L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 163

qui en est le comble éternel.

C’est une chose étrange, qu’il n’y a

rien dans la nature qui n’ait été capable

de tenir la place de la fin et du

bonheur de l’homme, astres, éléments,

plantes, animaux, insectes,

maladies, guerre, vices, crimes, etc.

L’homme étant déchu de son état

naturel, il n’y a rien à quoi il n’ait

été capable de se porter. Depuis qu’il

a perdu le vrai bien, tout également

peut lui paraître tel, jusqu’à sa destruction

propre, toute contraire qu’elle

est à la raison et à la nature tout

ensemble.

Les uns ont cherché la félicité dans

l’autorité, les autres dans les curiosités

et dans les sciences, les autres

dans les voluptés. Ces trois concupiscences

ont fait trois sectes, et ceux

qu’on appelle Philosophes n’ont fait

effectivement que suivre une des

trois. Ceux qui en ont le plus approché

ont considéré, qu’il est nécessaire

que le bien universel que tous les

hommes désirent, et où tous doivent

avoir part, ne soit dans aucune des

choses particulières qui ne peuvent

être possédées que par un seul, et

 

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