L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 285

les nôtres. Ils sont tous à même niveau,

et s’appuient sur la même

terre ; et par cette extrémité ils sont

aussi abaissés que nous, que les enfants,

que les bêtes.

39.  C’est le combat qui nous

plaît, et non pas la victoire. On aime

à voir les combats des animaux,

non le vainqueur acharné sur le vaincu.

Que voulait-on voir, sinon la fin

de la victoire ? Et dès qu’elle est arrivée,

on en est saoul. Ainsi dans le

jeu ; ainsi dans la recherche de la vérité.

On aime à voir dans les disputes

le combat des opinions ; mais de contempler

la vérité trouvée, point du

tout. Pour la faire remarquer avec

plaisir, il faut la faire voir naissant de

la dispute. De même dans les passions,

il y a du plaisir à en voir deux

contraires se heurter ; mais quand l’une

est maîtresse, ce n’est plus que

brutalité. Nous ne cherchons jamais

les choses, mais la recherche des

choses. Ainsi dans la comédie les scènes

contentes sans crainte ne valent

rien, ni les extrêmes misères sans espérance,

ni les amours brutales.

40.  On n’apprend pas aux hommes

 

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