Miracles II  – Fragment n° 5 / 15 – Papier original : RO 125-1

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : n° 192 p. 443 v°-445 / C2 : p. 241-242

Éditions de Port-Royal : Chap. XXVII - Pensées sur les miracles : 1669 p. 222 et 228 et janv. 1670 p. 223 et 228 / 1678 n° 6 p. 216 et n° 9 p. 221

Éditions savantes : Faugère II, 230, XXIII / Havet XXIII.7, 16 ; XXV.150 / Brunschvicg 829 / Tourneur p. 146 / Le Guern 685 / Lafuma 841 (série XXXIII, notée XXXII par erreur) / Sellier 426

 

 

 

Jésus-Christ dit que les Écritures témoignent de lui, mais il ne montre point en quoi.

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Même les prophéties ne pouvaient pas prouver Jésus-Christ pendant sa vie, et ainsi on n’eût point été coupable de ne point croire en lui avant sa mort, si les miracles n’eussent pas suffi sans la doctrine. Or ceux qui ne croient pas en lui encore vivant étaient pécheurs, comme il le dit lui‑même, et sans excuse. Donc il fallait qu’ils eussent une démonstration à laquelle ils résistassent. Or ils n’avaient pas l’Écriture, mais seulement les miracles, donc ils suffisent quand la doctrine n’est pas contraire. Et on doit y croire.

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Jeh., 7, 40. Contestation entre les Juifs comme entre les chrétiens aujourd’hui.

Les uns croient en Jésus-Christ, les autres ne le croient pas à cause des prophéties qui disaient qu’il devait naître de Bethléem.

Ils devaient mieux prendre garde s’il n’en était pas, car ses miracles étant convaincants, ils devaient bien s’assurer de ces prétendues contradictions de sa doctrine à l’Écriture, et cette obscurité ne les excusait pas, mais les aveuglait. Ainsi ceux qui refusent de croire les miracles d’aujourd’hui pour une prétendue contradiction chimérique ne sont pas excusés. Le peuple qui croyait en lui sur ses miracles, les pharisiens leur disent : Ce peuple est maudit qui ne sait pas la Loi. Mais y a‑t‑il un prince ou un pharisien qui ait cru en lui ? Car nous savons que nul prophète ne sort de Galilée. Nicodème répondit : Notre Loi juge‑t‑elle un homme devant que de l’avoir ouï ?

 

 

Notes sur les miracles. Pascal s’intéresse particulièrement aux contestations apportées par ceux qui ne croyaient pas aux miracles du Christ. Il conclut que, dans cette situation, il était nécessaire de croire les miracles. Il étend ensuite la question à la condition de ses contemporains ; ceux qui refusent de croire les miracles d’aujourd’hui pour une prétendue contradiction chimérique, ne sont pas excusés.

 

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Fragments connexes

 

Soumission 14 (Laf. 180, Sel. 211). Jésus-Christ a fait des miracles et les apôtres ensuite. Et les premiers saints en grand nombre, parce que les prophéties n’étant pas encore accomplies, et s’accomplissant par eux, rien ne témoignait que les miracles. Il était prédit que le Messie convertirait les nations. Comment cette prophétie se fût-elle accomplie sans la conversion des nations, et comment les nations se fussent-elles converties, au Messie, ne voyant pas ce dernier effet des prophéties qui le prouvent. Avant donc qu’il ait été mort, ressuscité et converti les nations tout n’était pas accompli et ainsi il a fallu des miracles pendant tout ce temps. Maintenant il n’en faut plus contre les Juifs, car les prophéties accomplies sont un miracle subsistant.

Miracles II (Laf. 834, Sel. 422). Raison pourquoi on ne croit point.

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Ce qui fait qu’on ne croit pas les vrais miracles est le manque de charité.

Miracles II (Laf. 846, Sel. 429). Jésus-Christ a vérifié qu’il était le Messie, jamais en vérifiant sa doctrine sur l’Écriture ou les prophéties, et toujours par ses miracles.

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Il prouve qu’il remet les péchés par un miracle.

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Ne vous éjouissez point de vos miracles, dit Jésus-Christ, mais de ce que vos noms sont écrits aux cieux.

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S’ils ne croient point Moïse, ils ne croiront pas un ressuscité.

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Nicodème reconnaît par ses miracles que sa doctrine est de Dieu. Scimus quia venisti a Deo magister, nemo enim potest facere quae tu facis nisi Deus fuerit cum illo. Il ne juge pas des miracles par la doctrine, mais de la doctrine par les miracles.

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Les Juifs avaient une doctrine de Dieu comme nous en avons une de Jésus-Christ, et confirmée par miracles, et défense de croire à tous faiseurs de miracles, et de plus ordre de recourir aux grands prêtres et de s’en tenir à eux. Et ainsi toutes les raisons que nous avons pour refuser de croire les faiseurs de miracles, ils les avaient à l’égard de leurs prophètes. Et cependant ils étaient très coupables de refuser les prophètes à cause de leurs miracles et Jésus-Christ, et n’eussent point été coupables s’ils n’eussent point vu les miracles. Nisi fecissem, peccatum non haberent.

Donc toute la créance est sur les miracles.

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La prophétie n’est point appelée miracle. Comme saint Jean parle du premier miracle en Cana, et puis de ce que Jésus-Christ dit à la Samaritaine qui découvre toute sa vie cachée et puis guérit le fils d’un seigneur. Et saint Jean appelle cela le deuxième signe.

 

Mots-clés : Aveugler – Bethléem – ChrétienContradiction – Doctrine – ÉcritureGalilée  – Saint JeanJésus-ChristJuifMiracleMort (voir Mourir)PéchéPeuplePharisienProphétie.