Prophéties II   – Papier original : RO 329 r° / v° et 333-1

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 68 p. 267-267 v°  / C2 : p. 485-485 v°

Éditions savantes : Faugère II, 296, XXVIII / Havet XXV.169 / Michaut 586 / Brunschvicg 711 / Tourneur p. 326 / Le Guern 449 / Lafuma 484 (série XIII) / Sellier 719

 

Avertissement : nous conservons, comme dans la plupart des éditions, les textes barrés verticalement par Pascal. Ces textes sont signalés ci-dessous sur un fond bleuté plus foncé.

 

 

Prédictions des choses particulières.

 

Ils étaient étrangers en Égypte, sans aucune possession en propre, ni en ce pays‑là, ni ailleurs,

 

Il n’y avait pas la moindre apparence ni de la royauté qui y a été si longtemps après, ni de ce Conseil souverain des soixante-dix juges, qu’ils appelaient le synedrin, qui ayant été institué par Moïse a duré jusqu’au temps de Jésus‑Christ. Toutes ces choses étaient aussi éloignées de leur état présent qu’elles le pouvaient être.

 

lorsque Jacob, mourant et bénissant ses douze enfants, leur déclare qu’ils seront possesseurs d’une grande terre, et prédit particulièrement à la famille de Juda que les rois qui les gouverneraient un jour seraient de sa race et que tous ses frères seraient ses sujets,

 

que même le Messie qui devait être l’attente des nations naîtrait de lui, et que la royauté ne serait point ôtée de Juda, ni le gouverneur et le législateur de ses descendants, jusqu’à ce que ce Messie attendu arrivât dans sa famille.

 

Ce même Jacob, disposant de cette terre future comme s’il en eût été maître, en donne une portion à Joseph plus qu’aux autres. Je vous donne, dit‑il, une part plus qu’à vos frères. Et bénissant ses deux enfants Éphraïm et Manassé que Joseph lui avait présentés, l’aîné Manassé à sa droite et le jeune Éphraïm à sa gauche, il met ses bras en croix et, posant la main droite sur la tête d’Éphraïm et la gauche sur Manassé, il les bénit en sorte. Et sur ce que Joseph lui représente qu’il préfère le jeune, il lui répond avec une fermeté admirable, « je le sais bien mon fils, je le sais bien, mais Éphraïm croîtra tout autrement que Manassé », ce qui a été en effet si véritable dans la suite, qu’étant seul presque aussi abondant que dix lignées entières qui composaient tout un royaume, elles ont été ordinairement appelées du seul nom d’Éphraïm. Ce même Joseph en mourant recommande à ses enfants d’emporter ses os avec eux quand ils iront en cette terre où ils ne furent que deux cents ans après.

Moïse, qui a écrit toutes ces choses si longtemps avant qu’elles fussent arrivées, a fait lui‑même à chaque famille les partages de cette terre avant que d’y entrer, comme s’il en eût été maître.

 

[Et déclare enfin que Dieu doit susciter] de leur nation et de leur race un prophète dont il a été la figure, et leur prédit exactement tout ce qui leur devait arriver dans la terre où ils allaient entrer après sa mort, les victoires que Dieu leur donnera, leur ingratitude envers Dieu, les punitions qu’ils en recevront, et le reste de leurs aventures.

 

Il leur donne les arbitres pour en faire le partage. Il leur prescrit toute la forme du gouvernement politique qu’ils y observeront, les villes de refuge qu’ils y bâtiront, et...

 

 

Ce texte montre Pascal en train de mettre au point une argumentation dont il a donné l’idée dans la liasse Figures particulières. Les deux prophéties qu’il mentionne ici, celle de Jacob d’une part, et celle de Moïse, ne sont pas directement des prophéties messianiques, mais elles servent à confirmer les prophéties messianiques en montrant, sur deux exemples de prédictions réalisées, que Jacob et Moïse étaient vraiment prophètes.

 

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Fragments connexes

 

Perpétuité 4 (Laf. 282, Sel. 314). Perpétuité.

Le Messie a toujours été cru. La tradition d’Adam était encore nouvelle en Noé et en Moïse. Les prophètes l’ont prédit depuis en prédisant toujours d’autres choses dont les événements qui arrivaient de temps en temps à la vue des hommes marquaient la vérité de leur mission et par conséquent celle de leurs promesses touchant le Messie. J.-C. a fait des miracles et les apôtres aussi qui ont converti tous les païens et par là toutes les prophéties étant accomplies le Messie est prouvé pour jamais.

Preuves de Jésus-Christ 19 (Laf. 317, Sel. 348). J.-C. prédit quant au temps et à l’état du monde. Le duc ôté de la cuisse, et la 4e monarchie.

Figures particulières 2 (Laf. 350, Sel. 382). [Jacob] croise ses bras et préfère le jeune.

Prophéties I (Laf. 483, Sel. 718), sur la prophétie de Jacob relative au sceptre de Juda.

Pensées diverses (Laf. 819, Sel. 660). Les prophéties mêlées des choses particulières et de celles du Messie afin que les prophéties du Messie ne fussent pas sans preuve et que les prophéties particulières ne fussent pas sans fruit.

 

Mots-clés : Bénédiction – Dieu – Égypte – EnfantÉphraïmFigureGouvernementJacobJésus-ChristJosephJudaManasséMessieMoïseParticulierPrédictionProphétieRoiSanhédrinTerre – Victoire.