L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 226

vrais ; ni de fausses Religions, que

parce qu’il y en a une véritable. Car

s’il n’y avait jamais eu rien de tout

cela, il est comme impossible que les

hommes se le fussent imaginé, et encore

plus que tant d’autres l’eussent

cru. Mais comme il y a eu de très

grandes choses véritables, et qu’ainsi

elles ont été crues par de grands hommes,

cette impression a été cause que

presque tout le monde s’est rendu capable

de croire aussi les fausses. Et

ainsi au lieu de conclure, qu’il n’y a

point de vrais miracles, puisqu’il y

en a de faux ; il faut dire au contraire,

qu’il y a de vrais miracles, puisqu’il

y en a tant de faux, et qu’il n’y en

a de faux que par cette raison qu’il y

en a de vrais ; et qu’il n’y a de même

de fausses Religions, que parce

qu’il y en a une véritable. Cela vient

de ce que l’esprit de l’homme se trouvant

plié de ce côté-là par la vérité,

devient  susceptible par là de toutes

les faussetés.

17.  Il est dit : croyez à l’Église ;

mais il n’est pas dit : croyez aux miracles ;

à cause que le dernier est naturel,

et non pas le premier. L’un avait besoin

 

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