L’édition de Port-Royal de 1678

 

 

 

Pensées - page 244

n’y a point ici de paix. Jésus-Christ

est venu apporter le couteau, et non

pas la paix. Mais néanmoins il faut

avouer, que comme l’Écriture dit, que

la sagesse des hommes n’est que folie

devant Dieu ; aussi on peut dire que

cette guerre, qui paraît dure aux

hommes, est une paix devant Dieu ;

car c’est cette paix que Jésus-Christ

a aussi apportée. Elle ne sera néanmoins

parfaite, que quand le corps

sera détruit ; et c’est ce qui fait souhaiter

la mort, en souffrant néanmoins

de bon cœur la vie, pour l’amour

de celui qui a souffert pour

nous et la vie, et la mort, et qui peut

nous donner plus de biens, que nous

n’en pouvons ni demander, ni imaginer,

comme dit Saint Paul.

33. 1  Il faut tâcher de ne s’affliger

de rien, et de prendre tout ce qui

arrive pour le meilleur. Je crois que

c’est un devoir, et qu’on pèche en ne

le faisant pas. Car enfin, la raison

pour laquelle les péchés sont péchés est

seulement parce qu’ils sont contraires

à la volonté de Dieu. Et ainsi l’essence

du péché, consistant à avoir une volonté

opposée à celle que nous connaissons

 

1 Provient de la IXe lettre à Mlle de Roannez, datée de février 1657.

 

Page de titrePréfaceApprobationsTable des TitresAvertissementPenséesTable des Matières