Fragment Perpétuité n° 4 / 11  – Papier original : RO 237-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Perpétuité n° 323 p. 147 / C2 : p. 177

Éditions de Port-Royal : Chap. II - Marques de la véritable Religion : 1669 et janvier 1670 p. 25-26  / 1678 n° 11 p. 24-25

Éditions savantes : Faugère II, 201, XXI / Havet XI.7 / Brunschvicg 616 / Tourneur p. 272-1 / Le Guern 265 / Lafuma 282 / Sellier 314

 

 

 

Perpétuité.

 

Le Messie a toujours été cru. La tradition d’Adam était encore nouvelle en Noé et en Moïse. Les prophètes l’ont prédit depuis en prédisant toujours d’autres choses dont les événements qui arrivaient de temps en temps à la vue des hommes marquaient la vérité de leur mission, et par conséquent celle de leurs promesses touchant le Messie. Jésus-Christ a fait des miracles et les apôtres aussi, qui ont converti tous les païens, et par là toutes les prophéties étant accomplies le Messie est prouvé pour jamais.

 

 

Dans ce fragment, Pascal coordonne plusieurs lignes d’argumentation qui vont être associées dans les liasses suivantes en une sorte de nexus rationum : à la perpétuité de la religion chrétienne sont liées les prophéties, celles qui annoncent le Messie, mais aussi les prophéties fondées sur des figures particulières, qui sont destinées à corroborer les premières. Les miracles du Christ, l’expansion de l’évangélisation et les conversions qui s’ensuivirent sont autant de faits incontestables qui montrent que non seulement le Messie a été cru depuis les origines, mais que tout un faisceau de preuves confirme cette croyance.

 

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Fragments connexes

 

Perpétuité 3 (Laf. 281, Sel. 313). Perpétuité.

Cette religion qui consiste à croire que l'homme est déchu d'un état de gloire et de communication avec Dieu en un état de tristesse, de pénitence et d'éloignement de Dieu, mais qu'après cette vie nous serons rétablis par un Messie qui devait venir, a toujours été sur la terre.

Toutes choses ont passé et celle-là a subsisté par laquelle sont toutes choses. 

Les hommes dans le premier âge du monde ont été emportés dans toutes sortes de désordres, et il y avait cependant des saints comme Enoch, Lamech, et d'autres qui attendaient en patience le Christ promis dès le commencement du monde. Noé a vu la malice des hommes au plus haut degré et il a mérité de sauver le monde en sa personne par l'espérance du Messie, dont il a été la figure. Abraham était environné d'idolâtres quand Dieu lui a fait connaître le mystère du Messie qu'il a salué de loin ; au temps d'Isaac et de Jacob, l'abomination était répandue sur toute la terre, mais ces saints vivaient en leur foi, et Jacob mourant et bénissant ses enfants s'écrie par un transport qui lui fait interrompre son discours : j'attends, ô mon Dieu, le sauveur que vous avez promis, salutare tuum expectabo domine.

Dossier de travail (Laf. 390, Sel. 9). Perpétuité.

Qu’on considère que depuis le commencement du monde, l’attente ou l’adoration du Messie subsiste sans interruption, qu’il s’est trouvé des hommes qui ont dit que Dieu leur avait révélé, qu’il devait naître un Rédempteur qui sauverait son peuple. Qu’Abraham est venu ensuite dire qu’il avait eu révélation qu’il naîtrait de lui par un fils qu’il aurait, que Jacob a déclaré que de ses douze enfants il naîtrait de Juda, que Moïse et les prophètes sont venus ensuite déclarer le temps et la manière de sa venue. Qu’ils ont dit que la loi qu’ils avaient n’était qu’en attendant celle du Messie, que jusques là elle serait perpétuelle, mais que l’autre durerait éternellement, qu’ainsi leur loi ou celle du Messie dont elle était la promesse serait toujours sur la terre, qu’en effet elle a toujours duré, qu’enfin est venu J.-C. dans toutes les circonstances prédites. Cela est admirable.

Preuves par les Juifs IV (Laf. 454, Sel. 694). Je vois la religion chrétienne fondée sur une religion précédente, où voici ce que je trouve d'effectif. Je ne parle point ici des miracles de Moïse, de J.-C. et des apôtres, parce qu'ils ne paraissent pas d'abord convaincants et que je ne veux que mettre ici en évidence tous les fondements de cette religion chrétienne qui sont indubitables, et qui ne peuvent être mis en doute par quelque personne que ce soit.

Pensées diverses (Laf. 819, Sel. 660). Les prophéties mêlées des choses particulières et de celles du Messie afin que les prophéties du Messie ne fussent pas sans preuve et que les prophéties particulières ne fussent pas sans fruit.

 

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