L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 34

contrariétés qui s’y rencontrent.

S’il y a un seul principe de

tout, une seule fin de tout, il faut que

la vraie Religion nous enseigne à

n’adorer que lui, et à n’aimer que

lui. Mais comme nous nous trouvons

dans l’impuissance d’adorer ce

que nous ne connaissons pas, et d’aimer

autre chose que nous ; il faut que

la Religion qui instruit de ces devoirs,

nous instruise aussi de cette impuissance,

et qu’elle nous en apprenne les remèdes.

Il faut pour rendre l’homme heureux

qu’elle lui montre qu’il y a un

Dieu, qu’on est obligé de l’aimer,

que notre véritable félicité est d’être

à lui, et notre unique mal d’être

séparé de lui ; qu’elle nous apprenne

que nous sommes pleins de ténèbres

qui nous empêchent de le connaître

et de l’aimer, et qu’ainsi nos devoirs

nous obligeant d’aimer Dieu, et notre

concupiscence nous en détournant,

nous sommes pleins d’injustice. Il faut

qu’elle nous rende raison de l’opposition

que nous avons à Dieu et à notre

propre bien. Il faut qu’elle nous en

enseigne les remèdes, et les moyens

 

 

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