Fragment Transition n° 3 / 8  – Papier original : RO 1-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Transition n° 247 p. 89 v°-91 / C2 : p. 116-117

Éditions de Port-Royal : Chapitre VIII - Image d’un homme qui s’est lassé de chercher Dieu... : 1669 et

janv. 1670 p. 63-64 / 1678 n° 1 p. 64-65

Le dernier paragraphe a été ajouté dans l’édition de 1678 : Chapitre II - Marques de la véritable Religion : 1678 n° 12 p. 25

Éditions savantes : Faugère II, 269, I / Havet XI.8 / Michaut 3 / Brunschvicg 693 / Tourneur p. 235-1 / Le Guern 184 / Lafuma 198 / Sellier 229

 

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal

 

Chapitre VIII - Image d’un homme qui s’est lassé de chercher Dieu par le seul raisonnement, et qui commence à lire l’Escriture : 1669 et janv. 1670 p. 63-64 / 1678 n° 1 p. 64-65

 

       

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. janvier 1670 1

Transcription du manuscrit

 

en voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, et ces contrariétés étonnantes qui se découvrent dans sa nature, et regardant tout l’univers muet, et l’homme sans lumière, abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l’univers, sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant ; j’entre en effroi comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s’éveillerait sans connaître où il est 2, et sans avoir aucun 3 moyen d’en sortir. Et sur cela j’admire comment on n’entre pas 2 en désespoir d’un si misérable état. Je vois d’autres personnes auprès de moi de 2 semblable nature. Je leur demande s’ils sont mieux instruits que moi, et ils me disent que non. Et sur cela ces misérables égarés ayant regardé autour d’eux, et ayant vu quelques objets plaisants s’y sont donnés, et s’y sont attachés. Pour moi je n’ai pu m’y arrêter,

 

[Commencement 2 - Laf. 151, Sel. 184]

 

Ainsi considérant combien il y a d’apparence qu’il y a autre chose que ce que je vois, j’ai recherché si ce Dieu dont tout le monde parle n’aurait point laissé quelques marques de lui.

 

H. 5.

En voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, en regardant tout l’univers muet et l’homme sans lumière abandonné à lui‑même et comme égaré dans ce recoin de l’univers sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j’entre en effroi comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable et qui s’éveillerait sans connaître où il est et sans moyen d’en sortir. Et sur cela j’admire comment on n’entre point en désespoir d’un si misérable état. Je vois d’autres personnes auprès de moi d’une semblable nature, je leur demande s’ils sont mieux instruits que moi. Ils me disent que non. Et sur cela ces misérables égarés, ayant regardé autour d’eux et ayant vu quelques objets plaisants, s’y sont donnés et s’y sont attachés. Pour moi je n’ai pu y prendre d’attache,

 

 

 

et considérant combien il y a plus d’apparence qu’il y a autre chose que ce que je vois, j’ai recherché si ce Dieu n’aurait point laissé quelque marque de soi.

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

2 C’est aussi la transcription des Copies C1 et C2.

3 Expression ajoutée dans C1 par Arnauld et prise en compte dans l’édition.

 

Commentaire

Port-Royal intègre un texte de la liasse Commencement dans le texte du fragment.

L’addition dont tout le monde parle est ambiguë. Elle peut signifier que le locuteur entend parler de Dieu par toutes les personnes qui l’entourent. Mais elle peut aussi enfermer une référence au fragment Ordre 1 (Laf. 1, Sel. 37), qui dit que les psaumes sont chantés par toute la terre.

 

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal de 1678

 

Le dernier paragraphe a été ajouté dans l’édition de 1678.

Chapitre II - Marques de la véritable Religion : 1678 n° 12 p. 25

 

       

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. 1678 1

Transcription du manuscrit

 

  Je vois plusieurs Religions contraires, et par conséquent toutes fausses excepté une. Chacune veut être crue par sa propre autorité, et menace les incrédules. Je ne les crois donc pas là-dessus ; chacun peut dire cela, chacun se peut 2 dire Prophète. Mais je vois la Religion Chrétienne où je trouve des Prophéties accomplies, et une infinité de miracles si bien attestés qu’on n’en peut raisonnablement douter. Et c’est ce que je ne trouve point dans les autres.

 

 

Je vois plusieurs religions contraires, et partant toutes fausses excepté une. Chacune veut être crue par sa propre autorité et menace les incrédules. Je ne les crois donc pas là‑dessus. Chacun peut dire cela. Chacun peut se dire prophète. Mais je vois la chrétienne où je trouve des prophéties, et c’est ce que chacun ne peut pas faire.

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

2 C’est aussi la transcription des Copies C1 et C2.

 

Commentaire

 

Les éditeurs de 1670 ont supprimé la partie qui constituait un plan de démonstration assez sommaire. Elle n’a été rétablie qu’en 1678. En revanche, les éditeurs de 1678 ajoutent une allusion explicite aux miracles, dont on sait que Pascal hésitait à les faire entrer dans sa démonstration.