Fragment Vanité n° 6 / 38  Papier original : RO 79-5

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Vanité n° 20 p. 5 / C2 : p. 18

Éditions savantes : Faugère I, 294, LXVI / Havet Prov. n° 79 p. 296 / Brunschvicg 955 / Tourneur p. 169-3 / Le Guern 16 / Lafuma 18 / Sellier 52 / Maeda I p. 88

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Bibliographie

 

D’AVRIGNY le P. Hyacinthe Robillard, SJ, Mémoires chronologiques et dogmatiques, pour servir à l’Histoire ecclésiastique depuis 1600 jusques en 1716 avec des réflexions et des remarques critiques, sl, sn, 1739, I, p. 368 sq.

LAFUMA Louis, “Eclaircissement d’une notule pascalienne”, Revue d’Histoire Littéraire de la France, 1957, p. 212-214.

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES, 1993, p. 53.

NICOLE Pierre, Lettre sur l’hérésie imaginaire, I, éd. Cluny, II, p. 183.

 

 

Éclaircissements

 

751. Un bout de capuchon arme 25 000 moines.

 

La référence 751

 

Croquette Bernard, Pascal et Montaigne, p. 3. Référence à Essais, III, 10, p. 751. Il faut évidemment se reporter à l’édition des Essais que Pascal a eue en main, c’est-à-dire celle de 1652. Mais il n’y a rien sur les moines ni sur les capuchons dans ce passage de Montaigne. Si c’est la bonne référence, ce qui reste à prouver, ce n’est pas une note prise sur Montaigne, mais une réflexion à partir d’une page des Essais. Mais le rapport n’est vraiment pas évident.

 

Lafuma Louis, “Éclaircissement d’une notule pascalienne”, Revue d’Histoire Littéraire de la France, 1957, p. 212-214. Rappel d’une dispute qui avait duré plus d’un siècle sur la forme qui convenait de donner au capuchon des moines, rond, carré, ou pyramidal. Mais le rapprochement n’est pas vraiment instructif.

 

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES, 1993, p. 53. Le fragment a passé pour une attaque contre certains adversaires de Port-Royal à l’époque des Provinciales. En fait, l’histoire de la querelle qui agita l’ordre des Frères Mineurs au cours des XIIIe et XIVe siècles à propos de la forme de leur capuchon, est une sorte de leit-motiv dont on use souvent à Port-Royal pour illustrer la vanité des querelles entre religieux.

Nicole Pierre, Lettre sur l’hérésie imaginaire, I, éd. Cluny, II, p. 183. « Il est sans doute que lorsque les Cordeliers étaient divisés entre eux sur la forme de leur capuchon ; les uns qui se faisaient appeler les Frères spirituels, le voulant plus étroit, les autres qu’on appelait les Frères de la Communauté le voulant plus large ; cette dispute leur paraissait très considérable, et en effet la querelle en dura plus d’un siècle avec beaucoup de chaleur et d’animosité de part et d’autre, et fut à peine terminée par les bulles de quatre papes, Nicolas IV, Clément V, Jean XXII et Benoît XII. Mais maintenant il semble qu’on ait dessein de faire rire le monde, quand on parle de cette dispute, et je m’assure qu’il n’y a point de Cordeliers qui s’intéresse présentement pour la mesure de son capuchon. Ainsi un sage Cordelier aurait dû dire au temps où cette contestation était la plus échauffée : « Attendons un peu, et on se moquera des uns et des autres. » » Le texte rapporte ensuite les différends que suscita la question si les cordeliers sont maîtres du pain qu’ils mangent, et conclut ainsi : « Dieu se plaisant ainsi à humilier l’orgueil des hommes, en permettant qu’ils portent aux plus grandes extrémités les plus grandes bagatelles, pour leur faire voir qu’ils ne sont eux-mêmes que vanité ».

Rapin René, Mémoires, III, p. 8. Sur la première Lettre sur l’hérésie imaginaire, à propos des polémiques de 1658-1659. « Sur quoi il [sc. Nicole] rapporte combien le capuchon des cordeliers excita de troubles dans l’ordre, pour rendre encore cette affaire plus méprisable : concluant que l’on doit se moquer de tous ceux qui y ont eu part, c’est-à-dire du pape, du roi, du clergé, du parlement ; que la malice du diable y paraît évidemment, lequel se sert de cette chicane pour troubler l’Église ; que c’est une punition de Dieu, qui permet que tant de funestes suites naissent d’une cause si frivole... »

Il y a eu des épisodes analogues au XVIIe siècle.

D’Avrigny le P. Hyacinthe Robillard, SJ, Mémoires chronologiques et dogmatiques, pour servir à l’Histoire ecclésiastique depuis 1600 jusques en 1716 avec des réflexions et des remarques critiques, sl, sn, 1739, I, p. 368 sq. En 1624, le pape « fait un règlement sur la forme de l’habit des Capucins et des Récollets ». Le 9 décembre 1621, Grégoire XV renouvelle les ordonnances de Grégoire XIII et de Grégoire XIV, qui « défendent à tous les réguliers qui qu’ils soient, de s’habiller à la manière des Capucins, ou de l’imiter même, et cela à l’occasion des Frères du Tiers-Ordre de Sicile, qui en avaient tout pris, excepté la forme du capuchon, d’où il arrivait que les fidèles trompés par cette assemblance donnaient souvent à ceux-ci des aumônes qu’ils avaient destinées pour les autres. » Urbain VIII commande l’étroite observance de cette ordonnance, particulièrement pour les galoches. « Par la même déclaration le Nonce de France était chargé de réformer, non pas les sandales des mêmes religieux, car ils n’en avaient point, mais leur capuchon. Ils le portent un peu pointu, on leur ordonna de l’arrondir, et de porter la musette large, et le manteau long. Cet ordre fut réitéré le dernier de juillet 1632, à ceux de France, qui avaient cru avoir de bonnes raisons pour ne pas réformer leur capuchon et leur mosette, mais qui ne furent pas reçues » : p. 369-370. En août 1641, Urbain II doit mettre au pas les Prémontrés d’Espagne sur leur habit : p. 370.

L’Encyclopédie de Diderot, à l’article Capuchon, reprend une partie du texte de Nicole.