Pensées - page 226
vrais ; ni de fausses Religions, que
parce qu’il y en a une véritable. Car
s’il n’y avait jamais eu rien de tout
cela, il est comme impossible que les
hommes se le fussent imaginé, et encore
plus que tant d’autres l’eussent
cru. Mais comme il y a eu de très
grandes choses véritables, et qu’ainsi
elles ont été crues par de grands hommes,
cette impression a été cause que
presque tout le monde s’est rendu capable
de croire aussi les fausses. Et
ainsi au lieu de conclure, qu’il n’y a
point de vrais miracles, puisqu’il y
en a de faux ; il faut dire au contraire,
qu’il y a de vrais miracles, puisqu’il
y en a tant de faux, et qu’il n’y en
a de faux que par cette raison qu’il y
en a de vrais ; et qu’il n’y a de même
de fausses Religions, que parce
qu’il y en a une véritable. Cela vient
de ce que l’esprit de l’homme se trouvant
plié de ce côté-là par la vérité,
devient susceptible par là de toutes
les faussetés.
17. Il est dit : croyez à l’Église ;
mais il n’est pas dit : croyez aux miracles ;
à cause que le dernier est naturel,
et non pas le premier. L’un avait besoin |