L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 159

que nous ne rêvons point, quelque

impuissance où nous soyons de le

prouver par raison. Cette impuissance

ne conclut autre chose que la faiblesse

de notre raison, mais non pas l’incertitude

de toutes nos connaissances,

comme ils le prétendent. Car la connaissance

des premiers principes, comme,

par exemple, qu’il y a espace,

temps, mouvement, nombre, matière,

est aussi ferme qu’aucune de celles

que nos raisonnements nous donnent.

Et c’est sur ces connaissances

d’intelligence et de sentiment qu’il

faut que la raison s’appuie, et qu’elle

fonde tout son discours. Je sens

qu’il y a trois dimensions dans l’espace,

et que les nombres sont infinis ; et

la raison démontre ensuite qu’il n’y

a point deux nombres carrés dont

l’un soit double de l’autre. Les principes

se sentent ; les propositions se concluent ;

le tout avec certitude, quoique

par différentes voies. Et il est

aussi ridicule que la raison demande

au sentiment, et à l’intelligence, des

preuves de ces premiers principes

pour y consentir, qu’il serait ridicule

que l’intelligence demandât à la

 

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