Fragment Soumission et usage de la raison n° 12 / 23  – Le papier original est perdu

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Soumission n° 232 p. 81 v° / C2 : p. 109

Éditions savantes : Brunschvicg 747 bis / Le Guern 167 / Lafuma 178 / Sellier 209

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Éclaircissements

 

Voyez les deux sortes d’hommes dans le titre Perpétuité.

 

Pascal renvoie à une liasse ultérieure un développement qui dépasse le cadre de Soumission : la distinction des deux sortes d’hommes en chaque religion permet, par delà la différence des païens, des Juifs et des chrétiens, de discerner des continuités pour ainsi dire transhistoriques. Il y a des esprits charnels et des grossiers non pas seulement chez les Païens et les Juifs, mais aussi chez les chrétiens (Pascal pense sans doute aux jésuites, mais pas seulement). Il existe aussi depuis l’Antiquité la plus haute des hommes qui ont su reconnaître l’existence d’un Dieu unique, même s’ils ne l’ont pas connu entièrement. Cette idée trouvait donc parfaitement sa place dans la liasse Perpétuité, dans laquelle se trouve le fragment Perpétuité 8 (Laf. 286, Sel. 318) :

2 sortes d'hommes en chaque religion.

Parmi les païens des adorateurs de bêtes, et les autres adorateurs d'un seul Dieu dans la religion naturelle.

Parmi les juifs les charnels et les spirituels qui étaient les chrétiens de la loi ancienne.

Parmi les chrétiens les grossiers qui sont les juifs de la loi nouvelle.

Les juifs charnels attendaient un Messie charnel et les chrétiens grossiers croient que le Messie les a dispensés d'aimer Dieu. Les vrais Juifs et les vrais chrétiens adorent un Messie qui leur fait aimer Dieu.

Noter que c’est un des rares cas où un titre de liasse ou de « chapitre » est mentionné dans un « fragment » : il témoigne du travail que Pascal continuait, même après la mise en ordre qui a abouti au classement des 28 liasses, à effectuer sur son plan d’ensemble.