Fragment Vanité n° 37 / 38 – Papier original : RO 23-6

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Vanité n° 71 p. 13 v° / C2 : p. 32

Éditions savantes : Faugère II, 392 / Havet VI.3 / Brunschvicg 293 et 154 / Tourneur p. 179-4 / Le Guern 47 / Maeda II p. 192 / Lafuma 51 / Sellier 84

 

 

 

« Pourquoi me tuez‑vous ? » ‑ « Et quoi, ne demeurez‑vous pas de l’autre côté de l’eau ? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin et cela serait injuste de vous tuer de la sorte. Mais puisque vous demeurez de l’autre côté, je suis un brave et cela est juste. »

 

 

Ébauche d’un dialogue dont d’autres fragments de la même liasse présentent des éléments, et qui prend son sens dans “Imagination” (Misère 9 - Laf. 60, Sel. 94). La « justice » d’une action dépend de la situation par rapport au courant d’une rivière : preuve de la vanité de cette justice humaine.

 

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, CDU, p. 183 et 285. L’ironie du fragment est fondée sur des contrastes : matérialisation par un filet d’eau de l’importante séparation de la frontière ; réduction à l’identique de brave et d’assassin, de juste et d’injuste, l’appellation mon ami à la fois vraie et fausse ; un air d’évidence est prêté à des déductions qui font scandale. C’est bien la technique des Provinciales dialoguées.

Mesnard Jean, “Achèvement et inachèvement dans les Pensées de Pascal”, Studi francesi, 143, anno XLVIII, maggio-agosto 2004, p. 300-320. Ironie de la représentation de la frontière par l’eau, qui, s’écoulant sans cesse, est comme n’existant pas. Il y a peut-être un souvenir d’Héraclite.

D’autre part, ce dialogue a quelque chose d’absurde : on imagine mal comment il pourrait avoir lieu dans la réalité.

 

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Fragments connexes

 

Ordre 7 (Laf. 9, Sel. 43). Ébauche : Pourquoi me tuez-vous ?

Vanité 8 (Laf. 20, Sel. 54). Ébauche : Il demeure au-delà de l’eau.

Misère 9 (Laf. 60, Sel. 94). “Imagination”. Même idée, mais sans le dialogue étrange entre l’assassin et sa victime.

 

Mots-clés : AmiAssassinEauJusticeMeurtre.