Pensées - page 30
Que l’on considère les merveilles
de l’Écriture Sainte qui sont infinies,
la grandeur et la sublimité plus qu’humaine
des choses qu’elle contient, et
la simplicité admirable de son style
qui n’a rien d’affecté, rien de recherché,
et qui porte un caractère de vérité
qu’on ne saurait désavouer.
Que l’on considère la personne de
Jésus-Christ en particulier. Quelque
sentiment qu’on ait de lui, on ne
peut pas disconvenir qu’il n’eût un
esprit très grand et très relevé, dont
il avait donné des marques dès son
enfance devant les Docteurs de la
Loi : et cependant au lieu de s’appliquer
à cultiver ces talents par l’étude
et la fréquentation des savants, il
passe trente ans de sa vie dans le travail
des mains, et dans une retraite
entière du monde ; et pendant les
trois années de sa prédication, il appelle
à sa compagnie et choisit pour
ses Apôtres des gens sans science,
sans étude, sans crédit ; et il s’attire
pour ennemis ceux qui passaient pour
les plus savants et les plus sages de
son temps. C’est une étrange conduite
pour un homme qui a dessein d’établir |