Pensées - page 285
les nôtres. Ils sont tous à même niveau,
et s’appuient sur la même
terre ; et par cette extrémité ils sont
aussi abaissés que nous, que les enfants,
que les bêtes.
39. C’est le combat qui nous
plaît, et non pas la victoire. On aime
à voir les combats des animaux,
non le vainqueur acharné sur le vaincu.
Que voulait-on voir, sinon la fin
de la victoire ? Et dès qu’elle est arrivée,
on en est saoul. Ainsi dans le
jeu ; ainsi dans la recherche de la vérité.
On aime à voir dans les disputes
le combat des opinions ; mais de contempler
la vérité trouvée, point du
tout. Pour la faire remarquer avec
plaisir, il faut la faire voir naissant de
la dispute. De même dans les passions,
il y a du plaisir à en voir deux
contraires se heurter ; mais quand l’une
est maîtresse, ce n’est plus que
brutalité. Nous ne cherchons jamais
les choses, mais la recherche des
choses. Ainsi dans la comédie les scènes
contentes sans crainte ne valent
rien, ni les extrêmes misères sans espérance,
ni les amours brutales.
40. On n’apprend pas aux hommes |