Pensées diverses III – Fragment n° 53 / 85 – Papier original : RO 401-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 136 p. 377 v°-379 / C2 : p. 337-337 v°

Éditions de Port-Royal : Chap. XXIX - Pensées morales : 1669 et janvier 1670 p. 285-286 / 1678 n° 33 p. 283

Éditions savantes : Faugère I, 212, CX / Havet VI.26 / Brunschvicg 9 / Tourneur p. 105-2 / Le Guern 594 / Lafuma 701 (série XXV) / Sellier 579

 

 

 

 

 

Dans l’édition de Port-Royal

 

Chap. XXIX - Pensées morales : 1669 et janvier 1670 p. 285-286 / 1678 n° 33 p. 283

       

 

Différences constatées par rapport au manuscrit original

 

Ed. janvier 1670 1

Transcription du manuscrit

 

 Quand on veut reprendre avec utilité, et montrer à un autre qu’il se trompe, il faut observer par quel côté il envisage la chose, car elle est vraie ordinairement de ce côté-là, et lui avouer cette vérité. Il se contente de cela, parce qu’il voit qu’il ne se trompait pas, et qu’il manquait seulement à voir tous les côtés. Or on n’a pas de honte de ne pas tout voir ; mais on ne veut pas s’être trompé : et peut-être que cela vient de ce que naturellement l’esprit ne se peut tromper dans le côté qu’il envisage, comme les appréhensions des sens sont toujours vraies.

 

 

Quand on veut reprendre avec utilité et montrer à un autre qu’il se trompe, il faut observer par quel côté il envisage la chose, car elle est vraie ordinairement de ce côté‑là, et lui avouer cette vérité, mais lui découvrir le côté par où elle est fausse. Il se contente de cela, car il voit qu’il ne se trompait pas et qu’il manquait seulement à voir tous les côtés. Or on ne se fâche pas de ne pas tout voir, mais on ne veut pas être trompé. Et peut-être que cela vient de ce que naturellement l’homme ne peut tout voir, et de ce que naturellement 2 il ne se peut tromper dans le côté qu’il envisage, comme les appréhensions des sens sont toujours vraies.

 

 

1 Conventions : rose = glose des éditeurs ; vert = correction des éditeurs ; marron = texte non retenu par les éditeurs.

2 Ce segment de phrase a été omis dans C1 et C2 (saut du même au même dans C0).

 

Les Portefeuilles Vallant ont conservé une copie intermédiaire, p. 54 v° : (en rouge : différences par rapport à l’original)

 

quand on veut reprendre avec utilité et montrer a un

autre quil setrompe, il faut observer par quel costé il

envisage la chose 1) car elle est vraye ordinairement de

ce costé la, et luy avouer cette verité,       il se contente

de cela car il voit quil ne se trompoit pas et qu’il

manquoit seulement a voir tous les costés, or on ne

                                   tout

se fache pas de ne pas voir veut mais on ne veut

pas estre trompés     peutestre que cela vient de ceque

naturellement       on ne se peut tromper dans le costé quil

envisage  - comme les aprehansions des sens sont toujours

vrayes.

 

Commentaire

 

L’idée de honte est affirmée plus nettement dans l’édition de 1670 que dans l’original ; cela introduit l’idée de l’amour propre.

Omission de la clause selon laquelle il faut montrer à l’autre le point sur lequel il se trompe.