignorer pour être heureux.

Pensées diverses (Laf. 688, Sel. 567). Qu’est-ce que le moi ?

 

Amour propre (Laf. 978, Sel. 743). C'est sans doute un mal que d'être plein de défauts ; mais c'est encore un plus grand mal que d'en être plein et de ne les vouloir pas reconnaître, puisque c'est y ajouter encore celui d'une illusion volontaire. […] Nous haïssons la vérité, on nous la cache ; nous voulons être flattés, on nous flatte ; nous aimons à être trompés, on nous trompe.

 

Mots-clés : ConnaissanceJusteMoiRègleVrai.