Pensées diverses II – Fragment n° 13 / 37 – Papier original : RO 11-1 r° / v°

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 105 p. 353 v°-355  / C2 : p. 309-309 v°

Éditions de Port-Royal : Chap. XXIX - Pensées morales : 1669 et janvier 1670 p. 281 / 1678 n° 22 p. 277-278

Éditions savantes : Faugère I,195, LIII et LIV ; I, 261, XLIII / Havet VI.15 bis et 55 ; XXIV.94, XXV.133 / Brunschvicg 36, 155, 30 / Tourneur p. 89-1 / Le Guern 517 / Lafuma 605, 606, 610, 611 (série XXIV) / Sellier 502 et 503

 

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal

 

Chap. XXIX - Pensées morales : 1669 et janvier 1670 p. 281 / 1678 n° 22 p. 277-278

       

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. janvier 1670 1

Transcription du manuscrit

 

 [Pensées diverses - Laf. 587, Sel. 486] 2 L’homme est plein de besoins. Il n’aime que ceux qui peuvent les remplir. C’est un bon mathématicien, dira-t-on ; mais je n’ai que faire de mathématique. C’est un homme qui entend bien la guerre ; mais je ne la veux faire à personne. Il faut donc un honnête homme qui puisse s’accommoder à tous nos besoins.

 

L’homme est plein de besoins. Il n’aime que ceux qui peuvent les remplir tous. C’est un bon mathématicien, dira‑t‑on, mais je n’ai que faire de mathématique : il me prendrait pour une proposition. C’est un bon guerrier : il me prendrait pour une place assiégée. Il faut donc un honnête homme, qui puisse s’accommoder à tous mes besoins généralement.

 

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

2 « On ne passe point dans le monde pour se connaître en vers, si l’on n’a mis l’enseigne de poète, ni pour être habile en mathématiques, si l’on n’a mis celle de mathématicien. Mais les vrais honnêtes gens ne veulent point d’enseigne, et ne mettent guère de différence entre le métier de poète, et celui de brodeur. Ils ne sont point appelés ni poètes ; ni géomètres ; mais ils jugent de tous ceux-là. On ne les devine point. Ils parleront des choses dont l’on parlait, quand ils sont entrés. On ne s’aperçoit point en eux d’une qualité plutôt que d’une autre, hors de la nécessité de la mettre en usage : mais alors on s’en souvient ; car il est également de ce caractère, qu’on ne dise point d’eux qu’ils parlent bien, lorsqu’il n’est pas question du langage, et qu’on dise d’eux qu’ils parlent bien, quand il en est question. C’est donc une fausse louange quand on dit d’un homme lorsqu’il entre, qu’il est fort habile en poésie ; et c’est une mauvaise marque quand on n’a recours à lui que lorsqu’il s’agit de juger de quelques vers. »

 

Commentaire

 

C’est un homme qui entend bien la guerre ; mais je ne la veux faire à personne : déformation visible du sens de l’original, sans doute parce que les éditeurs n’en comprenaient pas bien le sens.