Fragment Philosophes n° 4 / 8 – Papier original : RO 191-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Philosophes n° 195 p. 61 / C2 : p. 85-86

Éditions de Port-Royal : Chap. XXIX - Pensées morales : 1669 et janv. 1670 p. 292-293 / 1678 n° 50 p. 289-290

Éditions savantes : Faugère II, 95, XIII / Havet XXIV.61 bis / Brunschvicg 463 / Tourneur p. 214-2 / Le Guern 132 / Lafuma 142 / Sellier 175

 

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal

 

Chap. XXIX - Pensées morales : 1669 et janv. 1670 p. 292-293 / 1678 n° 50 p. 289-290

       

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. janvier 1670 1

Transcription du manuscrit

 

 

 

 Les Platoniciens, et même Épictète et ses sectateurs croient que Dieu est seul digne d’être aimé et admiré ; et cependant ils ont désiré d’être aimés et admirés des hommes. Ils ne connaissent pas leur corruption. S’ils se sentent portés à l’aimer et à l’adorer, et qu’ils y trouvent leur principale joie, qu’ils s’estiment bons à la bonne heure. Mais s’ils y sentent de la répugnance ; s’ils n’ont aucune pente qu’à se vouloir établir dans l’estime des hommes ; et que pour toute perfection ils fassent seulement que sans forcer les hommes ils leurs fassent trouver leur bonheur à les aimer ; je dirai que cette perfection est horrible. Quoi, ils ont connu Dieu, et n’ont pas désiré uniquement que les hommes l’aimassent : ils ont voulu que les hommes s’arrêtassent à eux : ils ont voulu être l’objet du bonheur volontaire des hommes.

 

 

Philosophes.

 

Ils croient que Dieu est seul digne d’être aimé et d’être admiré, et ont désiré d’être aimés et admirés des hommes. Et ils ne connaissent pas leur corruption. S’ils se sentent pleins de sentiments pour l’aimer et l’adorer, et qu’ils y trouvent leur joie principale, qu’ils s’estiment bons, à la bonne heure. Mais s’ils s’y trouvent répugnants, s’[ils] n’[ont] aucune pente qu’à se vouloir établir dans l’estime des hommes et que pour toute perfection ils fassent seulement que, sans forcer les hommes, ils leur fassent trouver leur bonheur à les aimer, je dirai que cette perfection est horrible. Quoi, ils ont connu Dieu, et n’ont pas désiré uniquement que les hommes l’aimassent, que les hommes s’arrêtassent à eux ! Ils ont voulu être l’objet du bonheur volontaire des hommes.

 

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

 

Commentaire

 

L’ajout de l’expression ils ont voulu est due aux Copies C1 et C2.

L’édition de Port-Royal ajoute au texte de Pascal une allusion à Platon et à ses disciples qui ne s’y trouvait pas : « Les Platoniciens, et même Épictète et ses sectateurs croient que Dieu est seul digne d’être aimé, et admiré ». Il y a là quelque chose de surprenant, car la philosophie de Platon est très différente de celle des stoïciens, et Pascal lui-même devait en avoir conscience, puisqu’il n’a pas invoqué le nom de Platon dans ce texte. Voir le dossier sur Platon.