Fragment Grandeur n° 8 / 14 – Le papier original est perdu mais une autre trace existe.

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Grandeur n° 153 p. 39 / C2 : p. 60

Éditions savantes : Faugère I, 223, CXLVIII / Havet XXV.15 / Brunschvicg 344 / Le Guern 103 / Lafuma 112 / Sellier 144

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Bibliographie

 

 

ERNST Pol, Approches pascaliennes, Gembloux, Duculot, p. 130.

 

 

Éclaircissements

 

Instinct et raison, marques de deux natures.

 

La première interprétation associe ce fragment à Grandeur 1 (Laf. 105, Sel. 137), sur l’animal qui agit par instinct et non par raison, et Grandeur 3 (Laf. 107, Sel. 139). C’est celle à laquelle se rallie Pol Ernst, Approches pascaliennes, p. 130, qui considère que le mot instinct est ici entendu au sens de la nature animale, qui est purement instinctive.

La deuxième interprétation associe le fragment avec Grandeur 6 (Laf. 110, Sel. 142), et se réfère à la dualité en l’homme de la connaissance par le cœur, qui donne des connaissances immédiates par instinct et sentiment, et de la connaissance par la raison , qui procède par enchaînement progressif de conséquences à partir des principes. Pol Ernst, loc. cit., considère qu’il est « bien évident » que ce n’est pas le sens du fragment.

En d’autres termes, le fragment peut être interprété soit comme l’expression de la distinction entre l’homme qui pense et la « brute » qui agit par instinct, ou comme la constatation qu’il existe deux natures, l’une d’instinct, l’autre rationnelle en l’homme même.

Marques est au pluriel : cela semble impliquer que c’est chacun des termes qui est la marque d’une nature, plutôt que la dualité de ces termes.

La notion d’instinct elle-même peut être dissociée en plusieurs aspects, comme le fait Descartes dans sa lettre au P. Mersenne du 16 octobre 1639 : « Je distingue deux sortes d’instincts : l’un est en nous en tant qu’hommes et est purement intellectuel, c’est la lumière naturelle ou intuitus mentis, auquel seul je tiens qu’on doit se fier ; l’autre est en nous en tant qu’animaux, et est une certaine impulsion de la nature à la conservation de notre corps, à la jouissance des voluptés corporelles, etc., lequel ne doit pas toujours être suivi. »