Pensées - page 163
qui en est le comble éternel.
C’est une chose étrange, qu’il n’y a
rien dans la nature qui n’ait été capable
de tenir la place de la fin et du
bonheur de l’homme, astres, éléments,
plantes, animaux, insectes,
maladies, guerre, vices, crimes, etc.
L’homme étant déchu de son état
naturel, il n’y a rien à quoi il n’ait
été capable de se porter. Depuis qu’il
a perdu le vrai bien, tout également
peut lui paraître tel, jusqu’à sa destruction
propre, toute contraire qu’elle
est à la raison et à la nature tout
ensemble.
Les uns ont cherché la félicité dans
l’autorité, les autres dans les curiosités
et dans les sciences, les autres
dans les voluptés. Ces trois concupiscences
ont fait trois sectes, et ceux
qu’on appelle Philosophes n’ont fait
effectivement que suivre une des
trois. Ceux qui en ont le plus approché
ont considéré, qu’il est nécessaire
que le bien universel que tous les
hommes désirent, et où tous doivent
avoir part, ne soit dans aucune des
choses particulières qui ne peuvent
être possédées que par un seul, et |