Fragment Philosophes n° 2 / 8 – Le papier original est perdu

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Philosophes n° 193 p. 61 / C2 : p. 85

Éditions savantes : Faugère II, 315, VI (note) / Michaut 428 / Brunschvicg 466 / Le Guern 130 / Lafuma 140 / Sellier 173

______________________________________________________________________________________

 

 

Bibliographie

 

DIOGÈNE LAËRCE, Vies et doctrines des philosophes illustres, éd. M.-O. Goulet-Cazé, Paris, Livre de Poche, 1999, p. 789 sq.

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993, p. 231.

MONTAIGNE, Essais, éd. Balsamo et alii, I, 25 ; III, 5 ; III, 10.

RIVAUD Albert, Histoire de la philosophie, I, Des origines à la scolastique, Presses Universitaires de France, Paris, 1948, p. 362 sq.

 

Éclaircissements

 

Les vices de Zénon mêmes.

 

Le fragment est d’autant plus difficile à interpréter que c’est la seule allusion explicite à Zénon dans les Pensées. Zénon de Citium (qui ne doit pas être confondu avec Zénon d’Élée) est le fondateur du stoïcisme ; il est contemporain d’Épicure. Dans la tradition stoïcienne il incarne le sage mythique doué de la plus haute perfection. En revanche, les mœurs de Zénon sont invoquées à plusieurs reprises dans les Essais de Montaigne, en  termes moins avantageux : Essais, I, 25, p. 179, fait allusion aux « mignons » de Zénon ; Essais, III, 5, p. 921-922, note que Zénon n’usait des jeunes filles qu’avec la plus grande discrétion ; et Essais, III, 10, p. 1061, mentionne l’amour de Zénon pour Chrémonidès. Ces renseignements remontent à Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, éd. M.-O. Goulet-Cazé, Paris, Livre de Poche, 1999, p. 789 sq. Voir p. 798, sur le fait que Zénon ne recourait pas aux femmes, mais seulement aux jeunes garçons, sauf une fois ou deux à une jeune servante pour ne pas paraître misogyne. Toutefois, il considère que la fréquentation régulière des jeunes garçons ne développe pas l’intelligence des maîtres : p. 802.

Brunschvicg comprend que « les vices de Zénon témoignent de l’impuissance du stoïcisme à assurer la vertu et le bonheur. » Autrement dit, si même Zénon était vicieux, que valent les stoïciens de rang inférieur ? Cependant Brunschvicg ajoute : « D’ailleurs si les vices de Zénon font allusion aux anecdotes que Pascal a pu trouver dans Montaigne sur Zénon, il faut avouer que l’expression est singulièrement dure. Zénon a vécu au milieu du monde grec, comme Socrate ; mais rien dans sa vie ne semble avoir démenti sa doctrine ».

Cette interprétation serait aisément recevable si les Copies ne donnaient pas le mot mêmes au pluriel, ce qui suppose que Pascal avait plutôt dans l’esprit les vices de Zénon eux-mêmes que même les vices de Zénon. Le caractère elliptique de l’expression ne permet guère d’aller plus loin.