Fragment Perpétuité n° 2 / 11  – Papier original : RO 283-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Perpétuité n° 321 p. 145 / C2 : p. 175

Éditions de Port-Royal : Chap. II - Marques de la véritable Religion : 1669 et janvier 1670 p. 25 / 1678

n° 9 p. 23-24

Éditions savantes : Faugère II, 201, XX / Havet XI.6 / Brunschvicg 614 / Tourneur p. 271-1 / Le Guern 263 / Lafuma 280 / Sellier 312

 

 

 

Les États périraient si on ne faisait ployer souvent les lois à la nécessité, mais jamais la religion n’a souffert cela et n’en a usé. Aussi il faut ces accommodements ou des miracles.

Il n’est pas étrange qu’on se conserve en ployant, et ce n’est pas proprement se maintenir. Et encore périssent‑ils enfin entièrement. Il n’y en a point qui ait duré mille ans. Mais que cette religion se soit toujours maintenue et inflexible, cela est divin.

 

 

Pascal souligne dans ce fragment la disproportion qui sépare les États politiques de l’Église. Alors que les royaumes et les empires sont contraints de se transformer et d’évoluer pour s’adapter à l’évolution historique, l’Église conserve depuis toujours, et jusque dans les changements de ses cérémonies, un même esprit conforme à celui de l’Église primitive. Pascal voit dans cette perpétuité la marque d’une « force toute-puissante qui [la] cause »

 

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Fragments connexes

 

Perpétuité 3 (Laf. 281, Sel. 313). Perpétuité.

Cette religion qui consiste à croire que l’homme est déchu d’un état de gloire et de communication avec Dieu en un état de tristesse, de pénitence et d’éloignement de Dieu, mais qu’après cette vie nous serons rétablis par un Messie qui devait venir, a toujours été sur la terre. Toutes choses ont passé et celle-là a subsisté par laquelle sont toutes choses. [...] Mille fois elle a été à la veille d’une destruction universelle, et toutes les fois qu’elle a été en cet état Dieu l’a relevée par des coups extraordinaires de sa puissance. Car ce qui est étonnant est qu’elle s’est maintenue sans fléchir et plier sous la volonté des tyrans, car il n’est pas étrange qu’un état subsiste lorsque l’on fait quelquefois céder ses lois à la nécessité ; mais que...

Perpétuité 6 (Laf. 284, Sel. 316). La seule religion contre la nature, contre le sens commun, contre nos plaisirs est la seule qui ait toujours été.

Perpétuité 7 (Laf. 285, Sel. 317). Si l’ancienne Église était dans l’erreur, l’Église est tombée. Quand elle y serait aujourd’hui ce n’est pas de même car elle a toujours la maxime supérieure de la tradition de la créance de l’ancienne Église. Et ainsi cette soumission et cette conformité à l’ancienne Église prévaut et corrige tout. Mais l’ancienne Église ne supposait pas l’Église future et ne la regardait pas, comme nous supposons et regardons l’ancienne.

Preuves par discours I (Laf. 425, Sel. 680). La seule science qui est contre le sens commun et la nature des hommes est la seule qui ait toujours subsisté parmi les hommes.

Pensées diverses (Laf. 708, Sel. 586). Papes.

Les rois disposent de leur empire, mais les papes ne peuvent disposer du leur.

Pensées diverses (Laf. 743, Sel. 617). Il y a plaisir d’être dans un vaisseau battu de l’orage lorsqu’on est assuré qu’il ne périra point ; les persécutions qui travaillent l’Église sont de cette nature.

Pensées diverses (Laf. 776, Sel. 641). L’histoire de l’Église doit proprement être appelée l’histoire de la vérité.

Miracles III (Laf. 877, Sel. 441). [...] La manière dont l’Église a subsisté est que la vérité a été sans contestation ou si elle a été contestée, il y a eu le pape, et sinon il y a eu l’Église.

Miracles III (Laf. 894, Sel. 448). Les trois marques de la religion : la perpétuité, la bonne vie, les miracles.

Ils détruisent la perpétuité par la probabilité, la bonne vie par leur morale, les miracles en détruisant ou leur vérité, ou leur conséquence.

Si on les croit l’Église n’aura que faire de perpétuité, sainteté, ni miracles.

 

Laf. 963, Sel. 797 (note préparatoire aux Provinciales). Vous ignorez les prophéties si vous ne savez que tout cela doit arriver, princes, prophètes, pape, et même les prêtres ; et néanmoins l’Église doit subsister.

Par la grâce de Dieu nous n’en sommes pas là, malheur à ces prêtres. Mais nous espérons que Dieu nous fera la miséricorde que nous n’en serons point.

 

Mots-clés : Divin – ÉtatLoiMiracleNécessitéPérirReligion.