Pensées - page 225
avait de véritables. Si jamais il n’y en
avait eu, et que tous les maux eussent
été incurables, il est impossible que
les hommes se fussent imagin[é] qu’ils
en pourraient donner ; et encore plus
que tant d’autres eussent donné créance
à ceux qui se fussent vantés d’en avoir.
De même que si un homme se
vantait d’empêcher de mourir, personne
ne le croirait, parce qu’il n’y a
aucun exemple de cela. Mais comme
il y a eu quantité de remèdes qui se
sont trouvés véritables par la connaissance
même des plus grands hommes,
la créance des hommes s’est pliée
par là ; parce que la chose ne pouvant
être niée en général, puisqu’il y a
des effets particuliers qui sont véritables,
le peuple qui ne peut pas discerner
lesquels d’entre ces effets particuliers
sont les véritables, les croit
tous. De même ce qui fait qu’on
croit tant de faux effets de la Lune,
c’est qu’il y en a de vrais, comme le
flux de la mer.
Ainsi il me paraît aussi évidemment
qu’il n’y a tant de faux miracles,
de fausses révélations, de sortilèges,
etc. que parce qu’il y en a de |