Fragment Commencement n° 6 / 16 – Papier original : RO 63-5
Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Commencement n° 220 p. 77 v° / C2 : p. 104
Éditions savantes : Faugère II, 19 / Brunschvicg 190 / Tourneur p. 226-1 / Le Guern 145 / Lafuma 156 / Sellier 188
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Bibliographie ✍
ARNAULD Antoine, Réponse à la Lettre d’une Personne de Condition touchant les règles de la conduite des Saints Pères dans la composition de leurs ouvrages, pour la défense des vérités combattues ou de l’innocence calomniée, 20 mars 1654. ARNAULD Antoine, Dissertation selon la méthode des géomètres pour la justification de ceux qui emploient en écrivant dans certaines rencontres des termes que le monde estime durs, voir Œuvres, t. XXVII, XX sq. pour la notice, et p. 50 sq. pour le texte. ARNAULD Antoine, Nouvelle défense de la traduction du nouveau testament de Mons, Livre XII, ch. I, Œuvres VII, p. 839 sq. Qu’on n’a blessé ni la charité ni la doucer chrétienne en répondant à M. Mallet en la manière qu’on a cru le devoir faire. Établissement des véritables règles par lesquelles on doit juger si un écrit est ou n’est pas injurieux. DESCOTES Dominique, “Force et violence dans le discours chez Antoine Arnauld”, in Antoine Arnauld. Philosophie de la connaissance, Études réunies par J.-C. Pariente, Vrin, Paris, 1995, p. 33-64. DESCOTES Dominique, “De la XIe Provinciale aux Pensées”, Courrier du Centre International Blaise Pascal, n° 16, 1994, p. 35-38 ; repris in Treize études sur Blaise Pascal, p. 75-83. FERREYROLLES Gérard, “L’ironie dans les Provinciales de Pascal”, Cahiers de l’Association Internationale des Études Françaises, 38, 1986, p. 39-50. FERREYROLLES Gérard, “Éthique et polémique en christianisme : le cas des Provinciales”, in J.-C. Darmon et P. Desan (dir.), Pensée morale et genres littéraires, Paris, P. U. F., 2009, p. 63-80. FERREYROLLES Gérard, “Saint Thomas et Pascal : les règles de la polémique chrétienne”, in Séries et variations. Études littéraires offertes à Sylvain Menant, Paris, PUPS, 2010, p. 687-703. FUMAROLI Marc, L’âge de l’éloquence. Rhétorique et « res literaria » de la Renaissance au seuil de l’époque classique, Genève, Droz, 1980. JOUSLIN Olivier, « Rien ne nous plaît que le combat ». Pascal et le dialogue polémique, Thèse Paris, IV, 2004, 2 vol. MESNARD Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., Paris, SEDES-CDU, 1993. MOREAU Denis, Deux cartésiens. La polémique Arnauld Malebranche, Paris, Vrin, 1999. PASCAL Étienne, Lettre au P. Noël, OC II, éd. J. Mesnard, p. 601. REGUIG-NAYA Delphine, Le corps des idées. Pensées et poétiques du langage dans l’augustinisme de Port-Royal. Arnauld, Nicole, Pascal, Mme de La Fayette, Racine, Paris, Champion, 2007. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, II, t. 1, éd. Leroy, Pléiade, p. 772 sq. Sur le rire chrétien et le rire humain. Voir II, IX, p. 569 sq., l’opinion de Saint-Cyran. SELLIER Philippe, “Imaginaire et rhétorique”, in Essais sur l’imaginaire classique. Pascal, Racine, Précieuses et moralistes, Fénelon, Paris, Champion, 2003, p. 141-156. Voir p. 150, sur l’invective et la menace dans la rhétorique de Pascal. SUSINI Laurent, L’écriture de Pascal. La lumière et le feu. La « vraie éloquence » à l’œuvre dans les Pensées, Paris, Champion, 2008, p. 447 sq. Raillerie dans les Pensées. WENDROCK, Litterae Provinciales, In epistolam undecimam nota prima, De jocis Montaltii, Quam prudenter ab illo delectum sit hoc scribendi genus, éd. de 1658, p. 300 sq. ; traduit dans WENDROCK, Les Provinciales, II, Note I de la onzième lettre, Des railleries de Montalte. Qu’il a choisi sagement ce genre d’écrire, éd. de 1700, p. 186 sq. |
✧ Éclaircissements
Plaindre les athées qui cherchent, car ne sont‑ils pas assez malheureux. Invectiver contre ceux qui en font vanité.
L’analyse de ce fragment est effectuée dans le dossier du fragment Commencement 12 (Laf. 162, Sel. 194), qui traite du même sujet.
L’addition de car ne sont-ils pas assez malheureux témoigne de ce que Pascal appelait la « tendresse » à l’égard d’autrui, selon la deuxième version de la Vie de M. Pascal :
« Il distinguait deux sortes de tendresse, l'une sensible, l'autre raisonnable, avouant que la première était de peu d'utilité dans l'usage du monde. Il disait pourtant que le mérite n'y avait point de part et que les honnêtes gens ne doivent estimer que la tendresse raisonnable, qu'il faisait ainsi consister à prendre part, à tout ce qui arrive à nos amis en toutes les manières que la raison veut que nous y prenions part aux dépens de notre bien, de notre commodité, de notre liberté, et même de notre vie, si c'est un sujet qui le mérite, et qu'il le mérite toujours, s'il s'agit de le servir pour Dieu qui doit être l'unique fin de toute la tendresse des chrétiens.
« Un cœur est dur, disait-il, quand il connaît les intérêts du prochain, et qu'il résiste à l'obligation qui le presse d'y prendre part ; et au contraire un cœur est tendre quand tous les intérêts du prochain entrent en lui facilement, pour ainsi dire par tous les sentiments que la raison veut qu'on ait les uns pour les autres en semblables rencontres ; qui se réjouit quand il faut se réjouir, qui s'afflige quand il faut s'affliger. » Mais il ajoutait que la tendresse ne peut être parfaite que lorsque la raison est éclairée de la foi et qu'elle nous fait agir par les règles de la charité. C'est pourquoi il ne mettait pas beaucoup de différence entre la tendresse et la charité, non plus qu'entre la charité et l'amitié. Il concevait seulement que, comme l'amitié suppose une liaison plus étroite, et cette liaison une application plus particulière, elle fait que l'on résiste moins aux besoins de ses amis, parce qu'ils sont plus tôt connus et que nous en sommes plus facilement persuadés.
Voilà comment il concevait la tendresse, et c'est ce qu'elle faisait en lui sans attachement et amusement, parce que, la charité ne pouvant avoir d'autre fin que Dieu, elle ne pouvait s'attacher qu'à lui, ni s'arrêter non plus à rien qui amuse ; parce qu'elle sait qu'il n'y a point de temps à perdre et que Dieu, qui voit et qui juge tout, nous fera rendre compte de tout ce qui sera dans notre vie, qui ne sera pas un nouveau pas pour avancer dans la voie uniquement permise qui est celle de la perfection. »