L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 225

avait de véritables. Si jamais il n’y en

avait eu, et que tous les maux eussent

été incurables, il est impossible que

les hommes se fussent imagin[é] qu’ils

en pourraient donner ; et encore plus

que tant d’autres eussent donné créance

à ceux qui se fussent vantés d’en avoir.

De même que si un homme se

vantait d’empêcher de mourir, personne

ne le croirait, parce qu’il n’y a

aucun exemple de cela. Mais comme

il y a eu quantité de remèdes qui se

sont trouvés véritables par la connaissance

même des plus grands hommes,

la créance des hommes s’est pliée

par là ; parce que la chose ne pouvant

être niée en général, puisqu’il y a

des effets particuliers qui sont véritables,

le peuple qui ne peut pas discerner

lesquels d’entre ces effets particuliers

sont les véritables, les croit

tous. De même ce qui fait qu’on

croit tant de faux effets de la Lune,

c’est qu’il y en a de vrais, comme le

flux de la mer.

Ainsi il me paraît aussi évidemment

qu’il n’y a tant de faux miracles,

de fausses révélations, de sortilèges,

etc. que parce qu’il y en a de

 

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