L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 179

 

 

 

 

XXIV.

Vanité de l’homme.

 

1. Nous ne nous contentons pas

de la vie que nous avons en

nous, et en notre propre être : nous

voulons vivre dans l’idée des autres

d’une vie imaginaire ; et nous nous

efforçons pour cela de paraître.

Nous travaillons incessamment à embellir

et conserver cet être imaginaire,

et négligeons le véritable. Et

si nous avons ou la tranquillité, ou

la générosité, ou la fidélité, nous

nous empressons de le faire savoir,

afin d’attacher ces vertus à cet être

d’imagination : nous les détacherions

plutôt de nous pour les y joindre ;

et nous serions volontiers poltrons,

pour acquérir la réputation d’être

vaillants. Grande marque du néant

de notre propre être, de n’être pas

satisfaits de l’un sans l’autre, et de renoncer

souvent à l’un pour l’autre !

Car qui ne mourrait pour conserver

 

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