Fragment Vanité n° 21 / 38 – Papiers originaux : RO 81-3 + 83-10
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Vanité n° 39 à 41 p. 81 et 91 / C2 : p. 21 et 22
Éditions de Port-Royal : Chap. XXV - Faiblesse de l’homme : 1669 et janv. 1670 p. 189-190 / 1678 n° 1 et 2 p. 185-186
Éditions savantes : Faugère II, 98, XIX / Havet III.1, 2 / Brunschvicg 374, 376 / Tourneur p. 171-6 / Le Guern 31 / Maeda I p. 155, 164 / Lafuma 33, 34 / Sellier 67, 68
Dans l’édition de Port-Royal
Chap. XXV - Faiblesse de l’homme : 1669 p. 189-190 / janv. 1670 p. 189-190 / 1678 n° 1 et 2 p. 185-186
|
Différences constatées par rapport au manuscrit original
Ed. janvier 1670 1 |
Transcription du manuscrit |
1.
2. |
Ce qui m’étonne le plus est de voir que tout le monde n’est pas étonné de sa faiblesse. On agit sérieusement et chacun suit sa condition, non pas parce qu’il est bon en effet de la suivre puisque la mode en est, mais comme si chacun savait certainement où est la raison et la justice. On se trouve déçu à toute heure, et par une plaisante humilité on croit que c’est sa faute et non pas celle de l’art qu’on se vante toujours d’avoir. Mais il est bon qu’il y ait tant de ces gens‑là au monde qui ne soient pas pyrrhoniens, pour la gloire du pyrrhonisme, afin de montrer que l’homme est bien capable des plus extravagantes opinions, puisqu’il est capable de croire qu’il n’est pas dans cette faiblesse naturelle et inévitable et de croire qu’il est au contraire dans la sagesse naturelle. Rien ne fortifie plus le pyrrhonisme que ce qu’il y en a qui ne sont point pyrrhoniens. Si tous l’étaient, ils auraient tort. Cette secte se fortifie par ses ennemis plus que par ses amis, car la faiblesse de l’homme paraît bien davantage en ceux qui ne la connaissent pas qu’en ceux qui la connaissent.
|
1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.
Commentaire
Les éditeurs, ayant supprimé les phrases Rien ne fortifie plus le pyrrhonisme que ce qu’il y en a qui ne sont point pyrrhoniens. Si tous l’étaient, ils auraient tort, et Cette secte se fortifie par ses ennemis plus que par ses amis, ont réduit le fragment à la critique de la vanité humaine, et supprimé le rapprochement avec la philosophie pyrrhonienne. Ils se trouvaient alors libres d’employer ailleurs la phrase La faiblesse de la raison de l’homme paraît bien davantage en ceux qui ne la connaissent pas, qu’en ceux qui la connaissent comme un texte autonome, auquel ils ont associé un fleuron. Cette opération fait partie d’un effacement du pyrrhonisme dans l’édition de Port-Royal, sur laquelle on peut consulter Marie Pérouse, “Pascal trahi ? L’édition de 1670 et l’exemple du pyrrhonisme”, Courrier du Centre International Blaise Pascal, 25, 2003, p. 41-44.