Pensées - page 7
indispensable de chercher quand on
y est. Ainsi celui qui doute et qui ne
cherche pas est tout ensemble et bien
injuste, et bien malheureux. Que s’il
est avec cela tranquille et satisfait,
qu’il en fasse profession : et enfin qu’il
en fasse vanité, et que ce soit de cet
état même qu’il fasse le sujet de sa
joie et de sa vanité, je n’ai point
de termes pour qualifier une si extravagante
créature.
Où peut-on prendre ces sentiments ?
Quel sujet de joie trouve-t-on à n’attendre
plus que des misères sans ressource ?
Quel sujet de vanité de se voir
dans des obscurités impénétrables ?
Quelle consolation de n’attendre jamais
de consolateur ?
Ce repos dans cette ignorance est
une chose monstrueuse, et dont il faut
faire sentir l’extravagance et la stupidité
à ceux qui y passent leur vie, en
leur représentant ce qui se passe en
eux-mêmes, pour les confondre par
la vue de leur folie. Car voici comment
raisonnent les hommes quand
ils choisissent de vivre dans cette ignorance
de ce qu’ils sont, et sans en
rechercher d’éclaircissement.
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