Pensées diverses III – Fragment n° 26 / 85 – Papier original : RO 427-4

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 123 p. 371 / C2 : p. 327 v°

Éditions savantes : Faugère I, 191, XXXVIII / Havet XXV.57 / Brunschvicg 123 / Tourneur p. 100-4 / Le Guern 567 / Lafuma 673 (série XXV) / Sellier 552

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Bibliographie

 

 

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993.

SELLIER Philippe, Pascal et saint Augustin, Paris, Colin, 1970.

 

 

 

Éclaircissements

 

Il n’aime plus cette personne qu’il aimait il y a dix ans. Je crois bien : elle n’est plus la même ni lui non plus. Il était jeune et elle aussi, elle est tout autre. Il l’aimerait peut‑être encore telle qu’elle était alors.

 

C’est un exemple d’inconstance pris dans la réalité ordinaire. Il s’agit d’un sujet de ces « entretiens ordinaires de la vie » qui sont censés faire l’efficacité du style de Salomon de Tultie. Voir Laf. 745, Sel. 618. Le lecteur trouve facilement dans sa mémoire une application de ce fragment.

Laf. 672, Sel. 551. Non seulement nous regardons les choses par d’autres côtés, mais avec d’autres yeux ; nous n’avons garde de les trouver pareilles.

Pascal ne dit rien de ce qui se passe au même moment dans l’esprit de la femme. Mais la dernière phrase laisse deviner ce que la dame peut penser au même moment, à regarder le vieillard qu’elle a peut-être aimé dans le passé. C’est sans doute une manifestation de l’amour propre.

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., p. 197 sq. Définition : l’inconstance n’est que la diversité saisie dans le temps : p. 197. Si l’homme pouvait trouver satisfaction dans quelque objet, il s’y tiendrait sans plus en chercher d’autres ; mais comme tout le déçoit, il passe sans cesse d’objet en objet, dans l’illusion de pouvoir en trouver un qui le satisfasse.

Sellier Philippe, Pascal et saint Augustin, Paris, Colin, 1970, p. 33 sq. Inconstance.

Il semble en revanche que la littérature ait rarement abordé ce genre de situation. C’est pourtant un thème de pièce de théâtre ou de roman, mais la littérature semble avoir rarement abordé ce genre de situation. Les exemples sont tardifs.

Flaubert Gustave, L’éducation sentimentale, III, VI, éd. Thibaudet et Dumesnil, in Œuvres, II, Pléiade, Paris, Gallimard, 1963, p. 448 sq., la dernière entrevue de Frédéric Moreau et Mme Arnoux.

On peut aussi penser au personnage du Swann de La recherche du temps perdu, qui s’aperçoit qu’il a aimé en Odette une femme qui n’était pas son genre.

Un cas burlesque, mais significatif, est fourni par le chapitre XXIX de Candide, où le héros retrouve enfin « sa belle Cunégonde rembrunie, les yeux éraillés, la gorge sèche, les joues ridées, les bras rouges et écaillés », et « recul(e) trois pas, saisi d’horreur ».