L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 56

détournent de cette foi, qui sont principalement

les passions et les vains amusements.

 

1. L’unité jointe à l’infini ne l’augmente

de rien, non plus qu’un

pied à une mesure infinie. Le fini s’anéantit

en présence de l’infini, et devient

un pur néant. Ainsi notre esprit

devant Dieu ; ainsi notre justice

devant la justice divine.

Il n’y a pas si grande disproportion

entre l’unité et l’infini, qu’entre notre

justice et celle de Dieu.

2.  Nous connaissons qu’il y a

un infini, et ignorons sa nature. Comme,

par exemple, nous savons qu’il

est faux que les nombres soient finis.

Donc il est vrai qu’il y a un infini en

nombre. Mais nous ne savons ce

qu’il est. Il est faux qu’il soit pair, il

est faux qu’il soit impair ; car en ajoutant

l’unité il ne change point de nature.

Ainsi on peut bien connaître

qu’il y a un Dieu, sans savoir ce qu’il

est : et vous ne devez pas conclure

qu’il n’y a point de Dieu, de ce que

nous ne connaissons pas parfaitement

sa nature.

 

 

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