Preuves par les Juifs II – Papier original : RO 333-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 49 p. 237 / C2 : p. 451

Éditions de Port-Royal : Chap. VIII - Image d’un homme qui s’est lassé de chercher Dieu... : 1669 et janvier 1670 p. 70-71  / 1678 n° 2 p. 71-72

Éditions savantes : Faugère II, 188, IV  / Havet XIV.5 / Michaut 587 / Brunschvicg 631 / Tourneur p. 318-1 / Le Guern 422 / Lafuma 452 (série VII) / Sellier 692

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Bibliographie

 

 

COHN Lionel, “Pascal et le judaïsme”, in Pascal. Textes du tricentenaire, Chroniques de Port-Royal, 11-14, Fayard, 1963-1965, p. 206-224.

DE LUBAC Henri, Exégèse médiévale. Les quatre sens de l’Écriture, II, 1, Paris, Aubier, 1961.

GOUHIER Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., Paris, Vrin, 1966.

SELLIER Philippe, Israël : La rencontre de ce peuple m’étonne, in Port-Royal et la littérature, II, 2e éd., Paris, Champion, 2012, p. 233-251.

SELLIER Philippe, Pascal et la liturgie, Paris, Presses Universitaires de France, 1966.

SELLIER Philippe, Pascal et saint Augustin, Paris, Colin, 1970.

 

 

Éclaircissements

 

Sincérité des Juifs.

 

Sincérité des Juifs : Preuves par les Juifs I (Laf. 451, Sel. 691). Avantages du peuple juif. Dans cette recherche le peuple juif attire d’abord mon attention par quantité de choses admirables et singulières qui y paraissent. L’une d’entre elles est cette sincérité dont Pascal fait l’éloge.

Pascal est conduit à appliquer aux Juifs le principe général formulé par Preuves par les Juifs VI (Laf. 480, Sel. 715). Pour les religions, il faut être sincère : vrais païens, vrais juifs, vrais chrétiens.

Le titre du fragment a quelque chose de paradoxal, dans la mesure où le thème de la perfidie des Juifs est ancien.

Sellier Philippe, “Israël : La rencontre de ce peuple m’étonne”, in Port-Royal et la littérature, II, Paris, Champion, 2012, p. 233-251. Voir p. 241. Perfidia ne signifie pas perfidie, mais incrédulité. Voir les anciennes prières du vendredi saint, dont la huitième invoque la miséricorde divine sur les Juifs qui n’ont pas accueilli le Christ : « Prions aussi pour les juifs qui ne croient pas, que notre Dieu et Seigneur ôte le voile qui est sur leurs cœurs, afin qu’eux aussi reconnaissent le Christ Jésus notre Seigneur. – Prions : Dieu tout-puissant et éternel, toi qui n’exclus pas de ta miséricorde même l’incrédulité juive, écoute nos prières. Nous te les présentons pour que tu mettes un terme à l’aveuglement de ce peuple, afin qu’après avoir découvert la lumière de ta vérité, qui est le Christ, ils échappent à leurs ténèbres ». Voir la note 10 des p. 241-242. Sur l’attente de la conversion des Juifs : p. 243 sq.

De Lubac Henri, Exégèse médiévale, II, 1, p. 153 sq. Perfidia : l’infidélité judaïque n’est pas la païenne ni l’hérétique. Perfidia, infidelitas, fides : la perfidia est moins une simple absence de foi qu’une opposition à la foi, un manque de foi chez celui qui devrait croire. Spécificité de la perfidia juive : p. 156 et 162. Au départ, elle suppose la foi véritable ; ne passe pas ex fide in fidem ; elle interrompt le courant prophétique, p. 163 ; elle comporte surdité et cécité, p. 163 ; et un élément de rébellion et d’apostasie, p 164. Sur l’orgueil comme source du refus de croire : p. 168. Le zelus perfidiae, p. 182. Si le peuple juif avait cru, il aurait été le guide de toutes les nations ; c’est ce qui rend sa chute grave. Les signes mêmes qui auraient dû les convertir les ont enfoncés dans la perversion : p. 186. Les justes de l’ancienne alliance avaient une foi obscure ; cherchant à plaire à Dieu, ils prenaient les signes pour les choses mêmes et ne savaient à quoi les rapporter : p. 346.

Le thème se retrouve par exemple dans le livre, que Pascal a sans doute lu, de Jean Boucher, Les triomphes de la religion chrétienne, Livre V, XXI.

« Il y a bien des Juifs qui embrasseraient la doctrine de l’Évangile, s’ils n’étaient retenus par une grande opinion qu’ils ont conçue de la vertu et de la probité de leurs ancêtres, et surtout des sacrificateurs qui par un effet de leurs préjugés, ont condamné Jésus-Christ et rejeté sa doctrine. Je n’ai pas dessein de faire ici des reproches à ces sortes de Juifs. Cependant la nécessité d’une juste défense m’oblige à leur dépeindre ici ces ancêtres, pour qui ils ont tant de vénération. Je ne le ferai que par les couleurs et par les traits que me fournissent les termes exprès de leur Loi, et des livres de leurs prophètes. C’est là qu’assez souvent ils sont traités d’hommes incirconcis de cœur, et d’oreilles ; de peuple hypocrite, qui pendant qu’il honore Dieu de ses lèvres, et par tout l’appareil des cérémonies, le déshonore dans le fond par un esprit profane et éloigné de lui. Ce sont leurs ancêtres, qui en vinrent presque à un parricide contre la personne de Joseph, et qui changèrent ce cruel dessein en celui de le vendre pour esclave. Ce sont leurs ancêtres, qui par des révoltes continuelles rendirent la vie ennuyeuse à Moïse ; à ce Moïse, qui était leur chef et leur libérateur ; et aux ordres de qui ils avaient vu plusieurs fois l’Air, la Terre, et la Mer obéir sans résistance. Ce sont leurs ancêtres, qui conçurent du dégoût pour le pain que Dieu leur envoya du Ciel, et qui dans le temps même qu’ils étaient encore pleins de la chair de ces oiseaux dont il les avait nourris miraculeusement, furent assez insolents pour se plaindre, comme s’ils eussent été travaillés de la famine la plus cruelle. Ce sont leurs ancêtres qui abandonnèrent, avec la dernière perfidie, David l’un de leurs plus grands et de leurs meilleurs rois, pour suivre son fils dans la rébellion. Ce sont leurs Ancêtres, qui tuèrent dans le parvis du Temple Zacharie fils de Joïada ; et qui par là firent du Sacrificateur même la victime de leur cruauté. À l’égard de leurs souverains sacrificateurs, c’est de ce rang que furent ceux qui par de fausses accusations attentèrent à la vie de Jérémie le Prophète, et qui l’auraient infailliblement perdu, si le crédit de quelques Grands ne l’eût arraché à leur fureur. Toujours eurent-ils assez d’autorité pour extorquer du Roi une permission de renfermer ce Prophète dans un cachot, où il demeura jusqu’à la prise de Jérusalem. »

Pascal a au contraire toute raison d’insister sur la sincérité des Juifs. De la sincérité des Juifs dépend en effet la valeur du témoignage involontaire qu’ils apportent en faveur du Christ Messie. Si les Juifs sont véritablement dénués de sincérité, alors l’argument selon lequel ils ont été les gardiens fidèles des prophéties messianiques perd toute sa force. L’idée de leur sincérité n’est donc pas seulement ce que Pascal estime être une réalité historique, mais aussi une pièce indispensable de l’argumentation historique de l’apologie.

Cohen A., Le Talmud, p. 26. La sincérité du peuple juif est garantie par sa constance : il est toujours resté inébranlable dans son désir de porter témoignage.

Elle a ceci de surprenant qu’elle a résisté à toutes les persécutions : voir Prophéties 11 (Laf. 332, Sel. 364). C’est une suite d’hommes durant quatre mille ans qui constamment et sans variations viennent l’un ensuite de l’autre prédire ce même avènement. C’est un peuple tout entier qui l’annonce et qui subsiste depuis 4 000 années pour rendre en corps témoignage des assurances qu’ils en ont, et dont ils ne peuvent être divertis par quelques menaces et persécutions qu’on leur fasse. Ceci est tout autrement considérable.

Voir Prophéties VIII (Laf. 502, Sel. 738). Cette sincérité des Juifs et le caractère charnel qui explique leur hostilité au christianisme sont la raison pourquoi figures : il fallait que pour donner foi au Messie il y eût eu des prophéties précédentes et qu’elles fussent portées par des gens non suspects et d’une diligence et fidélité et d’un zèle extraordinaire et connu de toute la terre. Pour faire réussir tout cela Dieu a choisi ce peuple charnel auquel il a mis en dépôt les prophéties qui prédisent le Messie comme libérateur et dispensateur des biens charnels que ce peuple aimait. Et ainsi il a eu une ardeur extraordinaire pour ses prophètes et a porté à la vue de tout le monde ces livres qui prédisent leur Messie assurant toutes les nations qu’il devait venir et en la manière prédite dans les livres qu’ils tenaient ouverts à tout le monde. Et ainsi ce peuple déçu par l’avènement ignominieux et pauvre du Messie ont été ses plus cruels ennemis, de sorte que voilà le peuple du monde le moins suspect de nous favoriser et le plus exact et zélé qui se puisse dire pour sa loi et pour ses prophètes qui les porte incorrompus. De sorte que ceux qui ont rejeté et crucifié Jésus-Christ qui leur a été en scandale sont ceux qui portent les livres qui témoignent de lui et qui disent qu’il sera rejeté et en scandale, de sorte qu’ils ont marqué que c’était lui en le refusant et qu’il a été également prouvé et par les justes juifs qui l’ont reçu et par les injustes qui l’ont rejeté, l’un et l’autre ayant été prédit.

La sincérité est particulièrement celle des grandes figures de l’ancien Testament.

Sur Abraham, voir Laf. 603, Sel. 500. Abraham ne prit rien pour lui mais seulement pour ses serviteurs. Ainsi le juste ne prend rien pour soi du monde, ni des applaudissements du monde, mais seulement pour ses passions desquelles il se sert comme maître en disant à l’une : Va et viens, sub te erit appetitus tuus. Ses passions ainsi dominées sont vertus ; l’avarice, la jalousie, la colère, Dieu même se les attribue. Voir Genèse, XIV : « 18. Mais Melchisédech, roi de Salem, offrant du pain et du vin, parce qu’il était prêtre du Dieu très-haut, 19. Bénit Abram, en disant : Qu’Abram soit béni du Dieu très-haut, qui a créé le ciel et la terre : 20. Et que le Dieu très-haut soit béni, lui qui par sa protection vous a mis vos ennemis entre les mains. Alors Abram lui donna la dîme de tout ce qu’il avait pris. 21. Or le roi de Sodome dit à Abram : Donnez-moi les personnes, et prenez le reste pour vous. 22. Abram lui répondit : Je lève la main et jure par le Seigneur le Dieu très-haut, possesseur du ciel et de la terre, 23. Que je ne recevrai rien de tout ce qui est à vous, depuis le moindre fil jusqu’à un cordon de soulier ; afin que vous ne puissiez pas dire que vous avez enrichi Abram ; 24. J’excepte seulement ce que mes gens ont pris pour leur nourriture, et ce qui est dû à ceux qui sont venus avec moi, Aner, Escol et Mambré, qui pourront prendre leur part au butin. »

Sur David, voir Preuves de Jésus-Christ 17 (Laf. 315, Sel. 346). David grand témoin. Roi, bon, pardonnant, belle âme, bon esprit, puissant.

Cette sincérité s’est maintenue malgré les persécutions : voir Prophéties 11 (Laf. 332, Sel. 364). Prophéties. Quand un seul homme aurait fait un livre des prédictions de Jésus-Christ pour le temps et pour la manière et que Jésus-Christ serait venu conformément à ces prophéties ce serait une force infinie. Mais il y a bien plus ici. C’est une suite d’hommes durant quatre mille ans qui constamment et sans variations viennent l’un ensuite de l’autre prédire ce même avènement. C’est un peuple tout entier qui l’annonce et qui subsiste depuis 4 000 années pour rendre en corps témoignage des assurances qu’ils en ont, et dont ils ne peuvent être divertis par quelques menaces et persécutions qu’on leur fasse. Ceci est tout autrement considérable.

Contre Voltaire, Boullier, Sentiments de M*** sur la critique des Pensées de Pascal par M. Voltaire, § IX, p.45 sq., soutient que les reproches faits par les prophètes au peuple juif excluent que la sincérité de ce peuple ne soit qu’une forme d’orgueil et défend l’idée que la sincérité des Juifs a quelque chose de surnaturel. Toujours contre Voltaire, il soutient que les reproches faits par les prophètes au peuple juif excluent que la sincérité de ce peuple ne soit qu’une forme d’orgueil.

 

Ils portent avec amour et fidélité ce livre où Moïse déclare qu’ils ont été ingrats envers Dieu toute leur vie, qu’il sait qu’ils le seront encore plus après sa mort, mais qu’il appelle le ciel et la terre à témoin contre eux, qu’il le leur a assez...

 

Pascal a d’abord écrit qu’il leur a enseigné ; il a mis en addition le et barré enseigné. La phrase apparaît donc inachevée ou incohérente. Il faut peut-être comprendre « il le leur a enseigné assez ».

Moïse est censé être l’auteur du Pentateuque, constitué par les cinq premiers livres de la Bible. Voir Preuves de Moïse.

Sellier Philippe, Pascal et la liturgie, p. 45. Texte composé de passages du Deutéronome, avec échos entre la Bible et la liturgie. Les références au Deutéronome vont de Deutéronome XXX à XXXII, sauf un renvoi à XXVIII, 64. Le chapitre XXXII constitue le cantique de Laudes, chaque samedi, versets 14-43.

Deutéronome, XXXI, 26. « Prenez ce livre et mettez-le à côté de l’arche de l’alliance du Seigneur votre Dieu, afin qu’il y serve de témoignage contre vous, ô enfants d’Israël ». Moïse poursuit, v. 27 : « car je sais quelle est votre obstination, et combien vous êtes durs et inflexibles. Pendant tout le temps que j’ai vécu et que j’ai agi parmi vous, vous avez toujours disputé et murmuré contre le Seigneur ; combien plus le ferez-vous quand je serai mort ? 28. Assemblez devant moi tous les anciens de vos tribus et tous vos docteurs, et je prononcerai devant eux les paroles de ce cantique ; et j’appellerai à témoin contre eux le ciel et la terre. 29. Car je sais qu’après ma mort vous retomberez dans le mal, que vous vous détournerez bientôt de la voie que je vous ai prescrite ; et vous trouverez enfin surpris de beaucoup de maux, lorsque vous aurez péché devant le Seigneur en l’irritant par les œuvres de vos mains. »

Sur la sincérité dans la défense et la conservation d’un livre qu’ils ne savent pas lire, et qui porte leur condamnation, voir Gouhier Henri, Blaise Pascal. Commentaires, 2e éd., 1966.

La sincérité des Juifs fait d’eux des témoins irréprochables du christianisme parce qu’elle va contre eux et qu’ils témoignent contre eux-mêmes : voir Prophéties VII (Laf. 492, Sel. 736). Sincères contre leur honneur et mourant pour cela. Cela n’a point d’exemple dans le monde ni sa racine dans la nature. De même que l’inconscience des impies, elle a donc quelque chose de miraculeux.

Cette sincérité surprenante des Juifs entre dans le projet de Dieu en vue de la Révélation : voir Prophéties VIII (Laf. 502, Sel. 738). Il fallait que pour donner foi au Messie il y eût eu des prophéties précédentes et qu’elles fussent portées par des gens non suspects et d’une diligence et fidélité et d’un zèle extraordinaire et connu de toute la terre. Pour faire réussir tout cela Dieu a choisi ce peuple charnel auquel il a mis en dépôt les prophéties qui prédisent le Messie comme libérateur et dispensateur des biens charnels que ce peuple aimait. Et ainsi il a eu une ardeur extraordinaire pour ses prophètes et a porté à la vue de tout le monde ces livres qui prédisent leur Messie assurant toutes les nations qu’il devait venir et en la manière prédite dans les livres qu’ils tenaient ouverts à tout le monde. Et ainsi ce peuple déçu par l’avènement ignominieux et pauvre du Messie ont été ses plus cruels ennemis, de sorte que voilà le peuple du monde le moins suspect de nous favoriser et le plus exact et zélé qui se puisse dire pour sa loi et pour ses prophètes qui les porte incorrompus.

 

Il déclare qu’enfin Dieu, s’irritant contre eux, les dispersera parmi tous les peuples de la terre, que, comme ils l’ont irrité en adorant les dieux qui n’étaient point leurs dieux, de même il les provoquera en appelant un peuple qui n’est point son peuple, et veut que toutes ses paroles soient conservées éternellement et que son livre soit mis dans l’arche de l’alliance pour servir à jamais de témoin contre eux.

 

Deutéronome, XXVIII, 64. « Le Seigneur vous dispersera parmi tous les peuples, depuis une extrémité de la terre jusqu’à l’autre ; et vous adorerez là des dieux étrangers que vous ignorez, des dieux de bois et de pierre ».

Deutéronome, XXVIII, 47-51, mentionne le peuple « venu d’un pays reculé et des extrémités de la terre », qui fondra sur les Juifs. Il n’est pas dit expressément que ce peuple n’est point son peuple.

Deutéronome, XXXI, 26. « Prenez ce livre et mettez-le à côté de l’arche de l’alliance du Seigneur votre Dieu, afin qu’il y serve de témoignage contre vous, ô enfants d’Israël ». Moïse poursuit, v. 27 : « car je sais quelle est votre obstination, et combien vous êtes durs et inflexibles ». Moïse récite ensuite un cantique devant le peuple, où il lui fait voir les grâces qu’il a reçues et son ingratitude (XXXII).

 

L’arche d’alliance (Bible de Port-Royal)

 

L’arche d’alliance était un coffre en bois destiné à recevoir les tables de l’Alliance données par Dieu à Moïse ; c’est l’objet rituel le plus sacré d’Israël. Il a été placé dans le Saint des Saints du premier Temple. Elle est décrite dans le livre de l’Exode.

Fontaine Nicolas, L’histoire du vieux et du nouveau Testament avec des explications édifiantes tirées des saint Pères, Bruxelles, J. Leonard, 1747, p. 99-100 : « Les Juifs la considéraient comme ce qu’ils avaient de plus précieux, et l’Écriture elle-même l’appelle la gloire d’Israël et la force du peuple Juif. Elle avait deux coudées et demie de large, une coudée et demie de long, une coudée et demie de haut. Elle était d’un bois incorruptible, qui était revêtu par dehors et par dedans de lames d’un or très pur. Ce qui la couvrait par-dessus n’était pas de bois, mais une table d’or de la même grandeur que l’Arche ; et ce couvercle était appelé Propitiatoire, parce que c’était de là que Dieu rendait ses oracles à son peuple lorsqu’il lui était favorable et qu’il recevait leurs prières pour se réconcilier avec eux. Il y avait sur ce Propitiatoire deux chérubins qui se regardaient l’un l’autre et qui étendaient leurs ailes le long de l’Arche, come pour servir de trône à la majesté et à la sainteté de Dieu ». « Dieu voulut qu’on lui consacrât cette Arche, et qu’on n’y mît autre chose que les Tables de la Loi, ce qui l’a fait appeler l’Arche du témoignage, ou l’Arche de l’Alliance, à cause de la Loi qui est appelée de ces deux noms dans l’Écriture ».

 

Image de l’Histoire du vieux et du nouveau Testament figurant l’Arche d’Alliance

 

Isaïe.

Isaïe dit la même chose. 30, 8.

 

Isaïe, XXX, 8 : « 8. Maintenant donc allez graver ceci sur le buis en leur présence, et écrivez-le avec soin dans un livre, afin qu’au dernier jour il soit comme un monument qui ne périra jamais. 9. Car ce peuple est un peuple qui m’irrite sans cesse ; ce sont des enfants menteurs, des enfants qui ne veulent point écouter la loi de Dieu » (tr. de Port-Royal).

 

Discussion

 

Voir la note de Havet dans son édition des Pensées (1866), I, p. 203, qui remarque que, contrairement à ce qu’écrit Pascal, le Deutéronome ne contient pas la menace de disperser les Juifs parmi tous les peuples de la terre, mais que « le texte ne contient que des menaces générales de ruine et de destruction », et que « ces menaces mêmes sont retirées bientôt après (XXX, 27 sq.). En général on doit remarquer que les reproches et les menaces de l’Écriture viennent toujours aboutir des promesses de prospérité et de gloire, qui relèvent le peuple choisi bien plus qu’il n’a été abaissé. Les menaces doivent amener le repentir, et le repentir doit amener la récompense ». Havet cite ensuite Voltaire à l’appui de sa remarque.