Pensées diverses III – Fragment n° 6 / 85 – Papier original : RO 440-1

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 115 p. 367 / C2 : p. 323

Éditions savantes : Faugère I, 258, XXXIII / Havet VI.15 ter / Brunschvicg 35 / Tourneur p. 96 / Le Guern 547 / Lafuma 647 (série XXV) / Sellier 532

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Bibliographie

 

 

Voir le dossier thématique Honnête homme, où se trouvent les fondements de la pensée de Pascal sur cet idéal humain.

 

BLUCHE François (dir.), Dictionnaire du grand siècle, article Honnête homme, Paris, Fayard, 1990, p. 728-729.

BURY Emmanuel, Littérature et politesse, Paris, Presses Universitaires de France, 1996.

LEOPIZZI Marcella (éd.), L’honnêteté au Grand Siècle : belles manières et Belles Lettres, Tübingen, Narr, 2020.

MAGENDIE M., La politesse mondaine et les théories de l’honnêteté en France au XVIIe siècle de 1600 à 1660, Paris, Presses Universitaires de France, 1925.

MÉRÉ Chevalier de, Les Conversations, Discours de la justesse, éd. Charles-H. Boudhors, éd. Fernand Roches, Paris, 1930.

MÉRÉ Chevalier de, Les Discours, éd. Charles-H. Boudhors, éd. Fernand Roches, Paris, 1930.

MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993, p. 105-137.

MESNARD Jean, “Honnête homme et honnête femme dans la culture du XVIIe siècle”, in La culture du XVIIe siècle, p. 142-159.

MESNARD Jean, “Universalité de Pascal”, in Méthodes chez Pascal, Paris, Presses Universitaires de France, 1979, p. 335-356.

 

 

Éclaircissements

 

Honnête homme.

 

Voir le dossier thématique sur l’honnête homme, qui fournit les indications générales nécessaires. Nous ne proposons ici que les remarques qui touchent directement la lettre et le fond du texte.

Cet idéal est issu de la Renaissance, notamment de l’Italie, où il a donné lieu à la publication de manuels de civilité dont les Français se sont inspirés. L’idéal en a été exprimé par Montaigne, Essais, I, 25, De l’institution des enfants, éd. Balsamo et alii, Pléiade, p. 175 : « Nous qui cherchons ici [...] de former non un grammairien ou logicien, mais un gentilhomme [...] ».

La notion de l’honnête homme a évolué au cours du XVIIe siècle. Voir sur ce sujet Magendie M., La politesse mondaine et les théories de l’honnêteté en France au XVIIe siècle de 1600 à 1660, 1925.

L’idée de l’honnête homme implique l’absence de spécialité, qui rend l’individu incapable de prêter intérêt aux goûts et aux préoccupations des autres.

Parmentier Bérengère, Le siècle des moralistes, p. 186 sq. L’honnête homme est défini négativement comme un individu qui n’a pas suivi le cursus universitaire et à qui ses ressources permettent pourtant de fréquenter une société choisie et de se procurer des livres. Cette catégorie n’est définie ni par le sang ni par l’argent, ni par une détermination sociale à proprement parler, mais par le goût et la culture. La politesse et élégance du comportement s’expriment dans la conversation : p. 187.

GEF II, p. 147. L’honnête homme de la génération de Pascal ; en quoi il diffère de la génération nouvelle.

 

Il faut qu’on n’en puisse [dire] ni il est mathématicien, ni prédicateur, ni éloquent, mais il est honnête homme.

 

L’honnête homme se définit d’abord par des négations.

Montaigne, Essais, I, 25, procède au même type d’exclusion (voir plus haut) : « Nous qui cherchons ici [...] de former non un grammairien ou logicien, mais un gentilhomme [...] ».

Laf. 605, Sel. 502. L’homme est plein de besoins. Il n’aime que ceux qui peuvent les remplir tous. C’est un bon mathématicien dira-t-on, mais je n’ai que faire de mathématique ; il me prendrait pour une proposition. C’est un bon guerrier : il me prendrait pour une place assiégée. Il faut donc un honnête homme qui puisse s’accommoder à tous mes besoins généralement.

La Rochefoucauld, Maximes, 203. « Le vrai honnête homme est celui qui ne se pique de rien ». Voir Mesnard Jean, “Honnête homme et honnête femme dans la culture du XVIIe siècle”, in La culture du XVIIe siècle, p. 149, sur le sens de cette maxime : ne se fâcher de rien, ne faire vanité de rien.

Ce principe de Pascal s’oppose à la conduite ordinaire du monde, qui est elle-même directement contraire à celle des « gens universels » :

Laf. 587, Sel. 486. On ne passe point dans le monde pour se connaître en vers si l'on n'a mis l'enseigne de poète, de mathématicien, etc. mais les gens universels ne veulent point d'enseigne et ne mettent guère de différence entre le métier de poète et celui de brodeur.

Les gens universels ne sont appelés ni poètes, ni géomètres, etc. Mais ils sont tout cela et juges de tous ceux-là. On ne les devine point et parleront de ce qu'on parlait quand ils sont entrés. On ne s'aperçoit point en eux d'une qualité plutôt que d'une autre, hors de la nécessité de la mettre en usage, mais alors on s'en souvient. Car il est également de ce caractère qu'on ne dise point d'eux qu'ils parlent bien quand il n'est point question du langage et qu'on dise d'eux qu'ils parlent bien quand il en est question. C'est donc une fausse louange qu'on donne à un homme quand on dit de lui lorsqu'il entre qu'il est fort habile en poésie et c'est une mauvaise marque quand on n'a pas recours à un homme quand il s'agit de juger de quelques vers.

Mesnard Jean, Pascal et les Roannez, p. 257. Pascal passe dans le monde pour un pur savant : ses succès sont d’abord le résultat de ses travaux scientifiques. Mais ce n’est qu’en forçant le trait que Méré le présente comme « un grand mathématicien qui ne savait que cela ». Pascal exclut de la conversation mondaine les raisonnements arides. En 1645, il présente la machine arithmétique dans son Avis, mais ne dit rien des rouages et des mécanismes qui de produiraient qu’un « infaillible dégoût ».

Méré, Conversations, éd. Boudhors, I, p. 11. « La guerre est le plus beau métier du monde, il en faut demeurer d’accord ; mais à le bien prendre, un honnête homme n’a point de métier. Quoiqu’il sache parfaitement une chose et que même il soit obligé d’y passer sa vie, il me semble que sa manière d’agir ni son entretien ne le font point remarquer ». Qu’il sache une chose, sa manière d’agir fait qu’on ne le remarque pas. Différence entre honnête homme et galant homme : on trouve à ce dernier certains agréments qu’un honnête homme n’a pas toujours ; le galant homme est « plus de tout dans la vie ordinaire » ; mais l’honnête homme est plus profond, quoiqu’il s’empresse moins dans le monde. On ne peut aimer un galant homme qu’un certain temps, on aime toujours l’honnête homme. L’honnête homme dans l’Antiquité grecque : p. 28. Honnêteté et richesse : p. 38. Discrétion de l’honnête homme ; il n’aime pas se faire remarquer ; on apprend chez lui à la fois de bonnes choses et l’usage qu’on peut en faire.

Méré, Conversations, V, éd. Boudhors, p. 75 sq. Description de l’honnêteté : elle consiste à ne faire mystère de rien, à ne se montrer ni se cacher. « Son abord n’a pas tant d’éclat que l’on en soit ébloui ni surpris : mais quand on vient à la considérer, on voit qu’elle a tant de grâce en tout ce qui se présente de bien ou de mal, de sérieux ou d’enjoué, qu’on dirait que tout lui est égal pour être agréable » : p. 75. Autres caractères : son intérêt ne l’éblouit pas ; l’honnête homme fait preuve de retenue à décider, et il juge bien ; il ne dépend ni du temps ni du lieu : p. 76-77.

Méré, Discours, éd. Boudhors, p. 50. Dans le monde, « on ne s’arrête guère à regarder qu’une seule chose en un sujet », et « on ne veut pas qu’une même personne se puisse vanter d’avoir tous les avantages ». Cas de César, grand chef de le guerre, dont on méconnaît l’éloquence : p. 59. Louanges tempérées : « cet homme, dit-on, a bien de l’esprit, mais il n’est pas savant ; cet autre a beaucoup étudié, mais il ne sait pas le monde [...] »

 

Cette qualité universelle me plaît seule.

 

Laf. 587, Sel. 486. Les gens universels ne sont appelés ni poètes, ni géomètres, etc. Mais ils sont tout cela et juges de tous ceux-là. On ne les devine point et parleront de ce qu'on parlait quand ils sont entrés. On ne s'aperçoit point en eux d'une qualité plutôt que d'une autre, hors de la nécessité de la mettre en usage, mais alors on s'en souvient. Car il est également de ce caractère qu'on ne dise point d'eux qu'ils parlent bien quand il n'est point question du langage et qu'on dise d'eux qu'ils parlent bien quand il en est question.

Paradoxalement, le fait que l’honnête homme n’est rien de spécial lui permet d’être universel dans ses relations avec les autres.

Mesnard Jean, “Universalité de Pascal”, in Méthodes chez Pascal, p. 335-356. L’universalité de l’honnête homme telle que la conçoit Pascal ne consiste pas à savoir tout, comme le voulaient en vain les humanistes érudits de la Renaissance, mais à savoir assez de tous les sujets pour pouvoir convenir aux personnes qu’il fréquente.

La Rochefoucauld exprime des idées analogues, mais dans un registre plus mondain que Pascal. Voir Lafond Jean, La Rochefoucauld. Augustinisme et littérature, p. 545 sq. La Rochefoucauld insiste moins que Pascal sur l’universalité des connaissances, mais plutôt sur l’universalité de l’honnêteté.

Verso du fragment Transition 2 (Laf. 195, Sel. 228). Puisqu’on ne peut être universel en sachant tout ce qui se peut savoir sur tout, il faut savoir peu de tout, car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose. Cette universalité est la plus belle. Si on pouvait avoir les deux encore mieux, mais s’il faut choisir il faut choisir celle-là. Et le monde le sent et le fait, car le monde est un bon juge souvent. (texte barré verticalement)

 

Quand en voyant un homme on se souvient de son livre, c’est mauvais signe.

 

Molière le montre clairement dans les rôles de Trissotin et Vadius dans Les femmes savantes.

Laf. 611, Sel. 503. Sa règle est l’honnêteté. Poète et non honnête homme.

Cette remarque est liée aux réflexions de Pascal sur le moi, qui se manifeste par l’ambition de s’imposer aux autres par ses qualités visibles.

Arnauld Antoine et Nicole Pierre, La logique ou l’art de penser, III, ch. XIX, 1664, éd. D. Descotes, Paris, Champion, 2014, p. 463 sq.

« Feu Mr Pascal, qui savait autant de véritable rhétorique, que personne en ait jamais su, portait cette règle jusques à prétendre, qu’un honnête homme devait éviter de se nommer, et même de se servir des mots de je, et de moi, et il avait accoutumé de dire sur ce sujet, que la piété chrétienne anéantit le moi humain, et que la civilité humaine le cache et le supprime. Ce n’est pas que cette règle doive aller jusqu’au scrupule ; car il y a des rencontres, où ce serait se gêner inutilement, que de vouloir éviter ces mots : mais il est toujours bon de l’avoir en vue, pour s’éloigner de la méchante coutume de quelques personnes, qui ne parlent que d’eux-mêmes et qui se citent partout, lorsqu’il n’est point question de leur sentiment. Ce qui donne lieu à ceux qui les écoutent, de soupçonner que ce regard si fréquent vers eux-mêmes ne naisse d’une secrète complaisance qui les porte souvent vers cet objet de leur amour, et excite en eux par une suite naturelle une aversion secrète pour ces personnes et pour tout ce qu’elles disent. »

Voir sur ce passage la notice de OC I, éd. J. Mesnard, p. 994. La seconde version de la Vie de Pascal, § 83, OC I, p. 635, reprend le même propos : « L’amour propre des autres n’était pas incommodé par le sien, et on aurait dit même qu’il n’en avait point, ne parlant jamais de lui, ni de rien par rapport à lui ; et on sait qu’il voulait qu’un honnête homme évitât de se nommer, et même de se servir des mots de je ou de moi. Ce qu’il avait coutume de dire sur ce sujet est « que la piété chrétienne anéantit le moi humain, et que la civilité humaine le cache et le supprime ». Il concevait cela comme une règle, et c’est justement ce qu’il pratiquait ».

 

Je voudrais qu’on ne s’aperçût d’aucune qualité que par la rencontre et l’occasion d’en user, ne quid nimis, de peur qu’une qualité ne l’emporte et ne fasse baptiser.

 

Baptiser se dit figurément : on dit qu’on le baptise quand on lui donne quelque sobriquet, quelque nom plaisant ou injurieux qui lui demeure toute sa vie. En ce sens, le mot est bas et burlesque (Furetière). Le Dictionnaire de l’Académie donne le même sens, mais sans insister sur le caractère « plaisant ou injurieux » du sobriquet. Richelet ignore ce sens. Brunschvicg minor, p. 354, donne une explication plus abstraite, qui méconnaît apparemment la connotation du mot, mais qui ne manque pas de justesse : « l’homme serait nommé, non plus par ce qui le constitue en lui-même, et qui s’exprime dans l’ensemble de ses qualités, mais simplement à l’aide d’une de ses caractéristiques qui effacerait ses autres dons ».

Rencontre : conjoncture, occasion (Furetière).

Qualité : le mot ne désigne pas nécessairement de bonnes qualités, mais des attributs au sens de la logique. Ce qui rend une chose sensible à nos sens, propriété, nature. On appelle dans l’École la qualité un accident, la blancheur, la saveur, la solidité, et en général le mot se dit de toutes les choses extérieures qui nous font parvenir à la connaissance de la nature des substances. Qualité se dit aussi figurément en choses spirituelles et morales, des dons, des talents, des dispositions bonnes ou mauvaises du corps ou de l’esprit (Furetière).

Je voudrais qu’on ne s’aperçût d’aucune qualité : il ne s’agit pas de dire que l’honnête homme est un homme sans qualités, comme dirait Musil, mais un homme dont les qualités n’apparaissent pas de façon à s’imposer à autrui.

Méré, Conversations, éd. Boudhors, I, p. 11. « La guerre est le plus beau métier du monde, il en faut demeurer d’accord ; mais à le bien prendre, un honnête homme n’a point de métier. Quoiqu’il sache parfaitement une chose et que même il soit obligé d’y passer sa vie, il me semble que sa manière d’agir ni son entretien ne le font point remarquer. » Qu’il sache une chose, sa manière d’agir fait qu’on ne le remarque pas. Discrétion de l’honnête homme : il n’aime pas se faire remarquer ; on apprend chez lui à la fois de bonnes choses et l’usage qu’on peut en faire. Qu’il sache une chose, sa manière d’agir fait qu’on ne le remarque pas.

Mesnard Jean (dir.), Précis de littérature française du XVIIe siècle, p. 285 sq. (chapitre composé par B. Tocanne). Vrai au sens d’authentique, au sens de la coïncidence de l’être et du paraître. Remarques sur l’honnêteté dans la société : l’homme est toujours en représentation sociale ; il a besoin de la société, d’exemples à suivre, de « qualités acquises » qui s’ajoutent aux naturelles. L’honnête homme sait discerner les qualités qui sont vraies et qui conviennent à son être propre et à sa condition sociale. Il s’approprie de façon délibérée les conduites qui lui conviennent. Un magistrat ne se revêt pas des qualités de l’homme de guerre. L’honnêteté rejoint le naturel et le vrai dans l’harmonie qu’elle établit entre l’être personnel, la fonction et le paraître social : p. 286. Ce conformisme réfléchi ne met pas en question l’ordre établi, mais ne rend pas dupe du spectacle souvent faux et ridicule que donne la comédie sociale.

Le chevalier de Méré s’exprime de la même manière : Méré, Conversations, V, éd. Boudhors, p. 75 sq. Description de l’honnêteté : elle consiste à ne faire mystère de rien, à ne se montrer ni se cacher. « Son abord n’a pas tant d’éclat que l’on en soit ébloui ni surpris : mais quand on vient à la considérer, on voit qu’elle a tant de grâce en tout ce qui se présente de bien ou de mal, de sérieux ou d’enjoué, qu’on dirait que tout lui est égal pour être agréable » : p. 75. Autres caractères : son intérêt ne l’éblouit pas ; l’honnête homme fait preuve de retenue à décider, et il juge bien : p. 76-77.

Pascal attribue à l’honnête homme le sens de la mesure :

Ne quid nimis : rien de trop. C’est selon Démétrios de Phalère l’une des maximes de Solon d’Athènes, l’un des sept sages de la Grèce ; voir Les penseurs grecs avant Socrate, de Thalès de Milet à Prodicos, éd. J. Voilquin, Paris, Garnier-Flammarion, 1964, p. 25.

 

Qu’on ne songe point qu’il parle bien sinon quand il s’agit de bien parler, mais qu’on y songe alors.

 

Alors que le début du fragment insiste sur ce que l’honnête homme n’est pas, Pascal indique ici quelles sont ses qualités réelles. Il doit avoir des qualités réelles, quoique le plus souvent il sache les faire oublier. C’est ce qu’indique, cum grano salis le verso du fragment Transition 2 (Laf. 195, Sel. 228). Puisqu’on ne peut être universel en sachant tout ce qui se peut savoir sur tout, il faut savoir peu de tout, car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose. Cette universalité est la plus belle. Si on pouvait avoir les deux encore mieux, mais s’il faut choisir il faut choisir celle-là. Et le monde le sent et le fait, car le monde est un bon juge souvent. (texte barré verticalement)

Méré, Conversations, éd. Boudhors, I, p. 11. « La guerre est le plus beau métier du monde, il en faut demeurer d’accord ; mais à le bien prendre, un honnête homme n’a point de métier. Quoiqu’il sache parfaitement une chose et que même il soit obligé d’y passer sa vie, il me semble que sa manière d’agir ni son entretien ne le font point remarquer. » Qu’il sache une chose, sa manière d’agir fait qu’on ne le remarque pas. La différence entre honnête homme et galant homme consiste en ce qu’on trouve à ce dernier certains agréments qu’un honnête homme n’a pas toujours ; le galant homme est « plus du tout dans la vie ordinaire » ; mais l’honnête homme est plus profond, quoiqu’il s’empresse moins dans le monde. On ne peut aimer un galant homme qu’un certain temps, on aime toujours l’honnête homme. Discrétion de l’honnête homme ; il n’aime pas se faire remarquer ; on apprend chez lui à la fois de bonnes choses et l’usage qu’on peut en faire.

La Rochefoucauld est plus précis sur ce point. Voir Lafond Jean, La Rochefoucauld. Augustinisme et littérature, p. 545 sq. L’honnêteté ne se réduit pas à un art de plaire. Elle consiste à faire preuve de droiture et de raison, dans le respect strict des devoirs, des engagements, de la parole donnée, et dans la préférence des intérêts des autres aux siens. L’honnête homme est un homme d’honneur. Il a l’amour de la vérité (Maxime 202) : p. 55. Sa discrétion à l’égard d’autrui (Réflexion II) s’accompagne du souci de préserver les distances, qui est à la fois politesse et respect du secret de tout individu : p. 55.