Pensées diverses III – Fragment n° 34 / 85 – Papier original : RO 425-2

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 124 p. 371 v°-373 / C2 : p. 329 v°

Éditions de Port-Royal : Chap. XXIX - Pensées morales : 1669 et janvier 1670 p. 283-284 /

1678 n° 28 p. 280-281

Éditions savantes : Faugère I, 192, XLIII / Havet VI.21 / Brunschvicg 353 / Tourneur p. 101-4 / Le Guern 575 / Lafuma 681 (série XXV) / Sellier 560

______________________________________________________________________________________

 

 

Bibliographie

 

 

MARIN Louis, Pascal et Port-Royal, Paris, Presses Universitaires de France, 1997.

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, Paris, SEDES-CDU, 1993.

SAINTE-BEUVE, Port-Royal, I, X, éd. M. Le Roy, t. 1, Pléiade, Gallimard, 1953, p. 286 sq.

THIROUIN Laurent, Pascal ou le défaut de la méthode. Lecture des Pensées selon leur ordre, Paris, Champion, 2015.

 

 

Éclaircissements

 

Marin Louis, Pascal et Port-Royal, p. 29 sq. Analyse rhétorique du texte. Fragment qui est un dialogue.

Dialogue qui n’oppose pas deux thèses incompatibles, comme dans le dialogue entre stoïciens et épicuriens selon Pascal, mais dans lequel la succession des répliques dessine un progrès dans l’approfondissement du problème. Chaque réplique vise à montrer à l’interlocuteur ce qu’il n’a pas vu.

Premier temps (implicite) : la vertu, lorsqu’elle est poussée à l’extrême, est admirable.

Deuxième temps : ce n’est le cas que quand elle est associée à la vertu opposée ; il faut toucher les deux la fois.

Troisième temps : ce n’est sans doute que quand un mouvement de l’âme fait atteindre successivement les deux extrêmes.

Quatrième temps : c’est la preuve, sinon de l’étendue de l’âme, du moins de son agilité.

Thirouin Laurent, Pascal ou le défaut de la méthode. Lecture des Pensées selon leur ordre, p. 241 sq. Rapprochement de ce fragment avec la règle pascalienne consistant à « donner la raison de l’autre ».

 

Je n’admire point l’excès d’une vertu comme de la valeur si je ne vois en même temps l’excès de la vertu opposée, comme en Épaminondas qui avait l’extrême valeur et l’extrême bénignité.

 

Je n’admire point… : Pascal parle-t-il ici en son propre nom ?

Valeur : hardiesse, bravoure, courage ; se dit surtout de l’ardeur belliqueuse, qualité guerrière. La valeur n’est pas toujours une vertu, c’est parfois une témérité, ou un désir aveugle d’acquérir de la gloire (Furetière).

L’expression excès de valeur est paradoxale, au moins en apparence, si l’on se rapporte à la définition aristotélicienne de la vertu comme intermédiaire entre deux excès opposés. Dans cette perspective, la vraie valeur évite de tomber dans l’excès de la témérité, aussi bien que dans la couardise. Mais il ne semble pas que ce soit ici le point de vue de Pascal. L’édition de Port-Royal évite soigneusement le mot excès.

Pascal a formulé une objection à la doctrine aristotélicienne de la vertu dans un autre fragment : Laf. 674, Sel. 553. Nous ne nous soutenons pas dans la vertu par notre propre force, mais par le contrepoids de deux vices opposés, comme nous demeurons debout entre deux vents contraires. Ôtez un de ces vices nous tombons dans l’autre.

Excès : la partie par laquelle une quantité est plus grande qu’une autre : cette ligne est plus grande que celle-là. Se dit en morale de ce qui passe au-delà des justes bornes et mesures prescrites à chaque chose. Il ne faut pas pousser la bravoure dans l’excès (Furetière).

Le sens dans le présent fragment est ici le premier : ce que de valeur certains hommes ont de plus que les autres. D’autre part, Pascal oppose ici la valeur à la bénignité. Bénignité : humanité, douceur.

Épaminondas : général thébain du IIIe siècle avant Jésus-Christ. Sa biographie par Plutarque est perdue. Reste celle de Cornelius Nepos, Vies des grands capitaines, Épaminondas ; voir l’éd. des Œuvres, éd. A. M. Guillemin, Paris, Hatier, 1925.

Montaigne fait son éloge dans Essais, III, 1, De l’utile et de l’honnête, éd. Balsamo et alii, Pléiade, p. 842-843. « J’ai autrefois logé Épaminondas au premier rang des hommes excellents : et ne m’en dédis pas. Jusques où montait-il la considération de son particulier devoir ? qui ne tua jamais homme qu’il eût vaincu : qui pour ce bien inestimable, de rendre la liberté à son pays, faisait conscience de tuer un tyran, ou ses complices, sans les formes de la justice : et qui jugeait méchant homme, quelque bon citoyen qu’il fût, celui qui entre les ennemis, et en la bataille, n’épargnait son ami et son hôte. Voilà une âme de riche composition. Il mariait aux plus rudes et violentes actions humaines, la bonté et l’humanité, voire la plus délicate, qui se trouve en l’école de la philosophie. Ce courage si gros, enflé, et obstiné contre la douleur, la mort, la pauvreté, était-ce nature, ou art, qui l’eût attendri, jusques au point d’une si extrême douceur, et débonnaireté de complexion ? Horrible de fer et de sang, il va fracassant et rompant une nation invincible contre tout autre, que contre lui seul : et gauchit au milieu d’une telle mêlée, au rencontre de son hôte et de son ami. Vraiment celui-là proprement commandait bien à la guerre, qui lui faisait souffrir le mors de la bénignité, sur le point de sa plus forte chaleur : ainsi enflammée qu’elle était, et toute écumeuse de fureur et de meurtre. C’est miracle, de pouvoir mêler à telles actions quelque image de justice : mais il n’appartient qu’à la raideur d’Épaminondas, d’y pouvoir mêler la douceur et la facilité des mœurs les plus molles, et la pure innocence. Et où l’un dit aux Mamertins, que les statuts n’avaient point de mise envers les hommes armés : l’autre, au tribun du peuple, que le temps de la justice, et de la guerre, étaient deux : le tiers, que le bruit des armes l’empêchait d’entendre la voix des lois : cetui-ci n’était pas seulement empêché d’entendre celles de la civilité, et pure courtoisie. Avait-il pas emprunté de ses ennemis, l’usage de sacrifier aux Muses, allant à la guerre, pour détremper par leur douceur et gaité, cette furie et âpreté martiale ? » Voir aussi Essais, II, 26, éd. cit., p. 795-796.

Sur la manière dont Pascal se sert des exemples, voir Mesnard Jean, “L’exemple dans les Pensées de Pascal”, in B. Guion, M. S. Seguin, S. Menant et P. Sellier, Poétique de la pensée. Études sur l’âge classique et le siècle philosophique, Paris, Champion, 2006, p. 569-585.

 

Car autrement ce n’est pas monter, c’est tomber. On ne montre pas sa grandeur pour être à une extrémité, mais bien en touchant les deux à la fois et remplissant tout l’entre‑deux.

 

Entre-deux : Sainte-Beuve, Port-Royal, I, X, éd. M. Le Roy, t. 1, Pléiade, Gallimard, 1953, p. 285 sq., consacre des pages intéressantes à l’entre-deux chez Pascal, qu’il applique à saint François de Sales. Brunschvicg minor indique cette référence, qui est absente de GEF XIII, p. 265.

Sur l’entre-deux et les différents sens auxquels on peut prendre la notion de position intermédiaire, voir les références données sur l’expression « entre-deux » dans le commentaire du fragment Commencement 4 (Laf. 152, Sel. 185).

Grandeur : Pascal ne semble pas prendre ici l’idée de grandeur au sens de la liasse éponyme. Montrer sa grandeur est le propre du héros, notamment du héros tragique. Voir plus bas le rapprochement avec Corneille.

 

Mais peut‑être que ce n’est qu’un soudain mouvement de l’âme de l’un à l’autre de ces extrêmes et qu’elle n’est jamais en effet qu’en un point, comme le tison de feu.

 

Pascal écrit l’une à l’autre de ces extrêmes (voir la transcription diplomatique). On dirait plutôt aujourd’hui l’un à l’autre de ces extrêmes.

Les dictionnaires ne permettent guère de décider. Extrême est le plus souvent employé comme adjectif. Furetière indique qu’extrême est un adjectif, et n’indique aucun substantif, de même que Richelet et le Dictionnaire de l’Académie. Si l’on entend extrêmes comme un adjectif, il faudrait sous-entendre un substantif féminin comme situation ou position, ce que rien n’impose dans le texte. Mais l’hypothèse est difficilement soutenable.

L’édition de Port-Royal fait d’extrême un nom masculin.

Les occurrences du mot extrême dans les Pensées ne permettent pas de savoir si Pascal peut l’entendre comme un substantif féminin. En revanche, un passage de la Lettre à Le Pailleur, OC II, éd. J. Mesnard, p. 563-564, suggère que Pascal admet extrême comme substantif masculin : parlant de l’espace vide, il écrit : « Pour débrouiller toutes ces idées, je lui en ai donné cette définition, où il peut voir que la chose que nous concevons et que nous exprimons par le mot d'espace vide, tient le milieu entre la matière et le néant, sans participer ni à l'un ni à l'autre ; qu'il diffère du néant par ses dimensions ; et que son irrésistance et son immobilité le distinguent de la matière : tellement qu'il se maintient entre ces deux extrêmes, sans se confondre avec aucun des deux. »

Dans ce passage, extrêmes est certainement masculin. Primo, le mot aucun est masculin, ce qui implique qu’extrêmes aussi. Secundo, le masculin l’emportant en grammaire sur le féminin, dans ce cas particulier, le genre du mot extrêmes ne laisse aucun doute : c’est un masculin qui doit s’entendre comme une forme équivalente à un neutre.

Mais cet exemple n’emporte pas que, au moins en théorie, le mot extrême ne puisse être un épicène, susceptible d’être aussi bien masculin que féminin. Il suffirait pour cela qu’au lieu d’avoir, comme c’est le cas ici, un masculin (néant) et un féminin (matière), on ait deux noms féminins : on écrirait alors : « le mot d'espace vide tient le milieu entre la matière et l’antimatière, sans participer ni à l'une ni à l'autre : tellement qu'il se maintient entre ces deux extrêmes, sans se confondre avec aucune des deux. »

La Lettre à Le Pailleur suggère donc fortement qu’extrême est un masculin, sans permettre d’en décider à coup sûr. Cet exemple tendrait donc à imposer dans le présent fragment la leçon l’un à l’autre de ces extrêmes, en supposant que Pascal a commis, dans son manuscrit, une erreur d’inattention. Celle-ci s’expliquerait peut-être par la présence de plusieurs occurrences du mot extrémités dans les lignes précédentes, trois si l’on compte les parties barrées.

Il semble cependant que l’usage confirme cette conclusion. Le cardinal de Retz par exemple écrit dans ses Mémoires : « Les extrêmes sont toujours fâcheux ».

Dans son Discours sur Théophraste, La Bruyère écrit : « ils veulent qu'on leur explique ce que c'est que la vertu en général, et cette vertu en particulier ; quelle différence se trouve entre la valeur, la force et la magnanimité ; les vices extrêmes par le défaut ou par l'excès entre lesquels chaque vertu se trouve placée, et duquel de ces deux extrêmes elle emprunte davantage ».

Enfin, l’étymologie du substantif extrême remonte du latin extremum (extrema au pluriel), neutre qui donne normalement en français un masculin.

Nous conserverons donc la lecture de l’un à l’autre de ces extrêmes, avec les réserves qu’impose les lignes précédentes.

Commentaire de Brunschvicg GEF XIII, p. 268, p. 491 : « en vertu de la persistance des images sur la rétine, il suffit qu’un tison enflammé fasse plus de dix tours à la seconde pour représenter à l’œil une circonférence de feu. La succession rapide produit ainsi l’illusion de la simultanéité ». L’édition de Port-Royal ajoute « qu’on tourne », ce qui suppose un mouvement circulaire, alors que le texte de Pascal ne suppose rien de tel.

Laf. 829, Sel. 668. Ces grands efforts d’esprit où l’âme touche quelquefois sont choses où elle ne se tient pas ; elle y saute seulement non comme sur le trône pour toujours, mais pour un instant seulement.

Les mouvements poussés à l’extrême ne durent jamais bien longtemps. C’est l’illusion des stoïciens d’avoir cru que ce que l’âme peut une fois, elle le peut longtemps et toujours. Voir le fragment Philosophes 8 (Laf. 146, Sel. 179). Stoïques. Ils concluent qu’on peut toujours ce qu’on peut quelquefois et que, puisque le désir de la gloire fait bien faire à ceux qu’il possède quelque chose, les autres le pourront bien aussi. Ce sont des mouvements fiévreux que la santé ne peut imiter. Épictète conclut de ce qu’il y a des chrétiens constants que chacun le peut bien être.

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., 1993, p. 111 sq., renvoie à une partie barrée verticalement du fragment Laf. 522, Sel. 453. Cet homme si affligé de la mort de sa femme et de son fils unique, qui a cette grande querelle qui le tourmente, d’où vient qu’à ce moment il n’est point triste et qu’on le voit si exempt de toutes ces pensées pénibles et inquiétantes ? Il ne faut pas s’en étonner. On vient de lui servir une balle et il faut qu’il la rejette à son compagnon. Il est occupé à la prendre à la chute du toit pour gagner une chasse. Comment voulez-vous qu’il pense à ses affaires ayant cette autre affaire à manier ? Voilà un soin digne d’occuper cette grande âme et de lui ôter toute autre pensée de l’esprit. Cet homme né pour connaître l’univers, pour juger de toutes choses, pour régler tout un Etat, le voilà occupé et tout rempli du soin de prendre un lièvre. Et s’il ne s’abaisse à cela et veuille toujours être tendu il n’en sera que plus sot, parce qu’il voudra s’élever au-dessus de l’humanité et il n’est qu’un homme au bout du compte, c’est-à-dire capable de peu et de beaucoup, de tout et de rien. Il n’est ni ange, ni bête, mais homme.

Le devoir d’être homme implique le refus du surhomme ou du héros. Il est vain de prétendre dépasser la mesure humaine : les possibilités de l’homme peuvent lui faire atteindre un extrême, mais tenir les deux extrêmes à la fois dépasse sa nature, sauf par un savant équilibre. Pascal préfère l’idéal de l’honnête homme à la démesure de l’héroïsme. Il ne mentionne pas ici le troisième terme : l’idéal chrétien enferme l’humilité et la conviction de la dépendance de l’homme à l’égard de Dieu.

Thirouin Laurent, Pascal ou le défaut de la méthode. Lecture des Pensées selon leur ordre, p. 241 sq.

 

Soit, mais au moins cela marque l’agilité de l’âme si cela n’en marque l’étendue.

 

Le mot agilité tel qu’il figure dans cette phrase n’est pas du langage ordinaire : Furetière ne le définit que pour les corps : mouvement et disposition des corps agiles. Agile : est agile un corps animé qui a un facile mouvement par la disposition de ses organes ; Furetière ne propose pas de sens moral. Le Dictionnaire de l’Académie précise que l’adjectif agile « ne se dit guère que du corps ». Cependant Molière écrit dans L’école des femmes : « Il rend agile à tout l'âme la plus pesante ». Au XVIIIe siècle, Vauvenargues emploie l’expression esprit agile dans La connaissance de l’esprit humain, Des saillies.

Marin Louis, Pascal et Port-Royal, p. 30 sq. « Cette trace vide en quelque point qu’on la prenne, mais paraît pleine lorsqu’on la regarde, la nuit, est la figure de la grandeur : elle est la figure du discours dans la vérité et la morale », en ce sens qu’il faut « pratiquer le déplacement et la fragmentation de la position de parole qui se sépare d’elle-même et se pose dans sa distance à soi ; il faut s’exercer dans le jeu de la différence qui est une agilité de l’âme et non son amplitude ; qui est une danse ».

La phase suivante du raisonnement conduit logiquement au fragment Laf. 724, Sel. 605. Ce que peut la vertu d’un homme ne se doit pas mesurer par ses efforts mais par son ordinaire.

Peut-être faut-il renvoyer à des lectures que Pascal a faites, sans les nommer ici. Pascal a fait allusion à l’attitude héroïque du Horace de Corneille dans le fragment Miracles III (Laf. 897, Sel. 448). Comminuentes cor. Saint Paul. Voilà le caractère chrétien. Albe vous a nommé, je ne vous connais plus. Corneille. Voilà le caractère inhumain. Le caractère humain est le contraire.

La conduite de Horace dans la pièce tend à concilier deux vertus, la valeur militaire exigée par sa patrie d’une part, et une certaine humanité qui le pousse à ne pas oublier ses liens familiaux avec Curiace. L’acte IV, au cours duquel il assassine sa propre sœur, montre en revanche dans quel excès criminel il tombe alors qu’il est au sommet de sa gloire : preuve qu’il ne s’est pas montré capable de tenir les deux bouts de la chaine. Dans le dernier acte de sa tragédie, Corneille fait avouer à Horace qu’il a expérimenté l’incapacité de l’homme de se maintenir toujours au niveau de l’héroïsme. Le discours du héros exprime sur ce point un désespoir saisissant.

« Sire, c’est rarement qu’il s’offre une matière

À montrer d’un grand cœur la vertu toute entière.

Suivant l’occasion elle agit plus ou moins,

Et paraît forte ou faible aux yeux de ses témoins.

Le peuple, qui voit tout seulement par l’écorce,

S’attache à son effet pour juger de sa force ;

Il veut que ses dehors gardent un même cours,

Qu’ayant fait un miracle, elle en fasse toujours :

Après une action pleine, haute, éclatante,

Tout ce qui brille moins remplit mal son attente :

Il veut qu’on soit égal en tout temps, en tous lieux ;

Il n’examine point si lors on pouvait mieux,

Ni que, s’il ne voit pas sans cesse une merveille,

L’occasion est moindre, et la vertu pareille :

Son injustice accable et détruit les grands noms ;

L’honneur des premiers faits se perd par les seconds ;

Et quand la renommée a passé l’ordinaire,

Si l’on n’en veut déchoir, il faut ne plus rien faire.

Je ne vanterai point les exploits de mon bras ;

Votre majesté, sire, a vu mes trois combats :

Il est bien malaisé qu’un pareil les seconde,

Qu’une autre occasion à celle-ci réponde,

Et que tout mon courage, après de si grands coups,

Parvienne à des succès qui n’aillent au-dessous ;

Si bien que pour laisser une illustre mémoire,

La mort seule aujourd’hui peut conserver ma gloire :

Encor la fallait-il sitôt que j’eus vaincu,

Puisque pour mon honneur j’ai déjà trop vécu. »

La constatation de l’agilité de l’âme humaine n’est au fond pas très éloignée de celle de son inconstance. Sur l’idée d’inconstance, voir le commentaire du fragment Misère 2 (Laf. 54, Sel. 87).

On peut lire dans le livre de Paul Bénichou, Morales du Grand Siècle, Paris, Gallimard, 1948, le chapitre  IV, p. 155 sq.