Pensées - page 4
nous touche si profondément, qu’il
faut avoir perdu tout sentiment pour
être dans l’indifférence de savoir ce
qui en est. Toutes nos actions et toutes
nos pensées doivent prendre des
routes si différentes selon qu’il y aura
des biens éternels à espérer ou non,
qu’il est impossible de faire une démarche
avec sens et jugement qu’en
la réglant par la vue de ce point qui
doit être notre dernier objet.
Ainsi notre premier intérêt et notre
premier devoir est de nous éclaircir
sur ce sujet d’où dépend toute notre
conduite. Et c’est pourquoi parmi
ceux qui n’en sont pas persuadés,
je fais une extrême différence entre
ceux qui travaillent de toutes leurs
forces à s’en instruire, et ceux qui vivent
sans s’en mettre en peine et sans
y penser.
Je ne puis avoir que de la compassion
pour ceux qui gémissent sincèrement
dans ce doute, qui le regardent
comme le dernier des malheurs, et
qui n’épargnant rien pour en sortir
font de cette recherche leur principale
et leur plus sérieuse occupation.
Mais pour ceux qui passent leur vie
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