Pensées - page 149
assez proportionnées à la disposition
de l’esprit de ceux pour qui elles sont
destinées.
Car il faut remarquer qu’on n’adresse
pas ce discours à ceux qui ont
la foi vive dans le cœur, et qui voient
incontinent, que tout ce qui est, n’est
autre chose que l’ouvrage du Dieu
qu’ils adorent. C’est à eux que toute
la nature parle pour son auteur, et
que les Cieux annoncent la gloire de
Dieu. Mais pour ceux en qui cette lumière
est éteinte, et dans lesquels on
a dessein de la faire revivre ; ces personnes
destituées de foi et de charité,
qui ne trouvent que ténèbres et obscurité
dans toute la nature ; il semble
que ce ne soit pas le moyen de les ramener,
que de ne leur donner pour
preuves de ce grand et important sujet
que le cours de la Lune ou des
planètes, ou des raisonnements communs,
et contre lesquels ils se sont
continuellement raidis. L’endurcissement
de leur esprit les a rendus
sourds à cette voix de la nature,
qui a retenti continuellement à
leurs oreilles ; et l’expérience fait
voir, que bien loin qu’on les emporte |