La liasse PROPHÉTIES (suite)

 

 

Prophéties et l’édition de Port-Royal

 

Le chapitre XV, intitulé Preuves de Jésus-Christ par les prophéties a été bâti en grande partie à partir des fragments de la liasse Prophéties : les textes sont issus respectivement de Prophéties 15, Prophéties 11, Prophéties 12, Prophéties 18, Prophéties 17, Preuves de Jésus-Christ 4 (Laf. 301, Sel. 332), Prophéties 25, Prophéties 26, Prophéties 8, Prophéties 2, Prophéties 3, Prophéties 4, Prophéties 6, une partie de Preuves par discours II (Laf. 433, Sel. 685), Prophéties 4, des extraits de Prophéties V (Laf. 487-488, Sel. 734), de Pensées diverses (Laf. 608-609, Sel. 504), du Dossier de travail (Laf. 390, Sel. 9 et Laf. 391, Sel. 10), et de Pensées diverses (Laf. 819, Sel. 660), Prophéties 19, Prophéties 20, un autre extrait de Prophéties V (Laf. 487, Sel. 734). Le dernier texte (Quand il est parlé du Messie, comme grand et glorieux, il est visible que c’est pour juger le monde, et non pour le racheter.) provient peut-être d’un fragment absent des Copies et dont le papier est perdu.

Prophéties 5 est venu compléter le chapitre VII, Qu’il est plus avantageux de croire que de ne pas croire ce qu’enseigne la Religion Chrétienne.

Prophéties 10 a été utilisé dans le chapitre X, Juifs.

Prophéties 16 est venu compléter le chapitre XVIII, Dessein de Dieu de se cacher aux uns, et de se découvrir aux autres.

Prophéties 21 a été retenu dans le chapitre XVI, Diverses preuves de Jésus-Christ.

Les fragments Prophéties 1, Prophéties 7, Prophéties 9, Prophéties 13, Prophéties 14, Prophéties 22, Prophéties 23, Prophéties 24, et Prophéties 27 n’ont pas été retenus par le Comité. Seuls les fragments 7 et 23 ont ensuite été recopiés par Louis Périer dont une copie a été conservée. Il faut attendre l’édition Faugère (1844) pour qu’ils soient publiés entièrement.

 

Aspects stratigraphiques des fragments de Prophéties

 

Le papier RO 167-3 (Prophéties 11) porte une grappe de raisin en filigrane. Il est issu d’un grand feuillet de type Grappe de raisin & Grappe de raisin (une grappe sur chaque feuillet).

Le papier RO 167-4 (Prophéties 15) est marqué d’un filigrane Armes de France et Navarre / I ♥ C. Ce papier porte l’écriture du secrétaire de Pascal.

Le papier RO 167-1 (Prophéties 16) est marqué d’un filigrane Armes de France et Navarre / P ♥ H. Le papier est issu d’une feuille de type Cadran d’horloge & Armes de France et Navarre / P ♥ H.

Le papier RO 199-1 (Prophéties 17) porte une partie d’un filigrane Pot / B. RODIER. Il serait issu d’un feuillet de type Écu aux trois annelets & Pot / B. RODIER. P. Ernst (Album, p. 114) a retrouvé un texte qui était situé au-dessus du fragment.

Le papier RO 165-3 (Prophéties 26) porte un filigrane en forme de cadran. Il est issu d’un feuillet de type Cadran & France et Navarre sur P H. Ce papier porte l’écriture du secrétaire de Pascal ; P. Ernst (Album p. 168) a reconstitué partiellement le feuillet originel.

Le papier RO 270-3 (Prophéties 27) porte un filigrane en forme de cadran. Il est issu d’un feuillet de type Cadran & B ♥ C. P. Ernst (Album p. 138) a reconstitué une partie de ce feuillet.

Les autres papiers ne portent pas de filigrane.

Selon Pol Ernst, Les Pensées de Pascal, Géologie et stratigraphie, p. 312-314,

les papiers RO 232-6 (Prophéties 2), RO 197-4 (Prophéties 3), RO 232-8 (Prophéties 4), RO 232-3 (Prophéties 5), RO 221-3 (Prophéties 7) et RO 398-3 (Prophéties 8), qui portent des réglures au recto et au verso, proviennent d’un livre de comptes ;

le papier RO 249-2 (Prophéties 10) est issu d’un grand feuillet de type Grappe de raisin & Grappe de raisin (une grappe sur chaque feuillet) ; il a reconstitué une partie du feuillet dans lAlbum p. 184 ; le papier RO 195-3 (Prophéties 20) serait issu du même type de feuillet ;

les papiers RO 409-3 (Prophéties 13) et RO 405-4 (Prophéties 14) seraient issus d’un feuillet de type Écu aux trois annelets & Pot / B. RODIER ;

les papiers RO 165-5 (Prophéties 18) et RO 442-8 (Prophéties 23) proviennent d’un feuillet de type Cadran d’horloge & Armes de France et Navarre / P ♥ H ; ces deux papiers portent l’écriture du secrétaire de Pascal ; Pol Ernst reconstitue une partie du feuillet dans l’Album p. 168 ; le papier RO 165-4 (Prophéties 25) serait issu du même type de feuillet ;

le papier RO 229-2 (Prophéties 19) pourrait être issu d’un feuillet de type Écusson fleurette RC/DV ;

le papier RO 265-6 (Prophéties 21) pourrait provenir d’un feuillet de type Armes de France et Navarre / I ♥ C ;

les papiers RO 232-7 (Prophéties 6), RO 157-4 (Prophéties 9), et RO 405-2 (Prophéties 12) ne sont pas identifiés.

 

*

La liasse Prophéties réunit des fragments qui doivent être mis en relation avec les dossiers de travail dans lesquels Pascal recueille et traduit des passages de l’Ancien Testament. Elle fournit les articulations principales d’une argumentation dont Pascal cherchait à nourrir la substance par des textes exprès, dont il aurait sans doute amplement développé le commentaire.

Pascal avait d’abord eu l’intention de fonder son apologétique sur l’argument des miracles. Il y a bientôt renoncé. Les défauts de l’argument des miracles sont en effet visibles. D’une part, dans l’ignorance où se trouve l’homme des forces cachées de la Nature, il est toujours possible de mettre en doute le caractère miraculeux d’un événement, et de soutenir que, dans un avenir plus ou moins lointain, la science pourra trouver des causes naturelles pour un phénomène qui, sur le moment, a paru miraculeux. D’autre part, à supposer même que l’on admette le caractère vraiment miraculeux d’un événement (par exemple d’une guérison comme celle dont a bénéficié Marguerite Périer par l’opération de la Sainte Épine), un miracle n’occupe qu’une place restreinte dans l’espace et dans la durée, de sorte qu’à mesure que le temps passe, les circonstances en deviennent moins claires, moins évidentes et moins certaines, laissant place au doute. Surtout, ce caractère ponctuel du miracle lui enlève, à mesure qu’il s’éloigne, son caractère touchant pour le lecteur, qui ne peut guère se sentir concerné par des événements qui remontent parfois à l’Antiquité. Voir sur ce point les travaux de Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., et de Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles.

Cependant, Pascal n’a pas entièrement exclu le miracle de son apologétique. Mais au lieu d’invoquer des miracles limités dans l’espace et dans le temps, que l’éloignement progressif rend inefficaces, il précise et universalise tout à la fois le problème.

En premier lieu, il fonde son argumentation non pas sur une multitude de miracles particuliers, mais sur un miracle singulier, la réalisation des prophéties messianiques, dont il entend montrer qu’elle est incontestable.

En second lieu, en présentant les prophéties messianiques comme un « miracle subsistant », il étend l’idée du miracle à l’Histoire universelle tout entière, de la création du monde à l’époque moderne, de telle manière que tout lecteur puisse se sentir pour ainsi dire compris dans le miracle et, comme Pascal l’écrit dans L’art de persuader, s’y sentir directement intéressé.

Ces deux caractères font de l’argument des prophéties un argument que Pascal pouvait estimer satisfaire aux deux parties de l’art de persuader, l’art de convaincre et l’art d’agréer. Il le déclare expressément dans le fragment Preuves par les Juifs IV (Laf. 454, Sel. 694) : Je ne parle point ici des miracles de Moïse, de Jésus-Christ et des apôtres, parce qu’ils ne paraissent pas d’abord convaincants et que je ne veux que mettre ici en évidence tous les fondements de cette religion chrétienne qui sont indubitables, et qui ne peuvent être mis en doute par quelque personne que ce soit. Les prophéties sont à ses yeux l’un des « fondements » de la foi catholique.

C’est pourquoi, écrit Philippe Sellier, il a beaucoup insisté sur la plus grande des preuves de Jésus‑Christ, à quoi Dieu a le plus pourvu (Prophéties 15 - Laf. 335, Sel. 368). Les Pensées contiennent neuf dossiers relatifs au fondement prophétique, « sans compter toutes sortes de notations éparses » : avec la liasse Prophéties elle-même, ces dossiers de travail portent, dans l’édition Sellier, les numéros LIV à LXI, et dans l’édition Lafuma, XII à XIX. L’effort de traduction et d’exégèse dont témoignent les dossiers de travail et la liasse Prophéties s’explique par l’importance que Pascal devait attacher à ce mouvement de sa démonstration.

 

Structure de la liasse Prophéties

 

Ernst Pol, Approches pascaliennes, Gembloux, Duculot, 1970, p. 475-476, résume les idées directrices de la liasse Prophéties comme suit :

1. les effets de la venue du Messie, annoncés par les prophètes, se sont réalisés

2. le peuple juif s’est partagé en ennemis et fidèles de Jésus-Christ

3. la ruine des Juifs a eu pour compensation la « vocation des Gentils »

4. les prophéties messianiques de Daniel, d’Isaïe, Joël, David et Jérémie se sont réalisées dans l’avènement de la nouvelle loi de charité.

Pascal conclut que la réalisation des prophéties est la plus grande des preuves de Jésus-Christ (Prophéties 15).

Peratoner Alberto, Blaise Pascal. Ragione, rivelazione e fondazione dell’etica. Il percorso dell’Apologie, Venise, Cafoscarina, 2002, p. 719 sq.

Le Guern Michel et Marie-Rose, Les Pensées de Pascal, de l’anthropologie à la théologie, p. 201 sq.

 

Le but prophétique de l’Écriture

 

Mesnard Jean, “La théorie des figuratifs dans les Pensées de Pascal”, La culture du XVIIe siècle, Paris, P. U. F., 1992, p. 426-453. Voir p. 223 sq. Dans la philosophie de l’Histoire de saint Augustin, tout l’Ancien Testament est prophétique, son but est d’annoncer, et de préparer le Christ et son Église, soit par des prophéties verbales, soit par des événements, soit par institutions, par lesquels Dieu élevait progressivement les hommes à la compréhension de la Révélation.

Pascal insiste sur l’antiquité de l’attente du Messie et du phénomène prophétique.

Il soutient que le prophétisme proprement dit s’étend d’Abraham (né en 1992 avant J.-C.) au « dernier des prophètes », Malachie, dont l’activité commence en 454, et que Dieu a suscité des prophètes durant mille six cents ans, et pendant quatre cents ans après il a dispersé toutes ces prophéties avec tous les juifs qui les portaient dans tous les lieux du monde (Prophéties 15 - Laf. 335, Sel. 368).

Selon le fragment Prophéties 11 (Laf. 332, Sel. 364), c’est une suite d’hommes durant quatre mille ans qui constamment et sans variations viennent l’un ensuite de l’autre prédire ce même avènement. C’est un peuple tout entier qui l’annonce et qui subsiste depuis quatre mille années.

Sellier Philippe, Pascal et saint Augustin, p. 271. Texte de l’Épître 102, 49, à Deogratias de saint Augustin, 2e question n. 15. Le Messie a été annoncé depuis le commencement du genre humain. C’est dès ce premier âge du monde que des saints comme Énoch, Lamech et d’autres [...], attendaient en patience le Christ promis dès le commencement du monde (Perpétuité 3 - Laf. 281, Sel. 313).

Laf. 811, Sel. 658. Les deux plus anciens livres du monde sont Moïse et Job, l’un juif, l’autre païen, qui tous deux regardent Jésus-Christ comme leur centre commun et leur objet : Moïse en rapportant les promesses de Dieu à Abraham, Jacob, etc. et ses prophéties ; et Job [...].

Philippe Sellier, “Le fondement prophétique”, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., p. 463-464, a tiré de la Bible de Port-Royal la chronologie pascalienne du prophétisme, qui la fait en effet remonter aux origines. Des indications chronologiques plus précises sont fournies dans la Préface du livre de la Bible de Port-Royal consacré aux Douze petits prophètes ; on en trouve le texte dans Chédozeau Bernard, L’univers biblique catholique au siècle de Louis XIV. La Bible de Port-Royal, II, Les Préfaces de l’Ancien Testament (1672-1693), p. 259-261.

4004. Création du monde.

Débuts de l’attente d’un Messie (Genèse III, 15) ; voir les fragments Prophéties 11 (Laf. 332, Sel. 364) et Perpétuité 3 (Laf. 281, Sel. 313).

2344. Le païen Job (Prophéties 17 - Laf. 338, Sel. 370).

1992. Abraham, puis ses descendants : Isaac, puis Jacob, puis Joseph (Laf. 570, Sel. 474), appelés « les patriarches ».

Promesse à Abraham d’une alliance éternelle : Genèse, XVII, 7, cité dans Laf. 799, Sel. 651.

1483. Sortie d’Égypte ou exode, sous la conduite de Moïse (Preuves par les Juifs VI - Laf. 474, Sel. 711).

1055. Début du règne de David des Psaumes, recueil prophétique lyrique.

875. Débuts du prophète Élie, puis de son disciple Élisée.

 

Les prophètes écrivains auteurs de recueils purement prophétiques :

 

825. Osée prophétise sous Jéroboam II qui commence à régner en Israël 825 ans avant Jésus-Christ, et sous Osias, Jonathan, Achas, et Ézéchias rois de Juda. Joël prophétise sans doute sous les mêmes rois et à la même époque.

789. Amos prophétise.

785. Isaïe prophétise près d’un siècle, jusque vers 713 avant le Christ. Abdias semble être son contemporain et celui d’Amos.

770. Jonas.

758. Michée prophétie sous Jonathan, qui commence à régner à cette date, suivi par Achas et Ézéchias rois de Juda.

742. Nahum, selon Josèphe, prédit la ruine de Ninive 115 ans avant qu’elle n’arrive.

Habacuc prophétise au plus tard du temps de Josias dont le règne a commencé 641 ans avant Jésus-Christ, ou dès les premières années de Manassé, environ 680 ans avant Jésus-Christ.

630. Sophonie prophétise du temps de Josias.

629. Jérémie commence à prophétiser et continue quarante-cinq ans durant. Baruch lui sert de secrétaire.

Ézéchiel et Daniel prophétisent à Babylone pendant la captivité. Ézéchiel commence vers 595 avant Jésus-Christ.

595. Daniel apparaît en même temps qu’Ézéchiel, et prophétise jusqu’au règne de Cyrus.

519. Aggée exhorte le peuple juif à rebâtir le temple, la seconde année du règne de Darius fils d’Hystaspe. Zacharie est contemporain.

454. Malachie, le dernier des prophètes, prophétise apparemment du temps de Néhémie.

 

Pascal ne fait pas de distinction entre les « prophètes écrivains » et les grandes figures des prophètes les plus anciens (Abraham, Job, Isaac, Jacob, Moïse, Elie), et ne conçoit pas qu’il y ait eu dans la prophétie une évolution : il l’envisage comme un tout dans lequel tous les prophètes avaient la même vue spirituelle sur le Messie, sans que cette connaissance ait connu de développement progressif.

 

Conception pascalienne de la prophétie et de la mission des prophètes

 

Sur la réalité historique du prophétisme, voir Lods Adolphe, Les prophètes d’Israël et les débuts du judaïsme, Paris, Albin Michel, 1950.

Cazelles Henri, Introduction critique à l’ancien testament, Paris, Desclée, 1973, p. 342 sq. Le mouvement des prophètes apparaît rebelle à toute cartographie précise ; la catégorie des prophètes est reconnue, mais les attitudes en sont très variables, et l’on se méfie d’eux : p. 344 sq. Mais les authentiques prophètes sont moins rebelles à tout attachement institutionnel qu’on ne l’a dit, et qu’ils ne le disent eux-mêmes. Ils ont des disciples, et se réfèrent à leurs prédécesseurs, qu’ils ne cherchent qu’à prolonger. Ce qui caractérise les faux prophètes, selon Jérémie et Ézéchiel, c’est qu’ils prophétisent de leur propre fonds, en quoi ils se distinguent de ceux qui prophétisent selon la seule inspiration de Dieu. La mission des prophètes dans la Révélation est d’en assurer le maintien et le développement : p. 356.

Fries H. (dir.), Encyclopédie de la foi, III, article Prophète, p. 504 sq. Le prophète reçoit une mission, et il a conscience de cette mission prophétique.

Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, article Prophètes et prophétie, Paris, Cerf, 1993, p. 917 sq. Le prophète n’est pas tel par sa volonté propre ; il est élu par Dieu qui lui impose sa volonté et se trouve consacré au service divin, dont il assume la responsabilité. Une première école a une vision surnaturelle des choses, considérant la prophétie comme un miracle et le prophète comme un homme choisi par Dieu de façon surnaturelle. La seconde école de pensée (à laquelle appartient Maïmonide, par exemple) insiste sur les aspects naturels de l’expérience prophétique, affirmant qu’il n’est pas donné à n’importe qui d’être prophète, ni même d’être choisi par Dieu : le prophète doit être parfait psychologiquement, spirituellement, moralement et même physiquement ; la prophétie est le prolongement et l’exacerbation de ces perfections.

Selon saint Thomas d’Aquin, la prophétie appartient « à l’ordre de la connaissance ». La « lumière prophétique existe dans l’âme du prophète par mode d’impression passagère ». L’esprit est « surélevé au-dessus de ses facultés naturelles… d’abord quant au jugement, par l’influx d’une lumière intellectuelle ; ensuite quant à la représentation des réalités, qui se fait par les images ou les idées » (Somme théologique, IIa IIae, q. 173, art. 2). La connaissance prophétique ne se borne pas à l’avenir, mais elle s’étend « à toutes les réalités, divines et humaines, spirituelles et corporelles » (q. 171, art. 3). Il y a une différence entre prophète et auteur sacré : p. 20 sq. Le prophète reçoit une révélation, une vue sur Dieu et sur son action, qui transcende les possibilités humaines. L’écrivain sacré aussi en fonction d’une vue surnaturelle ; mais dans son cas, la fixation et la transmission par écrit occupent le premier plan ; il s’agit de faire une œuvre littéraire. D’autre part, l’écrivain inspiré diffère du prophète en ce qu’il n’est pas nécessairement le premier à recevoir communication du message divin qu’il doit consigner par écrit. L’inspiration n’est pas la révélation. Un écrivain peut être inspiré pour fixer le message révélé à un autre : p. 20. Baruch écrit les révélations faites à Jérémie.

Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, IIe Partie, ch. V, La vie et le ministère prophétique : les jugements de Dieu déclarés par les prophéties, éd. Velat et Champailler, Pléiade, 1961, p. 808 sq., décrit les prophètes comme suit : « Des hommes séparés du reste du peuple par une vie retirée et par un habit particulier : ils ont des demeures où on les voit vivre dans une espèce de communauté, sous un supérieur que Dieu leur donnait. Leur vie pauvre et pénitente était la figure de la mortification, qui devait être annoncée sous l’Évangile. Dieu se communiquait à eux d’une façon particulière, et faisait éclater aux yeux du peuple cette merveilleuse communication ; mais jamais elle ne n’éclairait avec tant de force que durant les temps du désordre où il semblait que l’idolâtrie allait abolir la loi de Dieu. Durant ces temps malheureux, les prophètes faisaient retentir de tous côtés, et de vive voix et par écrit, les menaces de Dieu, et le témoignage qu’il rendait à sa vérité. Les écrits qu’ils faisaient étaient entre les mains de tout le peuple, et soigneusement conservés en mémoire perpétuelle aux siècles futurs ».

Comment les prophètes éprouvaient-ils la parole divine ?

Cazelles Henri, Introduction critique à l’ancien testament, Paris, Desclée, 1973, p. 346 sq. La révélation divine, selon Jérémie, est une poussée irrésistible, accompagnée d’une certitude qui ne se dément pas devant la mort ; elle suppose un fond d’intimité entre Dieu et le prophète. Le prophète est un homme qui a connu Dieu dans l’immédiateté de l’expérience, qui s’est senti invinciblement contraint de délivrer ce qui, dans sa conviction profonde, était la parole divine, c’est-à-dire des mystiques : p. 348-349.

Pascal définit la prophétie non par la prédiction, mais par le fait que le prophète a le cœur soumis à Dieu et parle de lui par sentiment immédiat : voir Prophéties 7 (Laf. 328, Sel. 360) : Prophétiser c’est parler de Dieu, non par preuves du dehors, mais par sentiment intérieur et immédiat.

À travers les figures prophétiques, les prophètes saisissent des réalités spirituelles, et non pas les charnelles que la plupart des Juifs ont vues ; autrement dit dans leurs livres, ils annonçaient l’avènement et la prédication du Christ. Voir Preuves de Jésus-Christ 17 (Laf. 315, Sel. 346) : Moïse d’abord enseigne la Trinité, le péché originel, le Messie.

Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, éd. Pléiade, p. 802 sq. David a vu le Messie ; les autres prophètes « n’ont pas moins vu le mystère du Messie » : p. 803. Les prophètes voyaient Jésus-Christ, et ils en sont la figure : p. 804. Ils représentaient ses mystères, particulièrement celui de la croix par les persécutions qu’ils ont subies : p. 804.

Il en résulte que, bien qu’il précède le Christ d’un ou deux millénaires, le prophète est un « chrétien » de l’Ancien Testament. Dans la liasse Loi figurative, Pascal a jeté les bases de cette doctrine par la distinction des deux sens, littéral et spirituel, des Écritures.

La conception pascalienne de la prophétie est directement contraire à celle que développe à la même époque Baruch Spinoza, dans son Traité théologico-politique : voir ch. I, éd. Akkerman, Lagrée et Moreau, Paris, P. U. F., 1999, p. 109 sq. Alors que pour Pascal, l’inspiration du cœur n’empêche pas les prophètes d’être habiles hommes, Spinoza pense que, loin d’être éclairés par une lumière supérieure d’origine divine, ils ne sont inspirés que par l’imagination. Voir le ch. II, p. 115 sq. : les prophéties ont varié en fonction de l’imagination et du tempérament de leurs auteurs, avec les opinions dont ils étaient imbus, et avec leur condition sociale.

Voir sur ce sujet Zac Sylvain, Spinoza et l’interprétation de l’Écriture, Paris, P. U. F., 1965,

 

Preuve par la réalisation des prophéties dans la personne de Jésus-Christ

 

L’objet de la liasse Prophéties est de montrer que les prophètes d’Israël ont effectivement annoncé le Messie, et que cette annonce a été pleinement remplie avec l’avènement du Christ. La liasse Preuves de Jésus-Christ a montré que le Christ répondait bien à la réalité spirituelle que dessinait l’interprétation figurative des Écritures (liasse Loi figurative). Il s’agit à présent de montrer par les faits que les prophéties, entendues au sens spirituel, ont été réalisées en sa personne.

Le Christ se révèle lui‑même comme le dernier et le plus grand des prophètes. Voir Preuves par les Juifs VI (Laf. 462, Sel. 701) : Les prophètes ont prédit, et n’ont pas été prédits. Les saints ensuite prédits, non prédisants. Jésus-Christ prédit et prédisant. Voir sur ce point Fries H. (dir.), Encyclopédie de la foi, III, article Prophète, p. 500 sq. : Jésus ne se dit jamais prophète, quoiqu’il se sache tel. Voir aussi Cazelles Henri, Introduction critique à l’ancien testament, p. 361 sq. : Jésus choisit des attitudes qui suggèrent qu’une continuité profonde le relie aux prophètes.

Pascal tire une partie de son information du livre de R. Martini, Pugio fidei adversus Judaeos et Mauros, Secunda pars, ch. IX, Alia ratio ad probandum quod Messias venit, p. 301 sq., qui aborde la question de la ruine du Temple de Jérusalem après l’avènement du Christ (§ X sq.), et XI, De his quae Judaei contra Christum, et contra adventum ejus objiciunt, p. 323 sq.

La Préface de la traduction d’Isaïe dans la Bible de Port-Royal explique en quoi « l’autorité des prophètes est la preuve la plus assurée de la religion chrétienne ».

« Les ouvrages des prophètes sont non seulement très considérables par le caractère de sainteté et de vérité qui leur est propre, mais encore parce qu’ils sont une des preuves les plus constantes de la certitude de notre religion. C’est ce que Dieu nous apprend de sa propre bouche, lorsque pour confondre l’impiété des hommes qui adoraient des idoles en sa place il en appelle à cette marque infaillible de sa grandeur, qui est d’être le même dans tous les temps, de voir d’une seule vue tout le cours des événements du monde, et de prédire ce qui ne doit arriver que mille ans après comme s’il était déjà présent.

C’est pourquoi il défie les faux dieux de le contrefaire en ce point ; et il leur dit comme en leur insultant : « Prophétisez-nous ce qui doit arriver à l’avenir, et nous reconnaîtrons que vous êtes dieux », Annuntiate quæ ventura sunt in futurum, et sciemus quia dii estis vos [Psal. 41, v. 23 ; Isa. 41, 23]. [...] Saint Augustin [...] dit excellemment que « Jésus-Christ prévoyant que l’impiété des hommes s’efforcerait de rendre inutiles tous les miracles en les attribuant à cette science de l’enfer, a eu soin de faire paraître avant lui dans le monde un grand nombre de prophètes qui ont laissé leurs prophéties par écrit, et qui ont prédit son avènement plusieurs siècles avant qu’il soit arrivé » [Aug. in Ioan. tr. 35].

Et cette preuve est si convaincante, dit ce saint, qu’il faut que la calomnie la plus envenimée demeure muette sans qu’il lui soit possible d’y contredire. [...] Aussi ces prophéties ont paru tellement claires aux païens mêmes, qu’ils n’ont pu trouver d’autre moyen d’y résister qu’en disant qu’« elles avaient été feintes après que les choses étaient arrivées, comme les poètes ont fait ainsi prophétiser leurs dieux dans leurs fables, et que c’était plutôt une histoire du passé qu’une prédiction de l’avenir » [...].

« Les chrétiens », déclarent aux infidèles : « Vous demeurez vous-mêmes d’accord [...] que ces prophéties sont très claires, et qu’il ne s’agit plus que de savoir si elles sont anciennes et si elles n’ont point été inventées. Nous ne voulons point en être crus ; mais nous nous en rapporterons à ce que les juifs vous en pourront dire. Il est juste que vous les consultiez sur ce point, puisqu’ils ont toujours été les dépositaires de ces prophéties et que c’est en leur langue qu’elles sont écrites. Leur témoignage aussi ne vous doit pas être suspect, car nous prenons en ceci nos parties mêmes pour nos juges. Nous nous en rapportons à ceux qui ont crucifié le Dieu que nous adorons, et qui sont encore aujourd’hui les ennemis irréconciliables de notre religion ».

Les juifs étant interrogés par les païens leur répondaient qu’il y avait mille ans que David était leur roi, qu’il y avait huit cents ans qu’Isaïe leur avait laissé sa prophétie, que les autres Prophètes étaient venus ensuite ; mais qu’il était très faux qu’il y eût rien dans tous ces saints livres qui se dût entendre de celui que les chrétiens soutenaient être le Christ.

Ainsi Dieu tirait sa plus grande gloire de ses plus grands ennemis, et il l’établissait par les efforts mêmes qu’ils faisaient pour la combattre. Les païens avouaient que les prophéties étaient convaincantes, mais ils objectaient qu’elles avaient été inventées. Les juifs soutenaient au contraire qu’elles étaient très anciennes mais qu’on ne pouvait rien tirer de leur obscurité qui favorisât les chrétiens ; et Dieu se servait de cette double concession ou pour confondre ou pour convertir les uns et les autres, et les prophéties demeuraient une preuve invincible de la religion chrétienne, étant très claires selon les païens et très anciennes selon les juifs.

Nous voyons aussi que Jésus-Christ dans l’Évangile, et que saint Pierre et saint Paul dans leurs épîtres, ont un soin très particulier de faire voir que les prédictions des prophètes ont été vérifiées par l’établissement de la Loi nouvelle.

« Il faut nécessairement, dit le Sauveur, que tout ce qui a été prédit de moi dans la Loi et les Prophètes soit accompli. Dieu avait prédit par la bouche de tous les Prophètes, dit saint Pierre, que son Christ souffrirait la mort, et nous avons vu qu’il l’a soufferte ». Et saint Paul ne marque pas seulement qu’il prêche l’Évangile « selon que Dieu l’avait prédit auparavant par la bouche de ses prophètes », mais il ajoute que toute l’Église « a pour fondement l’autorité des apôtres et des prophètes ». »

Pascal se concentre donc sur les prophéties dont la réalisation ne peut selon laisser subsister aucun doute, notamment la prophétie des septante semaines de Daniel, l’annonce de la destruction du temple de Jérusalem, de la fin du règne de Juda, mais aussi les effets extraordinaires qui ont accompagné la venue du Christ : voir Prophéties 15 (Laf. 335, Sel. 368), et Prophéties 17 (Laf. 338, Sel. 370). Il insiste sur la convergence de la réalisation de toutes ces prédictions :

Prophéties 18 (Laf. 339, Sel. 371). Les prophètes ayant donné diverses marques qui devaient toutes arriver à l’avènement du Messie il fallait que toutes ces marques arrivassent en même temps. Ainsi il fallait que la quatrième monarchie fût venue lorsque les septante semaines de Danielseraient accomplies et que le sceptre fût alors ôté de Juda. Et tout cela est arrivé sans aucune difficulté et qu’alors il arrivât le Messie et Jésus-Christ est arrivé alors qui s’est dit le Messie et tout cela est encore sans difficulté et cela marque bien la vérité des prophéties.

On trouve un résumé récent d’une argumentation proche de celle de Pascal, à peine modernisée, dans Boulenger Abbé A., Manuel d’apologétique. Introduction à la doctrine catholique, Paris-Lyon, Vitte, 1923, IIe partie, section II, chap. III, Réalisation en Jésus des prophéties messianiques, p. 236 sq. Voir notamment la liste des caractères messianiques du Christ, p. 241.

 

La prophétie, miracle subsistant

 

Ce qui fait la valeur probante des prophéties, c’est selon Pascal que leur réalisation constitue un « miracle subsistant ». Voir Prophéties 15 : La plus grande des preuves de Jésus-Christ sont les prophéties. C’est à quoi Dieu a le plus pourvu, car l’événement qui les a remplies est un miracle subsistant depuis la naissance de l’Église jusques à la fin.

Le fragment Prophéties 15 montre que Pascal n’a pas abandonné l’argument du miracle, il l’a déplacé de cas non convaincants à un cas particulier auquel son ampleur donne une grande puissance de persuasion. Le critère de discernement du miracle n’est pas différent pour les miracles particuliers (comme le miracle de la sainte Épine) et pour les prophéties : c’est toujours un effet qui dépasse les moyens mis en œuvre pour le produire. Mais alors que, pour les miracles ponctuels, on peut toujours imaginer qu’ils sont produits par des causes naturelles que l’homme ignore, de sorte que ce sont peut-être en réalité des effets naturels, toujours susceptibles d’être récusés, dans le cas de la prophétie, on est devant un effet d’une telle ampleur qu’aucune cause naturelle ne peut être invoquée pour explication.

Mesnard Jean, “Au cœur de l’apologétique pascalienne : Dieu par Jésus-Christ”, in La culture du XVIIe siècle, p. 416 sq. Les miracles sont les signes par excellence qui traduisent l’insertion de Dieu dans l’histoire contemporaine. La réalisation des prophéties est la preuve du caractère divin de l’annonce messianique. L’argument de la prophétie reçoit une extension dans l’argument de la perpétuité : p. 418.

Shiokawa Tetsuya, Pascal et les miracles, p. 202 sq.

Laf. 594, Sel. 491. Les miracles de la création et du déluge s’oubliant Dieu envoya la loi et les miracles de Moïse, les prophètes qui prophétisent des choses particulières. Et pour préparer un miracle subsistant il prépare des prophéties et l’accomplissement.

Soumission 14 (Laf. 180, Sel. 211). Jésus-Christ a fait des miracles et les apôtres ensuite. Et les premiers saints en grand nombre, parce que les prophéties n’étant pas encore accomplies, et s’accomplissant par eux, rien ne témoignait que les miracles. Il était prédit que le Messie convertirait les nations. Comment cette prophétie se fût-elle accomplie sans la conversion des nations, et comment les nations se fussent-elles converties au Messie, ne voyant pas ce dernier effet des prophéties qui le prouvent. Avant donc qu’il ait été mort, ressuscité et converti les nations tout n’était pas accompli et ainsi il a fallu des miracles pendant tout ce temps. Maintenant il n’en faut plus contre les Juifs, car les prophéties accomplies sont un miracle subsistant.

Shiokawa Tetsuya, « Justus ex fide vivit et fides ex auditu : foi et preuves dans l’apologétique pascalienne », in Entre foi et raison : l’autorité. Études pascaliennes, Paris, Champion, 2012, p. 133-151. Voir p. 146 sq. : les prophéties, preuves solides et palpables.

 

Discussion des idées de Prophéties

 

Voltaire a consacré quelques pages de la XXVe Lettre philosophique à la discussion de la doctrine pascalienne des prophéties. Voir l’éd. Ferret et McKenna, Paris, Garnier, 2010, § XII-XV.

Cohn Lionel, Une polémique judéo-chrétienne au Moyen Âge et ses rapports avec l’analyse pascalienne de la religion juive, Reprint of Bar Ilan, volume in Humanities and social sciences, Jérusalem, 1969, présente la discussion des thèses du Pugio fidei Rabbi Salomon ben Adereth (Rabbi Chlomo ben Adereth, dit Rachba, né entre 1235 et 1240 à Barcelone ; mort vers 1310), dont L. Cohn estime qu’elles portent avant la date contre les thèses de Pascal. « En approfondissant [...] l’opuscule de Ben Adereth, nous trouvons bien souvent des réfutations d’arguments que, quatre siècles plus tard, devait employer Pascal. Ces écrits polémiques du rabbin espagnol étaient restés manuscrits, et ils furent édités une première fois en 1863 » : p. LIII. Plusieurs chapitres sont consacrés à la thèse chrétienne selon laquelle Jésus-Christ était le vrai Messie, puisqu’il a réalisé les prophéties messianiques, contre les Juifs, en prouvant que leur interprétation du texte sacré n’est pas la bonne et que le christianisme est l’accomplissement final du judaïsme.             

Lacombe, L’apologétique de Pascal, p. 219 sq. ; voir p. 230 : critique de la preuve. L’événement tel qu’il s’est réalisé a-t-il été prédit exactement par les prophètes ?

 

Bibliographie

 

Plusieurs ouvrages permettent de saisir les grandes lignes de l’argumentation de Pascal.

 

BOULENGER Abbé A., Manuel d’apologétique. Introduction à la doctrine catholique, Paris-Lyon, Vitte, 1923, IIe partie, section II, chap. III, Réalisation en Jésus des prophéties messianiques, p. 231 sq.

CAZELLES Henri, Introduction à la Bible, tome 2, Introduction critique à l’ancien testament, Paris, Desclée, 1973.

COHN Lionel, Une polémique judéo-chrétienne au Moyen Âge et ses rapports avec l’analyse pascalienne de la religion juive, Reprint of Bar Ilan, volume in Humanities and social sciences, Jérusalem, 1969.

Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, article Prophètes et prophétie, Paris, Cerf, 1993, p. 917 sq.

ERNST Pol, Approches pascaliennes, Gembloux, Duculot, 1970, p. 457.

FRIES H. (dir.), Encyclopédie de la foi, III, Paris, Cerf, 1966, p. 496 sq. Article Prophète.

GOUHIER Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., Paris, Vrin, 1971, p. 212-220.

GOYET Thérèse, “La méthode prophétique selon Pascal”, in Méthodes chez Pascal, Paris, Presses Universitaires de France, 1979, p. 63-74.

JOLIVET R., “Pascal et l’argument prophétique”, Revue apologétique, 15 juillet et 1er août 1923.

LACOMBE Roger-E., L’apologétique de Pascal, Paris, Presses Universitaires de France, 1958, p. 219 sq.

LE GUERN Michel et Marie-Rose, Les Pensées de Pascal, de l’anthropologie à la théologie, Paris, Larousse, 1972, p. 201 sq.

LHERMET Joseph, Pascal et la Bible, Paris, Vrin, 1931.

LODS Adolphe, Les prophètes d’Israël et les débuts du judaïsme, Paris, Albin Michel, 1950.

MESNARD Jean, “Au cœur de l’apologétique pascalienne : Dieu par Jésus-Christ”, in La culture du XVIIe siècle, p. 414-425.

MESNARD Jean, “La théorie des figuratifs dans les Pensées de Pascal”, La culture du XVIIe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 1992, p. 426-453.

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993, p. 248-278.

PERATONER Alberto, Blaise Pascal. Ragione, rivelazione e fondazione dell’etica. Il percorso dell’Apologie, Venise, Cafoscarina, 2002, p. 719 sq.

Port-Royal et le royaume d’Israël, Chroniques de Port-Royal, 53, Paris, Bibliothèque Mazarine, 2004.

RUSSIER Jeanne, La foi selon Pascal, I, Paris, Presses Universitaires de France, 1949, p. 122 sq.

SELLIER Philippe, “La Bible de Pascal”, in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 185-210.

SELLIER Philippe, “Le fondement prophétique”, in Treize études sur Blaise Pascal, Clermont, P. U. B. P., 2004, p. 53-61 ; repris in Port-Royal et la littérature, I, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 461-470.

SELLIER Philippe, “Après qu’Abraham parut : Pascal et le prophétisme”, in Port-Royal et la littérature, Pascal, 2e éd., Paris, Champion, 2010, p. 471-483.

SELLIER Philippe, Pascal et saint Augustin, Paris, Colin, 1970, p. 581 sq.

SHIOKAWA Tetsuya, “L’autorité”, in Entre foi et raison : l’autorité. Études pascaliennes, Paris, Champion, 2012, p. 47-59.

SHIOKAWA Tetsuya, Pascal et les miracles, Paris, Nizet, 1977.

SINOIR Michel, “L’argument de prophétie selon Pascal. Sa nature particulière. Sa valeur permanente”, Esprit et Vie, 83e année, 9e série, n° 51, 20 déc. 1973, p. 745-754.

STEINMANN Jean, “Entretien de Pascal et du P. Richard Simon sur le sens de l’Écriture”, La vie intellectuelle, XVII, mars 1949, p. 239-253.

TAUZIN E., “Les notes de Pascal sur les prophéties messianiques”, Revue apologétique, 1er oct. 1924.

TOURNEUR Zacharie, “Pascal et l’esprit juif”, Grande Revue, juillet 1934, p. 89-112.

 

Pour approfondir le contexte des Pensées sur la question des prophéties, on doit se reporter à

 

CHÉDOZEAU Bernard, L’univers biblique catholique au siècle de Louis XIV. La Bible de Port-Royal, II, Les Préfaces de l’Ancien Testament (1672-1693), Paris, Champion, 2013, qui fournit les nombreux passages des Préfaces de la Bible de Port-Royal relatifs aux prophéties, où l’on retrouve en plusieurs endroits des idées empruntées à Pascal.

THOMAS d’AQUIN, Questions disputées sur la vérité, Question XII, La prophétie (De prophetia), éd. S. T. Bonino et J.-P. Torell, Paris, Vrin, 2006.

 

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