Pensées - page 327
nous surpasse visiblement. Mais
comme c’est nous qui surpassons les
petites choses, nous nous croyons plus
capables de les posséder. Et cependant
il ne faut pas moins de capacité pour
aller jusqu’au néant que jusqu’au tout.
Il la faut infinie dans l’un et dans
l’autre : et il me semble que qui aurait
compris les derniers principes des
choses, pourrait aussi arriver jusqu’à
connaître l’infini. L’un dépend de
l’autre, et l’un conduit à l’autre. Les
extrémités se touchent, et se réunissent
à force de s’être éloignées, et se
retrouvent en Dieu, et en Dieu seulement.
Si l’homme commençait par s’étudier
lui-même, il verrait combien il
est incapable de passer outre. Comment
se pourrait-il faire qu’une partie
connût le tout ? Il aspirera peut-
être à connaître au moins les parties
avec lesquelles il a de la proportion.
Mais les parties du monde ont toutes
un tel rapport, et un tel enchaînement
l’une avec l’autre, que je crois
impossible de connaître l’une sans
l’autre et sans le tout.
L’homme, par exemple, a rapport |