L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 66

tâcherais seulement à découvrir la

vérité.

Ainsi considérant combien il y a

d’apparence qu’il y a autre chose que

ce que je vois, j’ai recherché si ce

Dieu dont tout le monde parle n’aurait

point laissé quelques marques de

lui. Je regarde de toutes parts, et ne

vois partout qu’obscurité. La nature

ne m’offre rien qui ne soit matière

de doute et d’inquiétude. Si je n’y

voyais rien qui marquât une divinité,

je me déterminerais à n’en rien croire.

Si je voyais partout les marques d’un

Créateur, je reposerais en paix dans

la foi. Mais voyant trop pour nier, et

trop peu pour m’assurer, je suis dans

un état à plaindre, et où j’ai souhaité

cent fois que si un Dieu soutient la

nature, elle le marquât sans équivoque,

et que si les marques qu’elle

en donne sont trompeuses, elle les

supprimât tout à fait ; qu’elle dît

tout, ou rien ; afin que je visse quel

parti je dois suivre. Au lieu qu’en l’état

où je suis, ignorant ce que je suis,

et ce que je dois faire, je ne connais

ni ma condition, ni mon devoir. Mon

cœur tend tout entier à connaître où

 

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